lundi 25 août 2008

[HW] - The Dark Knight

On peut lire un peu partout que The Dark Knight c'est super!
Ce n'est pas faux.


mercredi 6 août 2008

L’Arrière-Train sifflera trois fois


L’Arrière-Train sifflera trois fois
1974
Jean-Marie Pallardy
Avec : Jean-Marie Pallardy, Willeke Van Ammelrooy

Alors que ce blog en était à son commencement (à l’époque, sur dvdrama), le forumeur L. me reprocha d’une part un manque de rigueur et de recherches sur mes écrits, et d’autre part, de mettre indirectement sur le même piédestal des films mythiques qui furent des succès commerciaux colossaux à l’époque et des mauvais films sur lesquels je n’aurais même pas du prendre la peine de m’attarder. Deux ans plus tard, je fais encore moins de recherches sur l’historicité des films que je commente, et je vous présente ici un western porno à quelques jours d’intervalle avec des films cultes comme Saludos Hombre et El Mercenario. Et finalement, quelque part, ça m’amuse profondément. Mais ce n’est pas juste pour la juxtaposition drolatique des films au sein de ce blog que j’ai voulu voir ce film.
Alors pourquoi ce film ? Pas non plus pour réitérer la blague potache de la fausse critique de Rocco et les Sex Mercenaires. Pas non plus parce qu’il constitue dans le cadre de ce blog un prétexte habile pour se mater un porno avec « une bonne raison » – comme si il fallait forcément mater un porno avec mauvaise conscience, et pas non plus pour booster la fréquentation du blog avec des titres très recherchés : après deux ans de blog, la course à l’audience est vraiment quelque chose qui m’indiffère, et d’ailleurs, la course avec qui ? (A noter à ce propos que j’ai été étonné – une fois de plus – par le nombre de personne qui détiennent ce vieux porno (qui aurait dû être oublié de tous) sur leur disque dur, comparé au nombre de personnes qui détiennent par exemple Le Grand Duel, un western a priori aussi oublié de tous mais que je pensais naïvement être plus recherché que ça. Internet reste et restera le média du sexe, c’est triste, mais n’importe quel porno « oublié » est plus recherché que les bons westerns de Lee Van Cleef).


La raison est que je suis tombé sur le blog de Clifford Brown et que j’ai lu l’interview du réalisateur Jean-Marie Pallardy. Celui-ci parle de ses films comme de vrais films, avec sérieux comme il était hypocritement courant à l’époque. Il prétend également être un fan de westerns et indique que son premier court métrage était un western. Sur ses deux westerns pornos, L’arrière train sifflera trois fois et Règlements de femmes à O.Q. Corral, il dit que le premier est une grivoiserie rabelaisienne et que le deuxième est beaucoup plus sérieux, beaucoup plus dur. Oubliant le premier, j’ai eu envie de voir le second, j’ai eu envie de vérifier si le réalisateur y avait mis du sien pour créer une véritable ambiance western un peu dramatique, avec peut-être de vraies idées de mise en scène et de scénario liées au contexte sexuel du film. J’ai donc émulé le film (le premier accent est de trop) et je suis tombé sur une version italienne intitulée Porno West de ce qui semble plutôt être L’arrière train sifflera trois fois. Notons que j’ai mis du temps à m’en rendre compte, et qu’en plus je n’en suis même pas sûr, le titre Porno West étant pourtant répertorié comme un titre alternatif de Règlements de femmes à OK Corral. Mais le thème général semble bien être celui du premier western de Pallardy. Tant pis, au fond, ça n’a pas grande importance.


Alors quand le film commence, on craint le pire : les cowboys en jeans avec ourlets retournés vers le haut qui jouent de la guitare au pied d’une vieille mine manquent totalement de crédibilité. Toute la suite est du même tonneau, certains décors sonnent faux, les chutes de cheval (mais oui, il y a de vraies scènes western !) manquent de professionnalisme, pourtant on sent bien que l’équipe a fait le maximum pour recréer une ville western du mieux qu’ils pouvaient : on a tout de même un saloon assez imposant, des rues qui ne sentent pas trop le village de Provence, une diligence et une utilisation assez correcte des décors du Sud de la France et de l’Italie (dixit Giré) et des références plus où moins nombreuses à l’ouest vu par la lorgnette de Lucky Luke.


