vendredi 25 juillet 2008

Saludos Hombre


1968
Corri uomo corri
Sergio Sollima
Avec: Tomas Milian

Cuchillo (Tomas Milian) un voleur de tortillas est habillé en haillons dépenaillés du matin au soir. Le total délabrement de sa tenue ne l’empêche pas d’y planquer une multitude de couteaux, d’où son surnom. Alors qu’il dort en prison, il va aider Ramirez (José Torres, très bon), un révolutionnaire idéaliste, à s’évader. A partir de là, tout se complique.

Quentin Tarantino, non content d’avoir fait ressurgir Le Grand Duel dans l'esprit du grand public par le seul biais d’une bande son, a également réussi à réhabiliter Saludos Hombre par le seul biais d’une reconnaissance de dette artistique. Avant Tarantino, il était en effet courant d’entendre que Sergio Sollima avait réalisé seulement trois westerns : deux chefs d’œuvre (Le Dernier face à face et Colorado) et un mauvais film (Saludos Hombre). Depuis que Tarantino l’a ouverte, tout le monde se pâme devant Saludos Hombre, même Télérama, c’est dire l’ampleur de l’esprit moutonnier des journalistes culturels.

En ce qui me concerne, j’aurais de toute façon classé ce western parmi les meilleurs westerns spaghetti, que Tarantino l’aime ou pas. Je ne vois pas une différence formelle énorme entre les deux premiers westerns de Sergio Sollima et celui-ci. Les défauts du film, on les retrouve dans Le Dernier Face à Face et dans Colorado. Jean-François Giré se range lui, dans son livre Il était une fois le western Européen dans l’avis pré-Tarantinesque, à savoir que Saludos Hombre est inférieur. Il invoque un soin de réalisation plus léger et cite Sollima déplorant un budget plus riquiqui. Pourtant, la rigueur moindre dans Saludos Hombre je ne la vois pas : c’est bien réalisé, les images sont belles, bien cadrées et recherchées, en particulier les multiples duels (dont un duel plutôt original entre Cuchillo et son couteau et un méchant Français et son revolver) et la séquence nocturne. S’il s’agit de mettre en exergue les habituels petits défauts de rythme, de rupture musicale inappropriée (la musique qui s’arrête trop tôt), les invraisemblances (le moulin), alors tous ces défauts sont aussi présents dans Le Dernier Face à Face et dans tous les westerns spaghetti hors Leone. S’il s’agit de reprocher une intrigue un peu décousue et la multiplication des personnages (Cuchillo, Cassidy, Ramirez, la fiancée de Cuchillo, les deux espions français, la blonde de l’armée du salut, le bandit Reza et le général Santillana, c’est vrai que ça commence à faire beaucoup, sans compter tous les autres personnages secondaires qui meurent au bout de deux minutes), alors on avait la même chose dans Colorado. On pourrait également reprocher au film le personnage de Dolores (Chelo Alonso), la fiancée de Cuchillo, personnage extrêmement pesant et pénible à supporter. Mais ce cas précis relève j’en ai peur d’un dégoût personnel pour ce genre de femmes possessives qu’on a envie de balancer au fond d’un canyon pour partir sans se retourner. Après tout, peut-être que certains aiment !

