dimanche 29 juin 2008

Le retour de Ringo

1965
Duccio Tessari
Avec : Giuliano Gemma, Fernando Sancho



On prend les mêmes et on ne recommence pas. Sorti à quelques mois d’intervalle d’Un pistolet pour Ringo, Le retour de Ringo n’en est pas la suite, malgré le titre, le casting identique, du réalisateur au compositeur en passant par l’ensemble des acteurs. Il semblerait que le réalisateur ait décidé d’utiliser le nom de Ringo tardivement au cours de la production du film, peut-être surpris lui-même par le succès de son premier film. Ringo est un personnage totalement différent, un officier qui perd tout ce qu’il a lors de son retour au pays. C’est ce retour que le titre évoque, et non pas le retour du Ringo rigolo du premier épisode pour de nouvelles aventures. Le retour tragique, thème de centaines de westerns spaghetti, de nombreux westerns américains avant eux, de quelques péplums encore avant jusqu’à la matrice odysséenne originelle, est ici traitée de la façon la plus misérabiliste qui soit. Ringo ne supportant pas le choc de voir sa région sous la coupe mexicaine, sa femme aux mains d’un autre et sa petite fille dans une maison qui n’est plus la sienne sombre dans la dépression, se laisse maltraiter et laisse les autres se faire maltraiter jusqu’à ce qu’un déclic lui fasse reprendre ses esprits et faire ce que tout le monde attend de lui depuis une heure : descendre tous les bandidos !

En attendant, on subit avec délice les affres d’un anti-héros impuissant, son alcoolisme incognito, son passage à tabac, dans une ville désertique et oppressée, battue par un vent « spaghettien » qui semble souffler en continu le désespoir des opprimés, sa mutilation inéluctable et presque volontaire. On regarde médusé Giuliano Gemma être l’ombre de lui-même, plus un sourire, plus un regard pétillant, plus aucune vie dans son allure dépenaillée (Gemma est d'ailleurs au fond un peu fade dans un rôle de looser, on n'y croit pas assez, sans que cela ne nuise trop au film). On assiste avec plaisir à des nœuds familiaux tragiques, de la découverte de sa propre petite fille par le héros à son propre enterrement factice, nappés d’émotions Morriconiennes exquises. Le mariage forcé de la belle Lorella de Luca et sa culpabilité, le retour de Ringo qui retrouve sa maison et son bureau après de nombreuses années, le choc quand sa femme le reconnaît, autant de scènes indispensables pour ce genre de scénario, autant de petites pépites parsemées pendant l’attente jusqu’à ce que cela se débloque, vers 60 minutes.

Et alors au bout de ces 60 minutes, Giuliano Gemma redevient lui-même, grand sourire, grands yeux, performances athlétiques et petite phrase rituelle (« je t’expliquerai »). Les morts commencent alors à pleuvoir, d’abord tranquillement, puis en pagaille, les colts font entendre leur musique rythmée par le gros son de la dynamite. Et en vingt minutes, tous ces gens qui s’étaient observés pendant une heure s’entretuent jusqu’au dernier. Et c’est typiquement là le genre d’extase proprement sadomasochiste que recherchent tous les amoureux du genre : ça virevolte, ça tombe, ça saute, ça flingue. Oh bien sûr, rien n’est parfait : il y a un indien parfaitement ridicule, des cabrioles de Gemma vraiment too much, mais dans l’ensemble la réalisation parfaitement honnête des combats permettra même aux réfractaires au genre de passer un bon moment.

Contrairement à la violence du premier Ringo, Duccio Tessari traite ici les meurtres et la cruauté comme une affaire sérieuse, chaque cadavre ayant son importance. Contrairement à la mort du méchant dans Un pistolet pour Ringo, la mort du méchant dans Le retour de Ringo est théâtralisée à outrance. Ce n’est d’ailleurs plus Fernando Sancho, qui a décidément une tête trop sympathique qui tient le rôle du vrai salaud de service. Contrairement à Un pistolet pour Ringo, rien n’est dédramatisé, aucune ironie distante ne cherche à séparer le spectateur du premier degré du spectacle auquel il assiste. En 1965 et en deux films, Duccio Tessari aura réussi à faire une synthèse de toute la production de westerns italiens des dix ans qui suivront. C’est assez fort et les deux films sont suffisamment réussis pour que l’on achète les deux excellents DVD Seven 7 qui les mettent à la disposition des spectateurs des années 2000.