Au rayon scènes de sexe, c’est du soft basique à peine plus osé que feu les téléfilms de M6. On ne voit pas grand-chose d’autre que les fesses du monsieur entre les jambes de la dame, et au moins à l’époque les femmes ressemblaient-elles encore à de vraies femmes (pas rasées, pas huilées etc) et les scènes de sexe pouvaient encore prétendre s’appeler scènes d’amour et non pas scène de domination macho-crado-sodo-humilio-piétino-pécho-violento-fisto-dégueulasse (ça veut dire quoi dégueulasse, ça veut dire ça). Au rayon un peu craspec quand même, on a le viol d’une femme de race blanche par trois indiens de race blanche aussi et totalement ridicules. Le fait que l’acte soit (mal) simulé achève l’ensemble !


Le coté rabelaisien du bidule se limite à tourner en ridicule des cowboys en mal de sexe et voyeurs qui deviennent dingues à chaque fois qu’ils voient une nana et se chamaillent en masse pour mieux mater les ébats en cours. Bref, ce n’est pas vraiment drôle, et invoquer Rabelais là-dessus n’achèvera pas Rabelais qui est déjà mort le pauvre mais couvrira le réalisateur de ridicule à coup sûr. Voilà donc, comme le dit Giré, une incontestable curiosité, sans autre intérêt qu’un regard historique (un porno des débuts par un gars qui clairement aurait préféré faire du western) et qui reste par son budget et sa modeste ambition nettement supérieur aux Ravageurs de l’Ouest, comme quoi, il ne faut douter de rien. Ah oui, et l’arrière-train siffle bien à la fin, signe que j’ai bien vu le mauvais film. Je pourrais me mettre en chasse pour trouver finalement le vrai Règlements de femmes à O.Q. Corral qui selon les dires de son auteur est plus proche d’un vrai western (avec des morts), mais ça attendra bien quelques années encore. D’ailleurs, ils sont censés sortir en DVD prochainement, mais pour ma part, j’attendrais au moins un coffret Blu-Ray Collector Ultimate. Il faut ce qu’il faut, si nous sommes exigeants pour ce film là, on aura peut-être un début d’effort des éditeurs pour nous sortir des westerns restaurés :-)

mardi 5 août 2008

La VF des Cruels

Il est sorti, il est tout neuf, le DVD Studio Canal des Cruels de Sergio Corbucci. Le film a toujours été inédit en France, de sorte que la VF de ce film est très récente. Et c’est curieux, parce que ça ne colle pas. Tout comme la VF récente des scènes coupées du Bon la brute et le truand ne colle pas. La façon de parler des années 2000 s’entend et détonne comme un coup de feu dans la sierra Nevada. Dans le cas du Bon la brute et le truand, ça peut se comprendre, on passe brutalement de la façon de parler des années 60 à la façon de parler des années 2000. La rupture de ton est criante et gênante. Mais dans le cas des Cruels, c’est plus problématique. Pourquoi cela nous choque-t-il alors que cela ne nous choque pas quand on entend la VF d’un western récent comme l’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou Open Range ? De même, les VF des westerns des années 90 (Tombstone, Wild Bill) ont leur timbre propre qui se reconnaît instantanément. Et ce n’est sûrement pas une histoire de doublage : évidemment même en VO, un western des années 60 ne « sonne » pas comme un western des années 90, et il est clair que la sonorité des années 50 ou 60 n’est pas plus proche historiquement de la façon de parler de la fin du XIXe siècle. Alors pourquoi bougre diable fichtre crotte sommes nous gênés d’entendre une VF récente sur ce film ? Avons-nous vu tant de films des années 60 que nous établissons inconsciemment un lien direct entre l'aspect de l’image et la sonorité des dialogues ? Notre cerveau est-il à ce point formaté ? Sans doute que non, car après quelques minutes d’accoutumance, les neurones ne font plus attention à la chose, d’autant que cette VF reste malgré tout de qualité, les acteurs de doublage ne parlent quand même pas comme ils parleraient dans la rue, et la traduction respecte assez bien le style des westerns de l’époque. Pas d’hésitation, donc, jetez vous sur ce bon petit Corbucci méconnu qui vaut le détour !

Adios Gringo



Adios Gringo
Giorgio Stegani
1965
Avec : Giuliano Gemma

Giuliano Gemma est dans les ennuis jusqu’au cou, comme dans Wanted, et comme dans Le Dollar Troué. Heureusement il est bon et rapide, comme dans Wanted, et comme dans Le Dollar Troué.