Non le seul vrai reproche que l’on puisse faire à Saludos Hombre, c’est effectivement un discours politique beaucoup plus effacé que dans ses deux prédécesseurs, d’où l’impression de voir un spectacle finalement assez vain et sans conséquences une fois passé un générique pourtant très explicite. La « révélation » graduelle de Cuchillo qui passe de simple voleur motivé uniquement pour plaire à sa belle à combattant révolutionnaire motivé par la liberté ne s’accompagne d’aucune réflexion de fond sur la révolution elle-même ni sur autre chose. C’est juste ça : Cuchillo, au cours de ses épreuves, va ouvrir son cœur et développer sa réflexion. Message un peu simpliste et vite expédié, si vite expédié qu’au fond on se demande même s’il est bien là.
En fait, ce fameux discours politique se tiendrait plutôt au niveau des petits détails, petits détails dont les aficionados sont friands : Cuchillo qui vole pour se nourrir, Cuchillo qui saisit la moindre occasion pour manger alors que tous les autres protagonistes ne semblent jamais avoir faim, Cuchillo qui fait des courbettes devant les soldats (« moi, non je ne cours pas señor »), Cuchillo qui clame son innocence de façon répétée et ridicule à chaque fois qu’il se fait arrêter, Cuchillo qui cache un papier important entre son pied et la semelle de sa sandale, toute une grammaire de la pauvreté et de l’humilité fort bien observée et plus efficace qu’un pensum théorique. Le héros péon est un pied de nez aux pistoleros impassibles du genre. Cuchillo est vivant, souriant, et il court, il court, il court. Toujours poursuivi, toujours menacé, toujours en lutte pour sa survie, cette vision du laissé pour compte et du moins que rien, parfaitement résumé par le titre italien (cours, homme, cours) est finalement la grande force du film. Car si dans Colorado, le spectateur pouvait encore s’identifier au tireur fin et rapide de Lee Van Cleef, dans Saludos Hombre il n’a plus le choix : le seul référent est ce pouilleux qui se goinfre à chaque fois qu’il le peut et qui passe son temps à fuir et à se mettre en mauvaise posture. Dès lors, tous ceux qui se mettent en travers de sa route, deviennent suspects voire haïssables, y compris la figure de l’aventurier occidental qui sert habituellement de référent dans les westerns zapatta. Certes, le personnage de Cassidy (Donald O’Brien) se révèle au final plus « gentil » qu’il n’en a l’air, mais pendant toute la première partie du film, il n’est qu’une menace de plus pour Cuchillo, et il n’hésite pas à le torturer pour parvenir à ses fins.

On est donc forcés – horror, shock – de s’attacher à une figure issue du tiers monde pendant deux heures de film, à subir le sort des opprimés qui ne se plaignent jamais, sans cesse malmenés mais qui ont toujours le sourire, qui volent trois pesos mais qui ne détourneraient jamais trois millions de dollars destinés au peuple, qui n’ont jamais de chance mais qui s’en sortent toujours par débrouillardise. Tomas Milian est comme d’habitude parfait pour ce rôle, il parvient à rendre charismatique un type en haillons, il parvient à rendre attachant un type qui nous ferait peur dans la rue, il parvient à rendre crédible ce personnage de « petite gens » pourtant au dessus du lot. En face on trouve les aventuriers de tout poil, les politicards véreux et les soldats tout puissants, les notables corrompus et les bandits de grand chemin qui se réclament de la révolution alors qu’ils ne font que s’enrichir (Nello Pazzafini et son imposante stature). Et pour cela Saludos Hombre est un grand film, pas pour tel ou tel discours politique démonstratif et appuyé, mais parce qu’il change de camp et nous offre un antihéros positif, optimiste qui appartient à la classe de ceux qui se prennent toujours tout en pleine gueule mais qui sont toujours debout.


Où voir ce film ?
Vous pouvez acheter ce film chez Seven 7. Je ne l’ai pas fais pour ma part parce qu’ils le vendent avec un bouquin sur le western spaghetti que j’avais déjà acheté avec Le Dernier face à face et que j’avais déjà un enregistrement du film diffusé sur le satellite. Le message de Seven 7 était donc « Cours, pigeon, cours », mais si ce bouquin vous ne l’avez pas, ça peut-être un bon achat.

mardi 22 juillet 2008

By Indian Post

By Indian Post
John Ford (Jack Ford)
1919
Avec Pete Morrison Duke R Lee Mada Lane Hoot Gibson