samedi 28 juin 2008

Un pistolet pour Ringo

1965
D. Tessari

Avec G. Gemma, F. Sancho

Prototype parfait du western spaghetti familial, machine à propulser le mythe Ringo tout en propulsant la star Giuliano Gemma, immense succès populaire, Un pistolet pour Ringo est loin de n’être qu’un petit film rigolo où Giuliano Gemma passe son temps à réclamer un pistolet en VF alors que c’est bien un révolver qu’il voudrait (le titre étant lui correct, puisque c’est bien un pistolet qu’il obtient au final). Propulseur de mythe donc, puisqu’une ribambelle de spagh’ avec Ringo dans le titre suivront après 1965, ce nom aux sonorités si latines – à l’instar de Django d’ailleurs – proposant immédiatement une reconnaissance de style, une version dérivative du western où l’on accentue le caractère espagnol du Grand Ouest plutôt que son essence anglaise. Certes, il y avait bien un Ringo chez John Ford, mais tout de même, intituler un film « Un pistolet pour Ringo », c’est clairement affirmer aux spectateurs qu’ils vont voir autre chose qu’une chevauchée fantastique.
Et c’est bien le cas.
Rupture phénoménale avec le western américain, le nombre impressionnant de morts que
Shobary évalue à 59 force l’admiration (au sens artistique évidemment). Car il s’agit de 59 morts réelles, montrées et dramatisées, c'est-à-dire qu’aucune mitrailleuse ne vient renforcer le bodycount en taillant dans l’armée mexicaine, aucune explosion ne vient démolir un escadron entier en quelques secondes. Un mort toutes les deux minutes en moyenne, les péons tombent comme des mouches, les administrés tombent comme des mouches, les bandits tombent comme des mouches. C’est un vrai carnage qui ne marquera pas l’histoire, tant ces morts sont insignifiants. A peine voit-on les larmes d’un enfant brièvement lorsque décidément, il faut bien montrer la méchanceté des méchants. Les autres victimes sont oubliées instantanément dans la bonne humeur, ce qui permet de faire passer cette violence hallucinante pour un spectacle bon enfant que vous pourrez montrer aux jeunes de 7 à 77 ans, la mort devenant ainsi un motif purement divertissant quasiment dénué de toute arrière-pensée négative.
Cette bonne humeur communicative envahit tout le film, malgré le thème pourtant tragique de la prise d’otage. Fernando Sancho sourit, Giuliano Gemma sourit, tout le monde sourit alors que la gravité de la situation et les cadavres qui s’amoncellent devraient au minimum alarmer la veille sanitaire. Le personnage du Shérif (George Martin) qui lui semble s’inquiéter des otages et de la vie des gens semble d’ailleurs totalement décalé : qu’est ce que c’est que ce type qui stresse tout le temps alors qu’il suffit de sourire pour être heureux ? Ces sourcils qui se froncent toutefois de temps en temps quand les mises à morts sont un peu trop cruelles sont vite remplacés par des bons mots, des tournures d’esprit et des astuces de scénarios feuilletonesques. La tentative de viol obligatoire du genre est par exemple préalablement désamorcée par une phrase de Ringo (« Ne vous inquiétez pas, elle est entre de bonnes mains »), tout comme la façon dont le chef est tué à la fin désamorce toute sensation de libération d’une angoisse qui n’a de toute façon jamais vraiment été construite.
Giuliano Gemma impose son personnage de beau gosse athlétique, toujours en mouvement, toujours en action, en témoigne son arrivée galopante dans le ranch des otages, qui se termine par une descente de son cheval en pleine course suivie d’une petite grimpette sur le muret comme le ferait un gosse de quatre ans. Sapé impeccablement, le personnage de Ringo est en effet un gosse qui joue à la marelle et s’amuse de ses adversaires tout en affichant un cynisme et un pragmatisme imperturbable. Son fameux « question de principe » ahané à tout propos en fait au fond un être antipathique qui descend tous ceux qui sont un peu plus antipathiques que lui dans le cadre souvent limite de la légitime défense. Bien sûr on finit par comprendre que Ringo a bon fond et qu’il n’est pas le Judas – style homme sans nom - qui se vend au plus offrant pour 30%, néanmoins, malgré son air propret et son futal qui lui moule avantageusement le postérieur, Ringo est bel et bien un héros de western spaghetti. Cette suspicion d’antipathie ne se retrouve pas dans les autres rôles de Gemma, dans les Wanted, Dollar troué, et autre Retour de Ringo.
Aussi bien que Giuliano Gemma fait Giuliano Gemma, Fernando Sancho fait Fernando Sancho. Grosse bedaine et grande gueule au rire déployé, il descend avec son long colt toute personne amie ou ennemie ayant l’audace de s’opposer à lui. Poncif à lui tout seul du bandido mexicain, Fernando Sancho est le principe même du film, son huile essentielle, sa substantifique moelle. Autour de lui gravitent l’action, la violence et les jeux de dupe. Un peu bête, mais rusé, inquiétant tout en étant jovial en permanence, antipathique tout en étant charismatique, le gros bourru se fait le film à lui tout seul, ou presque. Les rôles féminins sont secondaires mais loin d’être anecdotiques, la confrontation entre Nieves Navarro et Lorella de Luca, la menace permanente qui pèse sur Lorella de Luca et la séduction de Nieves Navarro par Antonio Casas offrent de belles scènes rarement vues dans des westerns spaghetti.




Pour le reste, le réalisateur fait ce qu’il peut avec un budget assez serré, qui sans être ridicule montre clairement ses limites dans les scènes citadines. Sans réelle ampleur, la mise en scène est toutefois de grande qualité et le film se suit avec grand plaisir. La musique signée Ennio Morricone ne fait pas malheureusement partie des grands classiques du maître. Dirigée par Bruno Nicolai, on retrouve bizarrement parfois des sonorités et des ruptures de rythme qui rappellent plutôt le style de musique proposé habituellement par Luis Bacalov. Toutefois la chanson du générique qui se déploie pendant que la bande de Fernando Sancho traverse le Rio Bravo fait le petit effet attendu. Alors que Sancho porte sur son visage un sourire heureux de bonheur qui fait plaisir à voir, bien qu’il vienne tout juste de tuer deux soldats, la scène résume parfaitement le film : un bon petit moment de détente au sein d’un environnement de violence extrême, mais factice.


lundi 23 juin 2008

[HW] - Le Monde Selon Monsanto


[Je reposte ça de l'ancien blog de "dvdrama-In" que je supprime. De ce fait un certain nombre de photos vont disparaître de ce blog parce qu'elles étaient hébergées sur Dvdrama. Elles reviendront peu à peu]


Monsanto n'est malheureusement pas le nom d'un pistolero taciturne de western spaghetti comme vous avez l'habitude d'en rencontrer sur ce blog. Monsanto est le nom d'une multinationale qui détient les brevets de 90 % du maïs, du soja, du colza, ou du coton transgéniques cultivés dans le monde. Arte a diffusé mardi 11 mars le documentaire Le monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce documentaire fait froid dans le dos, y compris la tête froide et reposée et débarrassée de l'influence du montage et du discours activiste.


Si l'on s'en tient aux faits, et rien qu'aux faits, on apprend ainsi:



  • Le RoundUp, désherbant phare du groupe n'est pas biodégradable comme la publicité mensongère l'a prétendu pendant des dizaines d'années

  • A l'époque où Monsanto fabriquait des PCB (pyralène), l'entreprise a sciemment laissé un canal empoisonné aux PCB parcourir la ville d'Anniston aux Etats-Unis, provoquant cancers à gogo dans la population. La firme a été condamnée récemment sur ce dossier.

  • Monsanto a commercialisé une hormone pour augmenter le rendement en lait des vaches. Elle a caché et manipulé des informations scientifiques sur les problèmes secondaires liés à cette hormone, à savoir infection du pis de la vache. Résultat, il devient possible de trouver dans le lait américain du pus lié à l'infection, et des antibiotiques qui ont été utilisés pour traiter ces infections.

  • La FDA (Food and Drug Administration) a autorisé les OGM aux Etats-Unis sans véritable étude préalable. Le but à l'époque (fin des années 80, début des années 90) était d'aller vite et d'avoir une réglementation la plus souple possible.