Giuliano Gemma n’est pas à proprement parler un très grand acteur. Il a une belle gueule d’ange et un sourire éclatant mais son jeu d’acteur n’a rien d’époustouflant malgré son immense notoriété et ses fans à travers le monde. Mais Gemma est également un athlète capable entre autre de sauter sur un cheval sans utiliser les étriers et de se remettre debout d’un coup de reins sans utiliser ses bras. Vous me direz que ça ne fait pas de lui un bon acteur, mais pour avoir essayé de faire le même truc sur ma pelouse cette après-midi, je peux vous assurer que ça demande un entraînement ad-hoc. Essayez un peu pour voir, faites des étirements préalables, échauffez vos muscles, allongez-vous sur une surface plutôt molle, lancez vos jambes en arrière et essayez de vous relever d’un coup sec. Après deux ou trois échecs, vous serez forcés de l’admettre : Giuliano Gemma est un grand acteur ! Dans Adios Gringo, il nous fait ça en plus les mains liées. Ça force l’admiration.
Vous êtes en train de vous dire que je n’ai pas grand-chose à raconter sur ce petit western pour enfants, et vous avez raison. Il est très similaire à Wanted et au Dollar Troué, mêmes intrigues à base de quiproquos, de héros pris au piège d’une machination, même suspense sans réel enjeu tant il est clair que le héros en ressortira vainqueur et blanchi. L’intrigue est bien menée, la mise en scène fluide, l’interprétation sans faille. On retombe en enfance et on se prend au jeu de la candeur de l’ensemble. C’est tout simple, si vous avez adoré Wanted et le Dollar troué, vous aimerez aussi Adios Gringo. Et en plus il y a comme toujours Nello Pazzafini, et une belle fusillade finale dans les rochers, alors…

Où le voir : acheter le DVD Studio Canal. VF only, pas de bonus, image non restaurée mais correcte et au format. Tout comme Seven 7 qui ne présente plus de version italienne, Studio Canal fait beaucoup moins bien que sur Le Grand Silence. Evidis avec sa politique de DVD à bas prix a malheureusement tiré la qualité vers le bas. Les éditeurs se contentent désormais de graver les masters sur un disque, de nous prévenir qu’on risque 300 000 euros d’amende si on télécharge, et basta, circulez, y’a rien d’autre à voir !

dimanche 3 août 2008

El Mercenario



Il Mercenario
1968
Sergio Corbucci
Avec : Franco Nero, Tony Musante, Eduardo Fajardo, Jack Palance

La révolution gronde au Mexique. Le pauvre péon Paco Roman (Tony Musante) fait bouffer du lézard aux riches (Eduardo Fajardo) avant de leur faire manger les pissenlits par la racine. Mais au Mexique espagnol, des pissenlits y’en a pas ! Alors on importe des plombiers polonais (Franco Nero) – qui préfèrent faire bouffer leurs dés aux tricheurs – pour les aider à mitrailler l’armée Mexicaine avec classe ! Tout ça sous de beaux paysages.

A force de re-visions (Saludos Hombre, Le dernier jour de la colère, les Ringo) et de visions de films moyens voire très moyens (Amigo mon colt a deux mots à te dire, Les vengeurs de l’Ave Maria), on en a fini par oublier ce que nous avons ressenti il y a plus de vingt ans en découvrant Sergio Leone : l’excitation, la jubilation, l’émotion, les frissons. Avec El Mercenario, on y est enfin ! Je ne vais pas forcer l’enthousiasme et tenter de vous faire croire que Sergio Corbucci atteint là la perfection Leoniene, mais vraiment, en terme de qualité, on n’en est pas loin.


Excitation, par exemple avec ce flash forward initial dans une arène, symbole parfait de la latinité du western spaghetti et de son absence totale de remord à détourner les codes du genre : un western qui commence dans une arène ne peut pas être totalement mauvais.

Jubilation par exemple devant un lot plutôt plus élevé que la moyenne de mitraillages de l’armée Mexicaine, malgré les canons, les voitures et les avions : un film qui met tant d’entrain à démolir une armée de dictature ne peut pas être complètement mauvais.

Emotion par exemple lors de cette séquence rythmée par les sifflements et les schtouings de guitare de Ennio Morricone où, le mercenaire Franco Nero fait appliquer son odieux contrat à la lettre, tandis que le bouclé Jack Palance chevauche on ne sait où et se signe en passant devant une statue du Christ. Un film qui met de l’application dans les petits détails ne peut pas être complètement mauvais.

