mardi 22 juillet 2008

By Indian Post

By Indian Post
John Ford (Jack Ford)
1919
Avec Pete Morrison Duke R Lee Mada Lane Hoot Gibson

Depuis que le cap de l’an 2000 est largement passé, les films muets, tremblotants, en noir et blanc ont pris un sacré coup de vieux supplémentaire. Jusqu’au 31 décembre 1999, on avait encore le sentiment de leur être rattaché d’une certaine façon en ligne directe : ces gens là avaient vécu avant nous et avaient façonné le siècle dans lequel on vivait. Aujourd’hui que le 31 décembre 1999 est déjà de l’histoire ancienne, les fantômes qui s’agitent sous nos yeux perdent un peu plus de leur aura.
Surtout que dans le cas présent, ce spectacle de 10 minutes n’a rien de subjuguant pour nos yeux de début du XXI siècle, peu au courant des goûts et des stars de l’époque. Ainsi on pourrait dire que le jeune premier, Pete Morrison, n’a absolument aucun charisme. Point barre. Mais ce serait prendre le risque énorme qu’un exhumeur de stars du muet – style Flingobis – vous rétorque qu’il était une star incontestée du grand écran de l’époque, l’un des plus grands acteurs de tous les temps, quoique légèrement sur le déclin après l’arrivée du parlant. Et le plan d’action pour le contredire serait de se taper toute la filmographie de Tom Mix, toute la filmographie de Harry Carey, toute la filmographie de Bob Steele, toute la filmographie de Yakima Canutt pour petit à petit comprendre ce qui faisait le charme, l’intérêt, la noblesse de ces immenses performers qui nous semblent aujourd’hui bien pâlots sous leur maquillage, sans traits marquants, sans caractère distinctif, et seulement à partir de ce moment là on pourrait commencer à objecter que oui peut-être Pete Morrison avait bien peu d’envergure comme acteur. Mais pour l’instant on est obligé de dire qu’il a bien peu d’envergure comme acteur comme un fan de Lorie dirait que Bob Dylan c’est pas de la balle: sans y connaître rien à rien. Alors voilà, je trouve que ce gars là ne dégage rien, mais ne prenez pas ça comme argent comptant, prenez ça comme un fan de Lorie qui dirait que Bob Dylan c’est pas de la balle, en d’autre terme un avis bien peu autorisé. Maintenant je ne sais plus quel humoriste de Coluche ou Desproges ironisait sur les « milieux autorisés », ce qui fait que l’assertion « Pete Morrison a peu de charisme » venant de moi, tout comme celle « Bob Dylan c’est pas de la balle» venant d’un fan de Lorie vaudra ce qu’elle vaudra à vos yeux.
Je pourrais sur le même principe tout aussi bien vous dire « C’est un film de John Ford mais on ne reconnaît en rien que c’est un film de John Ford » au risque qu’un autorisé déterreur de poussières Fordienne me rabaisse aussi sec. Il faut dire que je suis déjà très loin d’avoir vu tous les films parlants de John Ford, alors les muets… Mais pour ce By Indian post aussi connue sous le titre The Love Letter, on a un scénario minimaliste de comédie amoureuse sans que l’on ne sache bien quel est le but affiché. Sans doute faire rire, mais alors rire de quoi ? Le héros se prend un coup de pied au derrière, ce qui ne l’aide d’ailleurs pas à prendre grâce à nos yeux. Les deux tourtereaux sont mariés du haut d’un balcon et leurs poursuivants se prennent une fenêtre guillotine sur la gueule. Les scènes d’actions débridées de l’époque : niet. L’humanisme et l’humour habituel de Ford : en très vague avant-goût. Le seul truc qui a interpellé mes yeux d’amateurs de western contemporain : le long cache poussière porté par un gringalet. Le but de la scène est sans conteste d’ordre comique, le vêtement ne lui allant manifestement pas. Et se rendre compte que John Ford ridiculise avec 40 ans d’avance Sergio Leone qui comme chacun sait a piqué intelligemment ce concept vestimentaire au maître dans Il était une fois dans l’Ouest, ça n’a pas de prix. Et pour voir ce petit bout de péloche, pas besoin de sortir votre MasterCard, il est là ci-dessous, déjà repéré il y a un certain temps par Inisfree :



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