  • La FDA est d'ailleurs loin d'être indépendante. De nombreuses personnes ayant travaillé pour Monsanto se retrouvent à la FDA au cours de leur carrière et vice versa. Il n'y a donc pas eu de consensus scientifique sérieux sur les OGM aux Etats-Unis avant leur commercialisation.

  • Les OGM sont brevetés, c'est à dire que les agriculteurs payent des royalties à Monsanto et qu'ils n'ont pas le droit de garder des semences pour en replanter l'année suivante. Monsanto fait des contrôles et a fait des centaines de procès aux agriculteurs américains.

  • En Inde, Monsanto a commercialisé un coton "BT" modifié génétiquement pour résister au vers américain (pas d'anti-américanisme dans cette phrase, il s'agit du nom du parasite). Au fil du temps, on se rend compte que si ces plants résistent effectivemment bien à ce parasite, ils sont plus sensibles à d'autres formes de maladie. La production est nulle certaines années et il faut, au final, déverser autant de pesticides/herbicides/engrais qu'avec un coton traditionnel. Il devient dur de trouver du coton traditionnel tant Monsantos pratique une politique commerciale agressive. Les cotonniers indiens sont tous endettés car leur rendement n'est pas meilleur, mais ils doivent payer les royalties. Le nombre de suicides chez ces paysans est en hausse (certains se tuent d'ailleurs, ironiquement, en buvant des pesticides)

  • En Ecosse, des scientifiques ont travaillé sur les effets des patates OGM sur les rats, en vue de conforter l'administration sur les bienfaits des OGM. On note une prolifération de cellules (non cancéreuses) dans l'estomac des rats ayant mangé des patates OGM. Le simple fait d'avoir publié ces résultats et émis des doutes publiquement sur la BBC a amené le chef de l'équipe a être licencié et l'équipe à être dissoute. Cette affaire a crée un certain scandale et les OGM sont toujours interdits au Royaume Uni à ce jour. Des licenciements de ce type ont aussi eu lieu aux Etats-Unis, tant le pouvoir est de mêche avec Monsanto.

  • Au Mexique, la contamination du maïs traditionnel par le maïs OGM est avérée et prouvée. Le premier scientifique a avoir publié ces résultats dans la revue Nature a été victime d'une campagne de dénigrement orchestrée par Monsanto. La contamination du maïs traditionnel par le maïs OGM produit parfois des plans de maïs "monstrueux" assez impressionnants. A terme, le maïs traditionnel Mexicain est menacé.

  • Au Paraguay, le soja OGM était interdit. Mais les agriculteurs ont commencé à en cultiver en contrebande (des sacs de semences apparaissant mystérieusement) dans des proportions énormes. Mis devant le fait accompli, le gouvernement a été contraint d'autoriser le soja OGM. Depuis la déforestation et l'exode rural se sont accélérés au profit du "désert vert" (champs de soja interminables copieusement arrosés de roundup). L'agriculture locale est en train de disparaître.

  • Monsanto a fait 1 milliard de bénéfice en 2007. Ils ont refusé de répondre aux questions de la journaliste. D'autre part, ils refusent de divulguer les données brutes de leurs propres études sur les effets des OGM. S'il n'y a aucun problème, on se demande bien pourquoi.


Je n'ai jamais eu de position tranché sur le débat OGM. Les faits et gestes des activistes autant que passage en force des industriels OGM exaspérant tout autant ceux qui voudraient connaître la Vérité (c'est le même problème autour du nucléaire d'ailleurs, qui croire entre deux camps aveuglés par ses propres convictions?). Le site AFIS répond d'ailleurs sur certains points du film (http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article832) ce qui fait que une fois de plus, on ne sait plus sur quel pied danser. Mais, au delà des questions type "Les OGM sont-ils dangereux pour la santé" et "Les OGM peuvent-ils résoudre la faim dans le monde" qui, à la limite peuvent avoir des réponses "idéologiques" type "pour ou contre", il faut bien se rendre compte que le "passage en force" de Monsanto dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Ces types n'en n'ont vraiment rien à foutre de rien. Détruire des écosystèmes complets et des populations ne pèse pas lourd face au terrible danger de perdre le moindre dollar. José Bové qui fauche les champs n'est rien, il est un parasite qui ne fait pas le poids. Qu'on le veuille ou non, le monde sera bientôt OGM (Monsanto planche sur des tomates, des aubergines etc) et la biodiversité va en prendre un coup. Soyez prêts, car Bio ou pas Bio (un champ dans la Drôme a récemment été contaminé), accord politique ou pas, protestation ou pas, vous n'y échapperez pas!

samedi 21 juin 2008

7 Winchester pour un massacre



Enzo G. Castellari
1967
7 Winchester per un massacro
Avec :
Edd Byrnes, Guy Madison

C’est la fin de la guerre fratricide qui fit plus de morts que dans toutes les guerres américaines réunies. Certains sudistes ne l’entendent pas de cette oreille et taïaut taïaut, y a le fameux trésor des confédérés à déterrer.

