Dieu les créé, moi je les tue
Western italien qui démarre sur un ton de comédie et qui s’en va crescendo dans le sanglant.
Dio li crea…io li ammazzo !
1968
Paolo Bianchini
Avec Dean Reed, Piero Lulli.
Un jeune dandy est embauché très cher par les notables de Wells City pour tirer au clair une histoire de pillage de banque. Le méchant fait partie des notables, et vu sa gueule, on devine tout de suite lequel c’est.
Dean Reed est un grand blond fallot déja vu dans Adios Sabata. Il ressemble assez fortement à Roger Moore avec des airs de Lambert Wilson dedans. Le genre de pied tendre qui se ballade en petite carriole avec bar incorporé, qui demande à ce qu’on lui porte ses bagages dans sa chambre et qui hausse les sourcils quand on le menace. Mais pied tendre il n’est pas : il tire bien et frappe fort. Ce petit western commence assez plaisamment avec cette espèce d’agent très spécial qui s’installe dans la ville, drague les nanas et demande un salaire exorbitant pour ses services. Il se promène nonchalamment et tire bien son épingle du jeu sans coup férir. Le réalisateur semble donc de prime abord prendre la direction d’une comédie western doté au passage d’une petite allusion anti-capitaliste à travers l’opposition radicale entre le peone qui n’a rien et les notables qui ont le pouvoir et l’argent. Suite à une manipulation, notre blondinet se retrouve copieusement tabassé, avec une « belle » emphase sur les coups portés à l’estomac, et jeté en prison, point d’orgue du film qui signale la fin des échanges à fleuret moucheté, et le début du massacre. Bien qu’il reste toujours impeccablement sapé, le blondinet se décide à mettre les mains dans le cambouis et à nettoyer la région au karcher. Et là le film voit soudainement grimper son taux de mortalité, tant notre héros y va franco : il commence par éliminer la clique du shérif, puis il se débarrasse de deux plénipotentiaires sur trois. J’ai été surpris de cette action méthodique du blondinet qui élimine tous les baddies quand il les a sous la main. Pourquoi remettre à demain ce que l’on peut faire le jour même…La cavalcade suivante où le héros décalque à lui tout seul la bande du méchant de service ne se distingue pas par sa vraisemblance. Mais dans la mesure où il y a de la dynamite et une chevauchée circulaire subjective assez intéressante qui montre les rascals tomber les uns après les autres, je ne vois vraiment pas pourquoi on se plaindrait! Pourtant, si jusqu’ici Dieu les crée, moi je les tue ne méritait qu'un intérêt poli par son manque d’audace et d’inventivité, le duel final vaut à lui seul de voir le film pour tous les spaghettophiles avertis. Je ne dévoilerai pas les détails, mais une musique envoûtante couplée avec une belle idée scénaristique induisent soudain une touche tragique inattendue qui donnent à rêver sur ce qu’aurait pu être le film s’il avait été tout entier de ce niveau ! Plus tôt dans le film, une séquence malsaine dans laquelle un bandit est forcé à se tirer lui-même une balle dans le bras sous les rires démoniaques de son patron et d’un nain hilare, donne également une idée sur le talent « potentiel » sous-employé du réalisateur Paolo Bianchini. Ces deux scènes ne suffisent pas à faire de Dieu les crée, moi je les tue un bon film, mais elles me donnent au moins envie de guetter les diffusions ou les sorties en DVD des autres westerns de Bianchini: Avec Django, ça va saigner et Clayton l’implacable ! J’espère bien vous en faire part un jour !
Evidis encore, toujours. C’est pas du 4/3 recadré, donc on est content, la bande son est audible, donc on est content, l’image est correcte donc on est content. La subtilité vient ici des couleurs : tous les personnages ont une teinte grisâtre ! Bizarre ! Pas de menu, et toujours les accroches pour débiles légers sur la jaquette : « Bianchini nous livre ici… un pur western ! ». Oh my god, je croyais que c’était une tranche de jambon !
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