Three bad men
1926
De John Ford
Avec : George O'Brien
Oubliez le son Dolby THX surround 242 dB, laissez tomber le HD-DVD 1920x1080 et les images qui pètent qui sont surtout là pour combler la vacuité du scénario et l’inexistence du propos. Replongez vous à la source du cinéma, sans musique, sans parole, avec des images pourries par le temps et l’oubli (et pour ne rien arranger, sur une vieille VHS). Ici vous vous replongez dans l’essence même du western, les grands espaces, si chers à John Ford, les archétypes du jeune premier (joué par George O'Brien que Ford avait déjà engagé deux ans plus tôt pour Le cheval de fer), des trois bandits au cœur d’or et du shérif véreux, et la conquête de l’Ouest, la vraie.
Les moyens sont là également, les chariots sont innombrables, les figurants remplissent la toile et la grande course vers la terre promise (si vous ne voyez pas de quoi je parle, relisez Lucky Luke) est impressionnante et très spectaculaire, les chariots se renversent, les roues cassent, un bébé est oublié au beau milieu des participants qui galopent ventre à terre. Les trois hommes « mauvais » du titre sont tour à tour drôles et attachants, leurs tenues débraillées et dépareillées, leur barbe de trois jour montrent que le fameux « réalisme » à l’italienne n’avait rien de formellement novateur.
La mort des trois « bons » bandits constitue le deuxième morceau de bravoure du film, ils se sacrifient tour à tour pour arrêter le posse du méchant shérif, et déjà John Ford savait qu’un bon western est encore meilleur avec un peu de dynamite (ou quelque chose d’approchant). La femme est centrale, tout tourne autour d’elle, tous les actes des hommes qui gravitent dans son sillage sont commandés par sa seule présence féminine. L’humour, enfin, n’est pas en reste, des deux bandits qui inspectent le jeune dandy terrorisé au jeune premier qui se gourre de nana sans oublier les images incongrues au milieu de la course (un type en vélo, un chariot extrêmement lent). Un excellent film en somme, en plus d’une curiosité.
Le film muet n’est pas à la mode, les conditions pour les découvrir sont souvent misérables, mais j’ai été agréablement surpris. Et oui, il n’est pas facile de trouver le courage pour ENFIN regarder un film muet qui traîne chez vous depuis des lustres. Il y a toujours un truc a priori plus intéressant à regarder qui repousse le visionnement. Mais retrousser ses manches, respirer un bon coup et visionner ce petit chef-d’œuvre, ça vaut vraiment le coup. Le seul bémol tient au nombre d’intertitres. On m’a toujours expliqué qu’un bon film muet a le moins d’intertitres possible. Ford s’en fout, il met autant d’intertitres qu’il juge nécessaire pour comprendre l’action. Certains sont carrément des dialogues, d’autres sont lyriques et déclamatoires, mais notre esprit contemporain déconnecté du muet ne peut que regretter cette profusion de texte qui hache le rythme du film.
Hmm, ça donne envie comme de visionner une caméra de surveillance d'un Carrefour lol.
RépondreSupprimerTain, faut quand même y aller hein, pas de paroles, pas de musique, même Abraham Zapruder a fait mieux question film, avec d'ailleurs des moyens tout aussi pourris, mais bon, le direct, y'a que ça !
;o)