Enzo G. Castellari jouit d’une bonne réputation dans le petit milieu du spagh pour nous avoir tourné un mémorable Keoma, un non moins mémorable mais moins connu Johnny Hamlet et un honorable Tuez les tous et revenez seuls. Pourtant, il a aussi produit d’efficaces bouses (Te Deum), un film parodique largement surestimé (Je vais… je tire… Et je reviens) et sa carrière post-western à base de film de requin mauvais mais attachant (La mort au Large) et de sous Mad Max (Les guerriers du Bronx 1 et 2) ne redore pas vraiment son blason. On n’est certes pas à l’abri d’une bonne surprise dans sa période polar qui me reste inconnue, mais le but n’est de toute façon pas de dire que l’homme n’a réalisé que deux films potables dans toute sa carrière, mais de préciser que ce n’est pas parce qu’il a tourné Keoma et Johnny Hamlet qu’il faudrait avoir une coupable indulgence pour ce 7 Winchester pour un massacre.
Le film qui commence semble pourtant loin d’être totalement mauvais : Castellari respecte le générique traditionnel à base de photos sépia avec des coups de canons dans le fond et la musique morriconesque ad hoc. On a ensuite une intro historique des plus sérieuses qui voudrait vous dire que ce film là est fait avec soin, qu’il s’inscrit dans un registre crédible dans lequel tous les détails seront étudiés avec passion et que vous allez en avoir pour votre argent. Patatras, cette intro est suivie d’une autre intro, celle des sept bandits, qui inscrit illico le film dans le registre fauché ridicule : une armée de rebelles sudiste composée d’un maniaque du fouet, d’un type qui tue ses adversaires d’un coup d’éperons dans la gorge, d’un mexicain qui a la voix de Ramon (« le cœur, vise le cœur ») et d’un indien genre village people en plus bouffi, ça remet vite les idées en place sur l’authenticité du récit.
Qu’à cela ne tienne, on prend quand même, changement d’optique, virage à 180 degrés. Retrouvons notre âme d’enfant, ces bandits sont de purs bandits de convention bien caractérisés, telle une A-team bien rôdée. L’authenticité, on s’en fiche, et là on va bien s’amuser non ?
Heuu, non, le héros arrive, c’est Edd Byrnes, il est nul, il est plat, il ne fait pas l’affaire. OK, il bastonne son monde, OK, il tire juste, OK il est taciturne, mais il manque de classe, il manque de charisme, il manque de tonus. Le réalisateur s’essaie à ses compositions picturales à base d’angles audacieux, mais ça ne suffit pas à rendre intéressant un scénario qui part un peu dans tous les sens, surtout à la fin. Le spectateur a décroché bien avant ça, lorsque confronté à une scène purement surréaliste, il se demande s’il faut rire ou prendre la chose au premier degré : les bandits décident en effet de torturer un soldat Yankee, et c’est l’Indien qui s’en charge, en lui… chatouillant les pieds avec une plume ! C’est déjà bien assez crétin comme ça, mais il faut voir en plus le yankee se tordre de douleur, il faut voir les bandits rire de leur rire très très méchant, il faut voir le héros – choqué par tant de cruauté – secourir le malheureux : « bande de salauds ! ». Cette scène ridicule a sûrement une raison, ou une histoire, mais l’âme d’enfant a bon dos dans tout ça. Faut-il avaler des kilomètres de médiocrité sous prétexte qu’on doit garder son âme d’enfant ? Non, Castellari débutait, il n’avait pas les moyens, n’en parlons plus. Le final dans les grottes ainsi que le massacre des habitants sont censés former le bouquet final d’une histoire haletante, mais aujourd’hui, ils ne forment plus qu’une convention de plus qui fait bailler d’ennui même le défenseur le plus acharné du réalisateur.



Où le voir: Seven 7 nous a sorti ça en DVD, mais le film est déjà passé sur le satellite.


PS : J.F. Giré indique dans son bouquin que le film s’inspire des exploits authentiques du Colonel Shaw et de son régiment noir, Shaw refusant d’admettre la défaite du Sud et se livrant au pillage après la guerre. Pourtant si j’en crois Wikipédia, Robert Gould Shaw est certes connu pour avoir mené un régiment de noirs, mais c’était un Nordiste et il est mort en 1863, soit avant la défaite. Si un expert en guerre de Sécession passe par là pour tirer tout ça au clair…

dimanche 15 juin 2008

Amigo! Mon colt a deux mots à te dire

Maurizio Lucidi
Si puo fare... Amigo !
1972
Avec : Bud Spencer, Jack Palance

Résumé : Bud Spencer soupire, mange, grommelle, baffe à tout va, prend son air de chien battu et baffe encore.

« Les bas-fonds du western spaghetti ». L’auteur de cette critique expéditive lue sur Télérama ou autre n’a certes pas vu Les Ravageurs de l’ouest (à moins qu’il ait voulu dire « les baffes font le western spaghetti »). Pourtant on comprend bien ce qu’il veut dire. Amigo ! Mon colt à deux mots à te dire est un Trinita sans Trinita, un Terence Hill et Bud Spencer sans Terence Hill. Et malgré tout l’attachement que l’on porte aux films de Terence Hill et Bud Spencer, jamais on n’en viendrait à dire que les deux Trinita sont réellement de bons films ! Alors un Terence Hill & Bud Spencer avec seulement Bud Spencer, on en est encore plus loin.
Pourtant, pourtant, un charme ineffable - imperceptible des critiques de Télérama - opère, charme tout entier porté par la stature de Bud Spencer et la nonchalance de la mise en scène. Coburn (Bud Spencer) est en effet un brave type – bon, voleur de chevaux quand même – qui n’aspire qu’à une chose : qu’on lui foute la paix. Or, où qu’il fasse, quoi qu’il baille, on lui tire dessus, on veut le pendre, on veut le descendre, on lui refile un gamin à s’occuper, on veut le marier. Bud Spencer subit tout ça sans s’énerver, baffe qui en a besoin sans se fatiguer et soupire un bon coup à chaque fois qu’on veut le tuer. Bud Spencer imprime son rythme au film, là où Terence Hill imposait aux réalisateurs une mise en scène plus athlétique et plus nerveuse dans les autres films du duo. Et finalement, cette nonchalance, ce parti pris de la force tranquille du colosse font de Amigo ! Mon colt a deux mots à te dire un film attachant qu’il est impossible de complètement détester. D’abord à cause d’une musique de Bacalov qui fleure bon les années 70, cheesy et inadéquate au possible, mais qui bien sûr s’incruste dans votre tête tout au long de l’intrigue. Ensuite à cause d’une avalanche de bons sentiments rendus nécessaires par le public enfantin auquel s’adresse le film : Bud Spencer naturellement s’attache au gamin et en viendrait presque à vouloir s’installer avec lui dans la ferme des Mc Bains.



Mais bien sûr les méchants pas vraiment méchants viennent leur chercher des noises, méchants qui à la moindre occasion se retrouvent désarmés histoire de se prendre quelques baffes. Coburn, qui se déplace toujours désarmé est un être attachant, non violent sauf quand on le cherche, refusant tout net de faire partie de la société traditionnelle (le mariage), et la conclusion du film ferait presque penser à celle d’Alexandre le Bienheureux, lorsque Coburn se retrouve marié à une mégère impossible. Amigo ! Mon Colt à deux mots à te dire, film contestataire ? On en est loin, mais force est de constater qu’on aimerait pouvoir avancer dans la vie comme il le fait sur son cheval nommé « ronfleur » : tranquillement, sans se prendre la tête, sans stress et avec flegme.