Depuis que le cap de l’an 2000 est largement passé, les films muets, tremblotants, en noir et blanc ont pris un sacré coup de vieux supplémentaire. Jusqu’au 31 décembre 1999, on avait encore le sentiment de leur être rattaché d’une certaine façon en ligne directe : ces gens là avaient vécu avant nous et avaient façonné le siècle dans lequel on vivait. Aujourd’hui que le 31 décembre 1999 est déjà de l’histoire ancienne, les fantômes qui s’agitent sous nos yeux perdent un peu plus de leur aura.
Surtout que dans le cas présent, ce spectacle de 10 minutes n’a rien de subjuguant pour nos yeux de début du XXI siècle, peu au courant des goûts et des stars de l’époque. Ainsi on pourrait dire que le jeune premier, Pete Morrison, n’a absolument aucun charisme. Point barre. Mais ce serait prendre le risque énorme qu’un exhumeur de stars du muet – style Flingobis – vous rétorque qu’il était une star incontestée du grand écran de l’époque, l’un des plus grands acteurs de tous les temps, quoique légèrement sur le déclin après l’arrivée du parlant. Et le plan d’action pour le contredire serait de se taper toute la filmographie de Tom Mix, toute la filmographie de Harry Carey, toute la filmographie de Bob Steele, toute la filmographie de Yakima Canutt pour petit à petit comprendre ce qui faisait le charme, l’intérêt, la noblesse de ces immenses performers qui nous semblent aujourd’hui bien pâlots sous leur maquillage, sans traits marquants, sans caractère distinctif, et seulement à partir de ce moment là on pourrait commencer à objecter que oui peut-être Pete Morrison avait bien peu d’envergure comme acteur. Mais pour l’instant on est obligé de dire qu’il a bien peu d’envergure comme acteur comme un fan de Lorie dirait que Bob Dylan c’est pas de la balle: sans y connaître rien à rien. Alors voilà, je trouve que ce gars là ne dégage rien, mais ne prenez pas ça comme argent comptant, prenez ça comme un fan de Lorie qui dirait que Bob Dylan c’est pas de la balle, en d’autre terme un avis bien peu autorisé. Maintenant je ne sais plus quel humoriste de Coluche ou Desproges ironisait sur les « milieux autorisés », ce qui fait que l’assertion « Pete Morrison a peu de charisme » venant de moi, tout comme celle « Bob Dylan c’est pas de la balle» venant d’un fan de Lorie vaudra ce qu’elle vaudra à vos yeux.
Je pourrais sur le même principe tout aussi bien vous dire « C’est un film de John Ford mais on ne reconnaît en rien que c’est un film de John Ford » au risque qu’un autorisé déterreur de poussières Fordienne me rabaisse aussi sec. Il faut dire que je suis déjà très loin d’avoir vu tous les films parlants de John Ford, alors les muets… Mais pour ce By Indian post aussi connue sous le titre The Love Letter, on a un scénario minimaliste de comédie amoureuse sans que l’on ne sache bien quel est le but affiché. Sans doute faire rire, mais alors rire de quoi ? Le héros se prend un coup de pied au derrière, ce qui ne l’aide d’ailleurs pas à prendre grâce à nos yeux. Les deux tourtereaux sont mariés du haut d’un balcon et leurs poursuivants se prennent une fenêtre guillotine sur la gueule. Les scènes d’actions débridées de l’époque : niet. L’humanisme et l’humour habituel de Ford : en très vague avant-goût. Le seul truc qui a interpellé mes yeux d’amateurs de western contemporain : le long cache poussière porté par un gringalet. Le but de la scène est sans conteste d’ordre comique, le vêtement ne lui allant manifestement pas. Et se rendre compte que John Ford ridiculise avec 40 ans d’avance Sergio Leone qui comme chacun sait a piqué intelligemment ce concept vestimentaire au maître dans Il était une fois dans l’Ouest, ça n’a pas de prix. Et pour voir ce petit bout de péloche, pas besoin de sortir votre MasterCard, il est là ci-dessous, déjà repéré il y a un certain temps par Inisfree :



