Ne tirez pas sur le bandit
1959
Norman Z. McLeod
Avec Bob Hope, Rhonda Fleming.
Un vendeur d’assurances assez médiocre réussit à placer une assurance de 100 000$ au redoutable bandit Jesse James, sans savoir qui il est réellement. Comme celui-ci risque à tout moment de se faire tuer, bandit oblige, notre brave homme est contraint de partir dans l’Ouest pour protéger Jesse James.
Oyez oyez jeunes gens, vous qui lisez Le journal de Tintin ou Bibi Fricotin. Il est passé récemment, une après-midi pluvieuse, sur les écrans de France télévision 3, une comédie western tout à fait charmante qui vous ravira de façon aussi certaine qu’un album des aventures de Lucky Luke et Jolly Jumper. Outre une intrigue menée tambour battant, Ne tirez pas sur le Bandit offre en effet un humour décalé, digne des meilleurs films burlesques ou de vos Tex Avery préférés. Figurez vous par exemple un chapeau qui se déforme sous l’effet de l’alcool – trop fort pour lui – ingéré par notre anti-héros maladroit. Figurez vous encore des ralentis du plus bel effet comique au beau milieu d’une bagarre, traduisant une absorption involontaire de champignons mystérieux. Figurez vous enfin une poursuite de chariot magnifiquement loufoque qui fera hurler de rire petits et grands. Mais les jeunes bambins seront bien avisés de ne point travailler exagérément l’intelligence de leur esprit avec ces divertissements bon enfants et de retourner à leurs chères études, et en particulier de s’amuser un peu en travaillant leur arithmétique.
Les jeunes gens qui lisent Boris Vian en cachette ne seront pas oubliés non plus, puisque les plus hétérosexuels d’entre eux pourront admirer sans retenue les formes de Rhonda Fleming sans pour autant éveiller la suspicion de leur mère castratrice. Ils apprendront également comment la force n’est pas nécessairement l’apanage des plus grands, ils verront à quel point la débrouillardise peut sortir Monsieur tout le monde des griffes de la loi du plus fort. Le conseil donné quelques lignes plus haut à nos chères têtes blondes vaut aussi pour nos incandescents adolescents. Ne Tirez pas sur le Bandit les instruira. Qu’ils n’oublient point Dostoïevski, Tolstoï et Bakounine pour se distraire!
Mais le lecteur avisé saura qu’un bon western doit rassembler en son sein l’ensemble de la famille pour remplir au plus haut point sa mission éducative. La Ménagère-maîtresse de maison sera gré de voir un film où la femme est séduite par l’intelligence et la civilisation (Bob Hope) plutôt que par la force et la brutalité suante (Wendell Corey). Le chef de famille, outre qu’il pourra lui aussi admirer les formes de Rhonda Fleming, sera contenté par un second degré sans cesse présent pour flatter son désir de ne pas être pris pour un imbécile tout en subissant, ravi malgré tout, un spectacle western pimaire parfaitement orchestré. Les plus cinéphiles d’entre eux seront également comblés par l’apparition de guest stars de leurs films préférés en personne, tels Gary Cooper, Roy Rogers, James Garner ou Fess Parker. L’homme intègre sera également heureux de savoir que le film ayant été diffusé sur France Télévision 3, il ne souffrira d’aucune intrusion de réclames agressives pour des céréales Chocapics.
Merci donc infiniment, France Télévision 3, pour ces moments de bonheur télévisuel.
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