Sinon, on a aussi droit à Jack Palance en train de saborder sa carrière avec ce rôle de meneur de jeunes filles en jupon qui veut sauver l’honneur de sa soeur. Palance se choppe un torticolis suite à une baffe de Bud Spencer, il cabotine en mâchouillant un porte cigare, mais n’atteint pas le niveau de médiocrité exacerbée de Te Deum sorti la même année. Et oui, mais même dans cette partie de sa carrière, on l’aime bien Jack Palance, sa trogne impayable et ses rictus caractéristiques en font le méchant sympathique le plus populaire de l’Ouest espagnol. Alors, Amigo ! Mon colt a deux mots à te dire est-il encore un de ces westerns fayots que les aficionados aiment tout en admettant qu’ils sont complètement nuls ? Et oui, c’est exactement le cas, mais celui-ci est tout entier tourné vers Bud Spencer – en général un peu sous-représenté dans les Trinita – ce qui en fait un western fayot un peu à part, fatigué, lent, au budget de misère, mais attachant tout de même à cause de son interprète principal et de son empreinte sur la vie. Très supérieur donc aux réels bas-fonds du western italien peuplés des Ravageurs de l’Ouest et autres Dollars plein la gueule.

lundi 9 juin 2008

Pour une poignée de dollars




Pour une poignée de dollars, on ne sait pas trop ce que c'est, mais c'est surement le budget du film. Ça commence avec une musique stupide avec un type qui siffle et des coups de fouet faits à la bouche, on sent déjà le compositeur obscur qui ne s’est pas trop foulé. Ensuite un cowboy vêtu d’un poncho (ben voyons, pourquoi pas un petit bonnet péruvien pendant qu’on y est ?) se pointe et boit de l’eau du puits. L’acteur au charisme de carpe sibérienne plisse des yeux pour faire style. A partir de là, deux solutions, soit vous maîtrisez l’incontrôlable fou rire qui vous étreint et vous regardez la suite, soit vous rangez cette merde dans sa boite et vous vous remettez Les 100 plus grands fous rires d’animaux qui a au moins le mérite d’essayer d’être drôle au premier degré. Le cowboy, genre grunge pas rasé, descend trois types comme ça, qui se moquaient de sa mule, wahou qu’on se dit, le pays doit pas être très peuplé si tout le monde s’entretue à la moindre moquerie. D’ailleurs le bodycount n’en reste pas là, le réalisateur, qui a du confier le scénario à son petit frère, semble avoir choisi de meubler en tuant le plus de monde possible et en faisant galoper les survivants de droite à gauche et de gauche à droite toujours dans la même vallée. Puis, il se dit que ça va se voir que c’est complètement nul, alors il nous met un passage à tabac dont la fausse intensité et l’exagération achèvent de ridiculiser l’ensemble.


En tout cas c’est ce qu’on croit, car le bougre ne nous a pas encore sorti son ultime botte secrète : le coup de la carapace en métal ! Le cowboy péruvien ayant vraiment décidé de tuer tout le monde (enfin, ceux qui restent, parce qu’entre temps, certains ont décidés de s’entretuer sans lui, c’est pas sympa ça les gars) nous confectionne une carapace en métal de 250 kg aux petits oignons, et il met ça sous son poncho tranquille comme si de rien n’était. Pour être sûrs que le spectateur meurt lui aussi, mais de rire, il balance de la dynamite comme ça, hop boum, pour le simple plaisir de se cacher derrière la fumée. Et ça tombe bien, puisque ce film est une véritable fumisterie, un navet comme on n’en fait plus, un truc qu’on devrait montrer dans toutes les écoles de tennis. Pour parachever l’œuvre, au cas où vous ne seriez pas déjà achevés, le méchant meurt en tournoyant, en tournoyant, puis il tombe en recrachant un truc rouge, le pauvre, il a dû de mordre la langue en se retenant de rire. Le spectateur, lui ne se retient plus depuis déjà longtemps et il se réjouit d’avoir déniché cette perle en DVD à l’étranger, car oui, chose incompréhensible en France où pourtant les pires des nanars ont droit à des éditions soignées (La Horde Sauvage, Josey Wales hors la loi), celui-ci est inédit chez nous !!

samedi 7 juin 2008

Des dollars plein la gueule

Piu forte sorelle
1973
Mario Bianchi
Avec Lincoln Tate



Dieu a voulu que je sois seul ce soir là et que je puisse donc me regarder une bonne bouse bien fumante sans témoin ni trompette. Par contre Dieu n’est pour rien dans le fait que je sois en possession de ce « Des dollars plein la gueule » au titre peu prometteur. C’est en effet ce satané Chat qui a cru bon m’envoyer ce chef d’œuvre, sans doute pour parfaire ma culture de la désormais fameuse – en ces lieux – catégorie E. Le Chat avait d’ailleurs auparavant vainement tenté de m’appâter en affirmant sans détour que ce film valait cent fois mieux que le mémorable Les Ravageurs de l’Ouest. Le piège n’avait pas marché alors, car cent fois zéro, ça fait toujours zéro. Simplement le Chat ne s’est pas laissé abattre et m’a carrément envoyé le truc, et ce soir, alors que le lecteur avalait la galette, je savais que j’allais encore maudire Sergio Leone, qui indirectement à cause de son génie allait une fois de plus me conduire à regarder un film irregardable par le commun des mortels, et qui pourtant sort d’une filiation très très très très très très très lointaine avec un chef d’œuvre tel que Le bon la Brute et le Truand. Et oui, aussi diabolique que cela puise paraître, Des dollars plein la gueule fait partie de la catégorie « western spaghetti ».

Le film vaut-il la peine que l’on en recense tous les défauts de façon moqueuse, ironique, distanciée et en mettant les rieurs de son coté ? Non. Le chat a raison, le film vaut 100 fois mieux que Les ravageurs de l’Ouest, c'est-à-dire qu’on arrive à suivre une intrigue pendant au moins trois quarts d’heure (sur Les ravageurs de l’ouest, ça ne tient même pas 10 minutes) avant de lâcher prise devant la consternation ambiante. La réalisation et le soin minimum apporté à l’ensemble justifient in extremis une appellation que l’on peut à la rigueur généreusement encore qualifier de « cinéma » dans son acceptation la plus large possible. Parce que quand même globalement on a beau se pincer pour se sortir d’un mauvais rêve, il n’y a rien à sauver de cet étron fauché, et le seul capital sympathie que l’on peut lui accorder c’est justement d’être fauché.