dimanche 20 juillet 2008

Le Grand Duel


Il Grande Duello
1972
Giancarlo Santi
Avec Lee Van Cleef, Horst Frank

Y’a un bandit planqué avec une meuf dans un genre de grange. Disséminés et cachés un peu partout dans les alentours, des chasseurs de primes attendent le bon moment pour gagner 3000 dollars. La diligence qui doit passer par là doit attendre que le carnage ait eu lieu. Parmi les passagers exaspérés, Lee Van Cleef au calme toujours olympien. Le grand problème avec ce grand duel, c’est que le bandit en question, joué par Peter O’Brien, a vraiment trop un air de Barry Gibb avec cette pilosité ondulante et ce pantalon taille haute qui sont bien loin du style XIXe siècle. Bon, c’est sûrement l’époque qui veut ça, mais là, c’est un poil too much. La recherche de crédibilité historique n’est jamais au centre des préoccupations des amateurs de western spaghetti, mais on a quand même du mal à adhérer pleinement à une intrigue quand à tout moment, on s’attend à voir notre jeune outlaw chanter en falsetto sur un air disco, même si en 1972 on en n'était pas encore là.

Cependant la grande qualité de ce grand Duel, c’est que cette entorse capillaire et vestimentaire au style western est le seul défaut du film ! Absolument rien à reprocher au reste : musique, intrigue, trognes, budget, qualité de réalisation, tout est top moumoutte. Le film est réalisé par Giancarlo Santi, qui fut assistant de Petroni et de Leone, un gars qui a donc déjà de bonnes cartes de visite. Les amateurs seront même ravis de découvrir de nouveaux décors, le film n’ayant a priori pas été tourné à Almeria pour une fois. Et vous pourrez même le regarder avec votre grand-mère puisque la violence y est bon enfant : pas de délires vicelards sauce spaghetti ici (mais un petit massacre à la mitrailleuse tout de même), juste une bonne intrigue type vengeance/polar avec un Lee Van Cleef impérial (et sapé correctement). Du spaghetti soft donc, mais du spaghetti quand même. On y retrouve les chasseurs de prime déjantés de la Horde Sauvage, vilains, mesquins et presque difformes. On y retrouve la ville sous la coupe d’un odieux trio de frangins dont l’un est bien sûr un homosexuel refoulé psychopathe. Cela tombe sous le sens. Ces trois frangins sont joués par Horst Frank méchant et ambitieux, Marc Mazza méchant mais surtout motivé par sa quête de la vérité, et bien sûr Klaus Grunberg au visage pustulé, méchant et homo, tout de blanc vêtu, qui caresse son foulard de soie comme un doudou d’attardé et qui utilise son revolver toujours de façon dégoutée et curieuse. C’est fin, c’est subtil, c’est raffiné, c'est politiquement correct à donf, bref c’est spaghetti comme on aime.
Et ce qui tombe sous le sens aussi, c’est la prestation de Lee Van Cleef, inquiétant et aquilin comme toujours, très fin tireur comme toujours, rusé comme toujours, jouant au chat et à la souris avec notre jeune outlaw disco comme toujours. On s’attend presque à ce qu’il dise « Mon garçon, c’est grâce à un joujou comme celui-ci que je suis arrivé jusqu’à l’âge que j’ai en faisant le métier que je fais » D’ailleurs il dit un truc du genre. Petit à petit, on comprend pourquoi il est un shérif déchu qui n’a plus le droit de porter l’étoile. Petit à petit on comprend pourquoi il veut protéger le jeune outlaw disco. Le scénario n’accumule pas d’invraisemblances scénaristiques à faire fuir les gens normalement constitués : le quota normal de morts est atteint, mais sans que chaque mort soit traitée comme un simple motif esthétique : la recherche de la vérité et la justice ont ici un sens : chaque cadavre engendre des conséquences. On découvre finalement qui est le meurtrier à la suite de nombreux flashbacks en noir et blanc, et cette révélation est un poil inattendue, bien que pas indécouvrable pour les amateurs chevronnés de 6e Sens. Le tout dans une superbe musique de Bakalov (reprise dans Kill Bill comme tout un chacun sait maintenant) qui rappelle un Morricone en grande forme. Le film est plaisant, pas prise de tête, ni noir ni pessimiste, bref, le film parfait pour un dimanche soir, et c’est vraiment agréable de voir qu’en 1972, le genre avait encore suffisamment de sérieux pour offrir un spectacle populaire et soigné comme celui-ci.