Frissons par exemple lorsque Franco Nero arrive dans une mine remplie de pendus. Frisson de la mort, frisson de l’exagération, frisson de l’esthétisme outrancier. Le western spaghetti, c’est ça, c’est un frisson de plaisir morbide, et même si ça peut faire grincer des dents les gens bien équilibrés, ça fait vraiment du bien d’assouvir un frisson de plaisir morbide en regardant un western spaghetti bien monté et bien réalisé. Et c’est tout ce qu’on veut : des morts, un peu de cynisme, un brin d’ironie, un poil d’humour, une petite musique entêtante. Alors d’accord, on trouvera tout ça dans tous les westerns spaghetti, mais c’est le dosage qui fait tout. Et dans El Mercenario, le dosage est parfait, les bonnes idées ne sont pas gâchées par des détails foireux, l’humour n’est pas gâché par un cabotinage délirant, l’excès de mortalité ne transforme pas la violence en jeu sans enjeu, le discours politique n’est pas un vernis sans intérêt.

Et pour mieux comprendre l’importance subtile de cette histoire de dosage, il suffit de comparer El Mercenario à son illustre successeur : Compañeros, du même Sergio Corbucci. L’histoire est la même : un péon un peu benêt devient un révolutionnaire aguerri grâce à la rencontre d’un Européen bien sapé expert en armes. Même discours politique de gauche de derrière les fagots, même réputation flatteuse, le premier est pourtant bien supérieur au deuxième ! Et tout cela pour une simple petite histoire de dosage qui suffit parfois à faire passer un film du coté obscur de la farce. Prenons déjà le costume de Franco Nero : dans El Mercenario, c’est la classe ultime : un long cache poussière agrémenté d’un chapeau style soldat américain de la première guerre mondiale (c’est ce que ça m’évoque, je ne prétends pas qu’il s’agisse vraiment d’un chapeau de soldat américain de la première guerre mondiale). Ça reste crédible, tout en étant élégant et adapté à la situation climatique. La sape du Pingouin dans Compañeros est beaucoup plus nette, clean, et son surnom témoigne bien de l’inadaptation du costume aux lieux : on est passé du coté de la farce. Ensuite, il y a le personnage joué par Jack Palance : dans El Mercenario, Jack Palance est le Bouclé, un être réellement vicelard et inquiétant qui se signe à chaque fois qu’il descend ou fait descendre quelqu’un. Dans Compañeros, ses tics sont exagérés, son faucon et le délire visuel de ses hommes de main (le combiné téléphonique) font définitivement passer le méchant du coté de la farce. Dans El Mercenario, le discours politique est représenté par le personnage de Colomba (Giovanna Ralli), femme forte idéaliste pas dupe pour un sou des actions de brigandage des deux lascars mitrailleurs. Les harangues répétées de Colomba font éclore petit à petit la conscience révolutionnaire de Tony Musante, révélée avec brio lors de la séquence des procès. Dans Compañeros, les révolutionnaires sont des non-violents utopistes vaguement ridicules, dont on prête à peine attention au discours, parce qu’on est passé du coté de la farce. Enfin, dans El Mercenario, Tony Musante apporte candeur, naïveté et crédibilité à son personnage. Dans Compañeros, Tomas Milian fait son show habituel, tics, grimaces, cabotinage, et on peut dire qu’il y est parfait, mais qu’il fait définitivement basculer le film du coté de la farce. El Mercenario évite le gavage de farce et se permet ainsi d’offrir au spectateur un subtil équilibre entre morbidité, violence, politique et émotion. Compañeros déséquilibre les ingrédients au profit de la farce libertaire. Et quand on sait que Compañeros est malgré tout un très bon film, la conséquence logique est évidente : fans de westerns spaghetti, courrez tout de suite voir El Mercenario, parce qu’il fait vraiment partie de ce qui s’est fait de mieux après les Sergio Leone !

Une fois de plus, le péon gagne, le pouilleux ridicule dans ses guenilles montre à l’occidental revenu de tout qui est le plus humain et qui est le plus sincère. La faim, la mort, la violence font partie intégrante de cet univers de divertissement populaire qui n’oublie jamais de caresser son public dans le sens du poil, et c’est tant mieux. Si Il était une fois la révolution reste à mes yeux le meilleur western Zapatta, il est clair que l’existence de cet illustre prédécesseur qu’est El Mercenario (sans oublier le non moins illustre El Chuncho) dans lequel on retrouve quasiment tous les thèmes et toutes les idées du film de Leone fait redescendre celui-ci d’un bon cran dans l’estime que je peux lui porter, tant il semble à présent que Leone se soit contenté de faire un remake des westerns Zapatta existants avec son savoir faire habituel. Rendons à César ce qui appartient à César: El Mercenario est un film à ne pas manquer!




Où le voir: Alors Wild Side nous avait promis un DVD, mais il semblerait qu'ils s'y soient cassé les griffes. Résultat, j'ai fini par me rabattre sur un enregistrement de la TV numérique de qualité plutôt correcte, mais manquant singulièrement de couleurs.