La musique style beatlerie du pauvre ne présage d’emblée rien de bon, mais on n’en est plus à s’offusquer de ce genre de choses, et si l’introduction du personnage d’Amen est passablement mauvaise, mal jouée, stupide et crétine, elle reste néanmoins regardable pour quiconque a artificiellement baissé son QI à 50 le temps d’une soirée télé (après tout, c’est déjà ce qu’il convient de faire à chaque fois que vous vous plantez devant La méthode Cauet, donc ce n’est pas si dur…). Mais c’est l’apparition du personnage de Catapulte qui commence à titiller irrémédiablement votre affectivité. Catapulte est un méchant très con secondé par une équipe de types encore plus cons et qui s’amuse à balancer les gens dans les airs à l’aide d’une catapulte. Oui vous avez bien lu, et soudain on prend conscience de l’insulte faite aux vrais amoureux de l’ouest et du genre western, ceux pour qui les mots Frontier, Great Divide et Grands Espaces prend un sens noble chargé d’émotion. Que de chemin parcouru depuis John Wayne arrêtant une diligence, winchester à la main, jusqu’à Catapulte, ses épaulettes de pacotille et son rire de mongol en train de bouffer un truc qui ressemble à une omelette pas cuite, les cheveux gras et le regard bovin. On s’en voudrait de redonner des munitions aux ayatollahs du western américain, mais quand on constate à quel point le western spaghetti a pu tomber bas, on en baisserait presque les bras.


Certes, les plus indulgents noteront qu’après tout, le premier pet ne se fait entendre qu’au bout d’une heure de film, qu’il y a quand même à ce moment là une scène qui est un peu drôle (un des hommes debout autour de Catapulte pète, tous se regardent longuement afin de savoir qui a pété, puis le coupable s’en va lentement, honteux, en pétant un coup à chaque pas. Non, je n’ai pas dis que c’était vraiment drôle, mais il y a un petit quelque chose dans cette scène qui fait qu’elle est nettement plus réussie que le reste du métrage), que c’est tout plein de jeunes filles assez jolies et qu’après tout ce n’est pas pire que La méthode Cauet. Mais tout de même, il faut une bonne force de caractère pour subir ces marrades ineptes, ces chevauchées de remplissage, ce doublage inaudible, ces décors affligeants, cette partie de tennis ridicule, ce jeu d’acteur, Lincoln paté de Tate en tête, empiétant bravement les plates-bandes du mauvais goût. Que des gens aient pu se déplacer pour aller voir ça au cinéma il y a 35 ans dépasse l’entendement et remet en cause la notion simple de progrès de l’humanité. Qu’Evidis nous ressorte ça aujourd’hui est certainement contraire aux conventions de Genève sur la torture mentale sur clientèle. C’est pathétique et John Ford, Sam Peckinpah, Sergio Leone et même Demofilo Fidani peuvent se retourner autant qu’ils le veulent dans leurs tombes, aujourd’hui à coté de leurs films au rayon dévédé de Shoppi, on trouve Des dollars plein la gueule et Les Ravageurs de l’Ouest, le degré zéro absolu à -273 degrés Kelvin du western spaghetti. Tant pis pour eux, tant pis pour nous.
Ha, et merci quand même le chat pour le DVD et les captures ! ;)







PS: il y a deux scènes curieuses: Catapulte balance une pomme face caméra qui est rattrapée au vol et hors champ juste avant qu’elle n'atteigne la caméra. Plus tard, Lincoln Tate balance également son poing en pleine caméra. Le film était-il prévu pour être montré en relief ;-)

dimanche 1 juin 2008

Avez vous la spaghetti attitude?

Amateurs de westerns spaghetti, répondez-donc à ce rapide questionnaire pour savoir à quel point vous êtes atteints.

1 – Vous êtes un héros de western spaghetti : comment allez vous vous habiller ?
A - Well, un jean, une veste, une chemise repassée, un joli foulard rouge, un chapeau et un colt à crosse jaune.
B - Haa facile, un poncho, une gaine autour du bras et un cigarillo, une redingote sale et poisseuse, des bottes difformes, ou alors une fourrure autour du cou, des gants sans les doigts, voire un pyjama rouge, même peut-être un cache poussière…
C – La même veste usée difforme et beigasse que je porte dans tous mes films.
D – Le sombrero, la double cartouchière, la sueur, le regard fou, et la dynamite !
E – Je ne sais plus, je ne me souviens plus de ce que je porte sous la crasse

2 - Quelle est votre arme favorite ?
A - Un colt portée sur la hanche.
B - Un colt porté en bandoulière, ou sous le bras, voire carrément dans mon dos, un Luger automatique, une mitrailleuse, un fusil sept canons.
C - un Banjo-fusil, une bible-revolver, une gourde-revolver, une béquille-fusil, une machine à coudre trafiquée.
D - un cuchillo ou une machette !
E - Mes poings et mes pets !

3 – Au saloon, où vous asseyez vous ?
A – Je vais au bar, je demande une bière et je dis plein de trucs virils à Doc Holiday.
B – Je m’assois dans un coin en me planquant derrière mon chapeau et j’attends qu’on m’importune d’un « Hé, étranger ! »
C – Il n’y a pas de budget saloon dans mon film…
D – Yé commande ouné tortilla et yé mé fais jéter déhors !
E – Je fais le pitre avec des cartes ou des verres de whisky

4 - Un fort en gueule vous interpelle : « Hé étranger !»
A – Vous parlez virilement avec lui le temps que le Wyatt Earp arrive, vous ne voulez pas d’ennuis.
B – Vous relevez lentement la tête, vous rossez tout le monde et tuez ceux qui arrivent par la porte.
C – Vous relevez lentement la tête, vous rossez tout le monde et tuez ceux qui arrivent par la porte, mais c’est un stock shot d’un autre film.
D – Le shérif vous arrête et vous met en prison parce que vous êtes un péon.
E – Vous relevez lentement la tête, rotez un bon coup et flanquez une raclée à tout le monde en accéléré.