Où le voir :Ne téléchargez pas ce film chez vous, c'est illégal. Téléchargez-le chez vos amis. Ou attendez qu’un éditeur français vous le sorte en DVD en 2025.

dimanche 13 juillet 2008

Les vengeurs de l’Ave Maria

1970
I Vendicatori dell'Ave Maria
Bitto Albertini
Avec : Tony Kendall

Les vengeurs de l’Ave Maria est un western spaghetti édité par Evidis avec la jaquette ci-dessous :


(meilleur visuel à venir un jour)

On y voit un pistolero ténébreux avec un chapeau difforme, une winchester et un flingue à la main. Engoncé dans une vareuse douteuse type barbour australien et bardé de cartouchières dans tous les sens, on présume rapidement d’un western bâtard aux contours historico-géographiques très flous, mais riche d’action esthétiquement décérébrée. Le problème, c’est qu’en vrai dans le film, les héros ressemblent à ça :









Un blondinet dans une éclatante chemise rouge, un autre en chemise bleue et un autre en chemise jaune pétant. Evidemment, le choc est plutôt rude. Evidis exploite donc à fond le filon de l’arnaque commerciale, à moins que ce soit un je-m’en-foutisme poussé à la limite du criminel.

En effet, quelle déception pour l’amateur de noirceur vomitive italienne de découvrir un western fadasse ancré dans le petit monde des saltimbanques chatoyants mais sans le sou. Le pire, c’est que ça rendrait encore plus mauvais à nos yeux un film qui ne demandait qu’à être traité comme une production fauchée mais honnête. Car cela semble être le leitmotiv du film : on est fauché, mais on s’amuse, et la bonne humeur est censée faire passer les décors matériels réduits au strict minimum, les décors naturels qui évoquent tout sauf l’Arizona, la musique réutilisée d’un autre film et le scénario convenu. Acrobaties, déguisements, bagarres, humour lourd, sadisme minimal, le film ratisse large, récupère les ingrédients de partout (à commencer par le titre, pompé sur un western de Colizzi et le thème des saltimbanques pompé sur un autre western de Colizzi), mélange, malaxe le tout et nous revomit un produit consensuel, sans saveur réelle, mais qui a suffisamment de métier, de sérieux et de compétence pour être agréable à regarder.

Les trois héros bondissants du cirque sont fades et sans charisme, mais ils savent tout de même emballer une scène d’action avec succès. Le père des trois gus (Spartaco Conversi) fait ce qu’il peut pour être de bonne humeur tout le temps et filer le coup de poing quand il le faut (physiquement, il fait un peu penser à Belmondo). La fille du Shérif est très jolie et tout se termine bien avec le nombre de morts réglementaire. Alors que demande le peuple ? Un peu plus de sérieux de la part d’Evidis ? Au vu de l’accroche stupidissime qu’ils ont mis sur leur jaquette (« Sans pitié, juste pour… la vengeance. »), ça n’a pas l’air d’être le genre de truc que le peuple peut espérer un jour… Car finalement, ce que l’on retiendra de ce film, c’est plus l’énorme fossé entre la boite du DVD (pour enfoncer le clou, notons que les photos à l’arrière ne correspondent pas au film) et son contenu que le film lui-même.

Spartaco Conversi

jeudi 10 juillet 2008

Le dernier jour de la colère



I giorni dell’ira
Tonino Valerii
1968
Avec Giuliano Gemma, Lee Van Cleef

Le dernier jour de la colère est un western grinçant. Un western beaucoup plus dur que ne le laisserait de prime abord présager son équation première, Tonino Valerii + Giuliano Gemma = western virevoltant et bien troussé. Certes Giuliano nous fait un petit grimpé de poutre athlétique, mais il le fait seul, détesté de tous, avec son pantalon trop court et son Colt en bois pour seul rêve d’un avenir meilleur. Certes, Tonino Valerii nous offre un duel rigolo à base de vieilles pétoires qui pourrait présager la légèreté de ton de son futur Mon nom est Personne, mais l’intermède est bien court au milieu des grincements ambiants.
Car oui, passé le plaisir de regarder un western spaghetti correctement réalisé, avec des acteurs corrects et un budget correct, on constate que ça grince, ça déchante, ça désenchante, ça crépusculise ! Les brimades et le mépris dont souffre Scott Merry (Giuliano Gemma) au début du film sont lourdement appuyés, trop lourdement appuyés même, sauf pour nous autres aficionados du genre pour qui rien n’est jamais trop appuyé. Gemma, on l’a déjà dit, est plus à l’aise dans les rôles joyeux, mais malgré tout, ses yeux de chien battu et sa bouche tuméfiée restent gravés dans la mémoire. Et la ville de Clifton respire la pourriture même, tranquille en apparence, aucun coup de feu n’a été entendu depuis des années et le Shérif a perdu son revolver sans que cela ne l’inquiète le moins du monde. Mais Tonino Valerii montre que la violence peut prendre plusieurs formes, des vexations et injures récurrentes aux faibles (le bâtard, le borgne) à la corruption la plus totale. Le temps des fusillades est passé, mais la violence a changé de camp, ce sont désormais les petits notables qui sont les plus ignobles.
Arrive Talby (Lee Van Cleef, égal à lui-même, avec son faux sourire aux yeux plissés et coins qui retombent pendant qu’il mordille sa pipe), un pistolero survivant de l’époque des fusillades, bien décidé à s’installer d’une manière ou d’une autre. Talby va mettre un coup de pied dans la fourmilière en prenant la défense de Scott et entraînera la fuite de celui-ci. S’ensuit une relation père/fils, maître élève qui n’en est pas une, à base de « leçons » qui tiennent en une phrase, du style « quand tu tires sur un homme, achève le, sinon un jour, c’est lui qui te tuera » un poil trop naïves pour être totalement crédibles. On n’oublie pas alors que le western spaghetti est un genre populaire vieux de quarante ans, dont le premier degré sans faille peut faire sourire aujourd’hui alors qu’il offrait à ces films un succès phénoménal à l’époque. L’intéressant n’est pas alors cette pseudo-initiation, mais l’évolution des deux personnages, Talby révélant alors son ignominie (il est en fait pire que les notables qu’il persécute) et Scott oscillant d’abord vers le pouvoir grisant de son habileté aux armes et le désir de vengeance, pour retourner finalement vers plus de mesure et de justice. Le film ou Giuliano Gemma jouera un salaud n’est pas celui-là ! Néanmoins, c’est ce que l’on croit pendant un bout de temps, jusqu’à ce que le bon fond du personnage mentionné en début de film prenne le dessus.
A nouveau, la fin qui ressasse une à une les leçons précédemment citées sent fortement la recette scénaristique enfantine qui ne ferait plus recette aujourd’hui. Mais ça n’empêche pas ce film de grincer méchamment, par son scénario, par ses personnages et jusque dans sa musique de Ortonali, faussement enjouée et qui délivre de fréquents coups de cuivres assourdissants et brutaux. La ville corrompue, thème cher au genre, la fascination pour les armes (le revolver du Doc Holliday, les leçons de Murph), les décors proprets qui cachent mal la saleté des âmes, la saturation du soleil d’Almeria et ces trognes, toujours ces trognes, Al Muloch qui vient boire un coup et tabasser Giuliano Gemma avant de se faire descendre, le banquier et le juge, petits notables haïssables par leur couardise et leur cupidité, Benito Stefanelli qui vient faire une balade à cheval et puis s’en va, et la dernière « leçon » : « quand on commence à tuer, on ne peut plus s’arrêter » qui préfigure les excès de bodycount et la surenchère du genre, tous ces motifs incontournables sont en outre agrémentés de détails stylistiques savoureux comme ces tonneaux alignés que Talby ouvre les uns après les autres avant de mettre le feu, la lance à incendie des pompiers dont le fonctionnement est filmé en détail ou encore ce cheval qui mange dans un fourreau ou la recherche visuelle des décors du nouveau saloon, Tonino Valerii ne fait pas les choses à moitié, même si sa mise en scène n’atteint pas le niveau de Mon nom est Personne.
Car bien sûr il y a des défauts, des trucs pas raccords, des maladresses qui font tâche. Et je n’en citerais qu’une : lorsque Talby se fait traîner par les trois malfrats à cheval autour de l’arène, outre le fait que la planche sur laquelle il repose est un peu trop évidente, je regrette amèrement que la musique qui s’élève alors ne prenne pas toute sa place. Les trompettes s’envolent pour retomber aussitôt afin de laisser l’un des bandits formuler une ânerie inutile, puis le thème reprend son souffle comme sur une radio amateur ou l’animateur monte et descend le son en fonction de ce qu’il a à dire. Leone n’aurait jamais fait un truc pareil, il aurait sabré les commentaires des truands pour laisser toute sa place à la musique, et c’est ce genre de détails anodins qui s’ils avaient été évités, auraient pu hisser de nombreux westerns spaghetti au niveau des films de Sergio Leone.