5 – Vous n’êtes pas du genre très causant.
A – Ah mais si, j’adore causer avec les dames de la vie et de mes rêves de cowboy bedonnant sous les grands arbres !!
B – Non, à chaque fois que je rentre chez moi, mon fils est mort, ma femme a été enlevée violée par des bandits qui tiennent la région d’une main de fer et du coup, je dois tuer tout le monde…
C – Non, je cause peu, mais c’est tant mieux tellement le doublage est catastrophique.
D – Ah mais si, j’adore cabotiner à outrance en riant fort avant de massacrer des soldats mexicains.
D – Non mais j’aime siffler mes ennemis avant de les baffer.

6 – Pas causant mais vous avez quand même une phrase favorite non ?
A – C’était mon steak Valance !
B – Le cœur Ramon, le cœur, tu devrais y réfléchir, question de principe !
C – Non, on a oublié de payer le scénariste.
D – Viva la revolucion, tierra y libertad y tequila.
E – Pipiyouuuu !!!

7 – Vous faites face à un second couteau, comment est-il habillé ?
A - Un jean, une veste, une chemise repassée, un chapeau et un colt.
B - Il a vraiment une sale gueule, il machouille un truc infâme, il porte des vêtements disparates, une ceinture délabrée, il a l’air un peu inquiet.
C – On lui aurait bien mis des trucs stylés, mais on n’avait que les costumes Prisunic des enfants, alors on lui a rajouté un bandana dans les cheveux et des rubans autour des genoux.
D – Il est moustachu avec un uniforme gris et plein de trous dedans.
E – Aucune idée, on vient de lui flanquer une rouste dans la boulangerie, il est couvert de farine et de tarte à la crème.

8 – Vous êtes en mauvaise posture, encerclé désarmé, que faites vous ?
A – Vous leur parlez de façon virile en attendant l’aide du petit vieux gouailleur qui fait de la bouffe infecte.
B – Vous laissez les méchants vous tabasser grave et mettre du whisky ou du sel sur vos plaies, vous crucifier, vous broyer les mains. Vous les tuerez tous un autre jour…
C – Pareil qu’en B, sauf que les exploitants français ont coupé tout ça pour retitrer votre film « Trinita si t’es ballonné, pète un coup !! »
D – Vous passez au peloton d’exécution mais il y a un suédois/polonais/finlandais qui veille sur vous et qui attend le ‘Apunten armas !’ pour vous tirer de là.
E – Vous baffez tout le monde en faisant des cabrioles en accéléré.

9 – Une femme s’intéresse à vous, qu’elle est votre attitude ?
A – Vous lui parlez de la vie sous un arbre, lui promettez un ranch et lui demandez de vous attendre toujours le temps d’accomplir votre vengeance.
B – Rien à secouer des femmes, j’ai une destinée à accomplir, des types à buter, un passage à tabac à subir avant de flinguer le chef.
C – Avec mon trou entre les dents et mon regard de fraise, je me vois mal intéresser une femme.
D – La révolution est plus importante qu’une femme.
E – Rigoureusement impossible, je pue trop…

10 – Ah, mais sinon au fait, qu’est ce qui vous motive ?
A – Je suis contre la violence, mais elle me rattrape toujours après que j’ai papoté pendant une heure avec les dames.
B – Je veux me venger et tuer tout le monde et je cherche 50000 dollars dans un cercueil.
C – Je veux me venger et tuer tout le monde, je cherche 500 000 dollars planqués dans un cercueil, mais ce n’est pas sûr, le scénario est incompréhensible.
D - Je cherche 5 000 000 dollars planqués dans un cercueil, mais j’en profite pour éveiller ma conscience révolutionnaire.
E – Je cherche un endroit tranquille pour faire la sieste.

11- Vous descendez un méchant, comment cela se passe-t-il ?
A – Il meurt, mais on le voit à peine tomber, la caméra coupe sur Rhonda Flemming qui a eu peur.
B – La balle lui fait faire un triple loots vrillé dans la poussière avec en arrière-plan un deuxième et un troisième gars qui vrillent aussi dans l’autre sens dans un ballet délicieusement macabre.
C – Justement, il venait de se mettre à découvert du haut de son toit et il tombe sur un matelas en faisant haaaaa bêtement.
D – Comme tout bon soldat mexicain, il tombe par milliers, c’est sa raison de vivre.
E – Je préfère lui balancer un pain trempé dans l’eau, une bille de plomb, un truc quoi…

12 – Un train ou une diligence arrive, on dirait que quelque chose ne va pas. Quelqu’un ouvre la porte, que se pase-t-il ?
A – Rhonda Flemming en descend.
B – Un cadavre tombe, à l’intérieur tout le monde est mort enchevêtré de façon étudiée, les mouches volent bas, on dirait que ça pue…
C – Pareil qu’en B, sauf que la diligence a l’air en carton, dans un champ romain et qu’on voit les cadavres respirer.
D – L’armée mexicaine descend et tire, ça mitraille de partout, c’est la fête.
E – Le héros crasseux et endormi tombe à terre.

13 – Comment s’intitule votre film ?
A – Rio Hondos, Le sang du désert ou La vallée de la poursuite fantastique.
B – Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens, Les quatre de l’Assomption, Le grand carnage ou Des dollars pour Santa Maria.
C – Le retour de Trucido, Texas Colt s’énerve, Jesus saves, I kill ou La horde des bâtards.
D – Saludos la revolucion, Viva la ametralladora ! Tierra di massacro ou Nos han dado la dinamita.
E – Jesus tend l’autre joue, moi je frappe, Connardo i Santa Cretino sei figlio di…, Il riturno di Pizza Colt, Trinita fait du ski ou Une pelle, une guitare et deux pétomanes.

14 – Combien y a-t-il de morts dans votre film ?
A – Trois ou quatre vers la fin, quand la femme a enfin compris qu’elle doit laisser les hommes s’entretuer.
B – Au bas mot 150.
C – Au bas mot 150, mais on remarque que ce sont toujours les mêmes figurants qui tombent.
D – Au bas mot 150, sans compter les 350 soldats mexicains.
E – Aucun, mais environ 150 paires de baffes distribuées.