Où le voir : L’excellent DVD Seven 7 bien sûr. Je vous conseille fortement de le regarder en version italienne. En effet, si vous le regardez en VF, toutes les scènes coupées à l’époque (et il y en a de nombreuses, au point que le film ne devait pas ressembler à grand-chose) resteront en italien sous titré. Vous avez donc une alternance forcée entre le français et l’italien. Mais ce n’est pas ça le plus gênant, à cause des scènes coupées, on observe des disparités entre la VF – qui a du être subtilement modifiée pour s’accommoder des scènes coupées – et la version italienne. Ainsi la référence à la leçon « Ne refuse jamais un défi » n’apparaît plus en VF lorsque Scott défie Talby de sortir du Saloon. A voir donc en italien, pour être au plus près de l’œuvre d’origine.

jeudi 3 juillet 2008

Tuco dans Batman

Eli Wallach a joué Mr. Freeze dans la saison 2 de la série Batman.
C'est pas dingue ça ?

Allez, encore un article bidon, mais je ne résiste pas:





mercredi 2 juillet 2008

Plagiat connu

L'image est connue des fans de Blueberry. L'inspiration de la couverture de L'homme à l'étoile d'Argent a été révélée il y a bien longtemps déjà par feu Les Cahiers de la BD.

Aujourd'hui sur le web, on retrouve l'info tout de suite, même 40 ans plus tard. Dessinateurs, faites attention à vos sources, elles peuvent vous poursuivre longtemps!







On remarque tout de même que Giraud a pris soin de changer le revolver et de mettre un modèle au look un peu plus 1860 (l'histoire se passant en 1869) que le peacemaker de la photo. Si quelqu'un peut identifier à quel film se réfère Un pistolet à la main et qui est l'acteur, qu'il n'hésite pas!

(photo du Star-Cine bravoure volée ici)