15 - Hé, c'est pas l'heure de manger?
A - Vous vous installez à table, la femme au foyer vous a mitonné un excellent repas qui vous fait regretter la vie de famille que vous n'aurez jamais.
B - Vous attrapez le poulet à pleine mains et bâfrez comme un porc immonde, la caméra entre dans votre bouche et suit la violente mastication des bouts de gras qui s'échappent et dégoulinent sur votre menton crasseux.
C - Vous êtes assis au pied d'un feu minable au milieu de la campagne romaine et grignotez un truc indéfinissable.
D - C'est la fiesta partout, l'alcool et les mets mexicanos préparés par la population locale arrivent en abondance sur la table, les feux d'artifice crépitent de partout.
E - Vous engloutissez quatre poêles de fayots au lard (plus une pour votre cheval) que vous nettoyez consciencieusement avec du pain.

16 - C'est quoi cette musique qu'on entend en fond sonore ?
A - C'est une musique souvent passe partout avec des violons qu'on oublie bien vite.
B - C'est une musique tour à tour rapide, électrique avec un gars qui siffle ou lente et désespérée avec des morceaux de trompette à déchirer le cœur.
C - C'est la même musique qui a déjà servi pour deux ou trois films du même genre.
D - C'est la musique bacalovienne de la feria et des toros et des exécutions sommaires.
E - C'est une musique très rapide avec tout plein de sonorités rigolotes, qui vous traîne dans la tête pendant 15 jours et qui vous donne envie d'envahir l'Italie.

17 - Il fait toujours beau dans l'Ouest ?
A - Globalement oui, parfois il pleut un peu, ou il y a un peu de vent.
B - Tu rigoles ou quoi, on se choppe les pires cataclysmes, le Mexique se retrouve recouvert de boue, la tempête fait rage et fait sonner les cloches, les chevaux s'empêtrent dans la neige, l'orage se déchaîne à chaque fois qu'on fait un tour au cimetière!!
C - Parfois, il fait super beau au fond de notre carrière d'argile, et puis, le plan d'après, sur le petit chemin agricole, c'est tout couvert!
D - Ma qué, il fait toujours beau à Almeria, les seuls nuages à l'horizon sont ceux des ponts qui sautent!
E - Toujours, et avec l'odeur que je dégage, l'indice de pollution passe au rouge.

18 - Vous vous battez, comment cela se passe-t-il ?
A - Cela commence aux poings dans le saloon, il y a un peu de casse, puis on passe à travers les portes du saloon pour finir dehors ou dans l'abreuvoir.
B - Cela commence aux poings, mais on finit toujours par se servir des outils qui traînent, pioches, fourches, faux avant de fracasser une fenêtre ou un mur de brique et de terminer dans un bain de boue. On ressort ensanglantés mais les dents restent impeccablement blanches!
C - Cela commence aux poings mal ajustés avec les types qui tombent avant qu'on les frappe dans un saloon ou il n'y a que deux chaises et une table à casser.
D - Pas le temps pour ça, on préfère fusiller tout ce qui bouge!
E - Cela commence dans une boulangerie, ou dans une laverie, ou dans un boui-boui quelconque, et ça dure, mais ça dure, les mêmes gars reviennent se prendre les mêmes baffes monumentales sans arrêt et ça continue de plus belle. A la fin, tout le monde est en pleine forme, quoique les méchants soient en général sales, enfarinés, trempés et sonnés.

19 - Quel est votre moyen de locomotion préféré ?
A - Un cheval noir avec des pattes blanches ou blanc avec des pattes noires que je nomme Tony, Stampede ou Tonnerre.
B - Un cheval quelconque sans identité qui se fait souvent descendre au loin à la winchester alors que c'était moi qu'on visait.
C - L'un des trois chevaux alloués au tournage
D - Le train, puis les chevaux, puis le train, puis encore les chevaux, et des fois une automobile, un blindé léger ou même un avion!
E - Une diligence à vapeur, un chariot à voile ou un travois miteux.

20 - C'est kidon le plus gros cachet du film?
A - Non, c'est pas Kidon, c'est John Wayne, James Stewart ou Gary Cooper.
B - Non, c'est pas Kidon, c'est Franco Nero, Clint Eastwood, Giuliano Gemma ou Klaus Kinsky.
C - Oui, c'est peut-être un gars qui s'appelle Kidon, ou Robert Woods, ou Klaus Kinsky aussi pendant 5 minutes.
D - Non, c'est pas Kidon, c'est Tomas Milian, ou Gian Maria Volonte, ou Franco Nero
E - Non, c'est pas Kidon, c'est Terence Hill, ou Tomas Milian, ou Timothy Brent hélas...

Résultats :

Vous avez une majorité de A :
Perdu ! Vous êtes un passionné de western américain. Vous êtes une quiche absolue en western spaghetti, qui plus est, vous détestez ça sans en avoir jamais vu un seul.
Mon conseil : continuez à ne pas en regarder, il n’y a pas de bien à se faire du mal.

Vous avez une majorité de B :
Vous aimez le grand western spaghetti, vous connaissez bien vos classiques et en connaissez les codes. Mais vous n’en êtes finalement qu’aux prémices et il vous reste beaucoup à découvrir.
Mon conseil : faites vous une intégrale Anthony Steffen pour goûter à l’âme profonde du genre.

Vous avez une majorité de C :
Votre cas commence à être intéressant, vous regardez des mauvais westerns spaghetti et vous aimez ça, votre famille murmure des choses dans votre dos, vous échangez des DVD-R pour lesquels personne n’oserait vous poursuivre en justice.
Mon conseil : revenez de temps en temps au western américain, et n’oubliez pas de regarder de bons westerns spaghetti parfois.

Vous avez une majorité de D :
Vous êtes fan de western Zapatta exclusivement, c'est-à-dire que votre fanitude aura du mal à être encore plus ciblée. Vous êtes aigris car mathématiquement, les sorties DVD sont encore plus rares que celles des westerns spaghetti dans leur ensemble.
Mon conseil : devenez fan de westerns zapatta avec Orson Welles uniquement, le travail en sera simplifié.

Vous avez une majorité de E :
Votre cas est désespéré. Vous avez tout vu, tout revu et il ne vous reste que les pires des westerns fayots. Vous ne savez même plus ce qu’est un bon film, vous avez oublié qu’on peut rire sans flatulence et Timothy Brent est pour vous le meilleur acteur du monde.
Mon conseil : découvrez la filmographie de Philippe Clair pour remonter votre niveau d’exigence.