samedi 10 novembre 2007

Will Penny le solitaire



Will Penny

Tom Gries

1968

Avec Charlton Heston, Joan Hackett, Donald Pleasance


Les aventures d’un cowboy vieillissant dans un Ouest enneigé et désanchanté. Will Penny (Charlton Heston) se fait moquer de lui parce qu’il est vieux, puis Will penny a une échauffourée avec une bande de hors la loi pas nets, menés par un Donald Pleasence bien chtarbé, puis Will Penny ramène un ami quasi mort chez un médecin suite à l’échauffourée, puis il accepte un boulot l’hiver en montagne, puis il est laissé pour mort par la bande de hors la loi pas nets qui l’ont retrouvé, puis…

… puis ça se tasse un peu. Jusque là on prenait plaisir à suivre les pérégrinations de ce cowboy voulu authentique et pourtant pas si vieux que ça. Le travail des cowboy était bien rendu, leur vie de misère également, dormant dehors et ayant du mal à se lever le matin, nourris par la bouffe infecte de Slim Pickens. Ensuite, l’errance de Will Penny à la recherche d’un travail captait l’attention. La confrontation avec la bande de Donald Pleasance faisait détourner les yeux des plus sensibles et comblait l’amateur de spagh’ avide de cruauté et de bandits bigarrés. Le souci c’est qu’après ça, on tombe dans le pire du cliché à la hollywoodienne. Will Penny est sauvé par une femme (Joan Hackett) et son petit garçon qui avaient trouvé refuge dans la cabane que Will Penny devait occuper. Ces trois là vont donc être forcés de cohabiter pendant les longues heures d’hiver enneigé. Si on était resté dans le spaghetti malsain, les trois auraient fini par s’étriper sadiquement dans un crescendo tristement lugubre décrivant posément la noirceur de l’âme humaine. Là on passe plutôt à Blanche Neige et les sept nains. La gaucherie du cowboy face à l’hygiène de vie de la femme, l’attachement naissant du cowboy à la vie de famille, l’amour indicible qui se révèle dans les demi-confessions pourraient être des scènes géniales si elles étaient menées avec intelligence, malheureusement on connaît la musique, et Tom Gries ne fait rien pour nous éviter l’embarras de ce genre de situations cucul déjà subies mille fois pendant lesquelles le cœur de la ménagère de moins de cinquante K€/ans est censé chavirer. L’apothéose est cette soirée de Noël, pathétique au possible bien heureusement gâchée par le retour de Donald Pleasance et sa bande. C’est ensuite une certaine tension qui demeure jusqu’à l’anéantissement final des malfrats dans un bon style bien western qui fera dire à ceux qu’ils ont vu le film: « Si c’est bien ? Ben c’est un western quoi… », comme si un western ne pouvait être ni bon ni mauvais, un western étant juste un western et l’œuvre n’ayant pas besoin de qualificatifs plus explicites pour justifier son existence. Le final en anti-happy-end, le réalisme des situations et des accessoires, l’action bien menée et une musique agréable font pourtant de ce Will Penny un bon western, dans la veine crépusculaire, malgré les violons dégoulinants dans la cabane. De toute façon, rien ne vous empêche de le voir, pas moyen d’être déçu, il s’agit d’un western, c’est pas moi qui le dit, c’est les gens.

5 commentaires:

  1. Ce doit être mon côté fordien, mais j'ai beaucoup aimé ce film et j'ai surtout un très bon souvenir des scènes familiales, quand Penny se révèle illétré, bien plus fragile que ne le laisse supposer sa dégaine de cow-boy massif. Ca m'a rappelé "L'homme qui tua Liberty Valance" avec ce discours sur l'éducation, etc.
    Heston qui joue souvent les surhommes y est touchant, enfin, je te jure que je ne suis pas une ménagère de 50 ans.
    juste une question : tu l'a vu en VO ou en VK ? je connais ton attachement à la seconde, mais parfois, ça casse tout.

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  2. PS : Il faut comprendre VF (version française) et non VK (version kurde) :)

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  3. Je l'ai vu en famille, donc en VF. Mais j'ai bien aimé ce film, à part certaines scènes dans la cabane. La "révélation" de l'illetrisme m'a paru un peu téléphonée, par contre les scènes sur l'hygiène étaient drôles.

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  4. "Si c’est bien ? Ben c’est un western quoi… », comme si un western ne pouvait être ni bon ni mauvais"

    --> C’est très intéressant comme réflexion.
    A priori, on pourrait se dire que c’est là la réaction de quelqu’un qui ne connaît rien au western (et c’est sans doute le cas), mais, bizarrement, pour pouvoir avoir ce genre de réaction, il faut en avoir intégré l’essentiel des codes. Du coup, c’est sans doute réducteur, mais d’un autre côté, cela veut dire que le genre est si important et profondément ancré dans l’inconscient collectif qu’il en devient une sorte de référence culturelle globale.
    D’ailleurs, il m’arrive moi aussi, dans le domaine des comics, de pratiquer ce genre de raccourcis, mais de manière plus ciblée, du style :
    - C’est bien traduit ?
    - Bah, c’est du Panini.
    Ou encore :
    - C’est bien ?
    - Bah, c’est du Moore.
    Par contre, le sens n’est pas le même dans les deux exemples. Pour le premier, je prends comme acquis que les lecteurs connaissent les lacunes de la VF, c’est donc presque un gag. Pour le deuxième, c’est plus complexe. Je connais Moore, je reconnais même qu’il est parfois génial, mais je ne suis pas dupe pour autant et je suis même parfois irrité par ses sempiternelles obsessions paranoïaques. Du coup, il n’y a pas l’ironie du premier exemple mais plutôt une sorte de sentiment mitigé mâtiné de prudence.
    Mais dans les deux cas, évidemment, cela ne fonctionne que si la ou les personnes à qui l’on s’adresse ont le même niveau de connaissance.
    Par exemple, si je questionne mon garagiste sur la qualité d’un pneu et qu’il me répond :
    - Bah, c’est du Dunlop.
    Ben ça marche pas, parce que j’y connais rien en pneu, que je m’en fous et qu’ils feraient mieux d’embaucher des types qui savent construire une phrase complète chez Renault bordel de merde !
    Non, mais, là, je m’énerve, mais ce que je voulais dire, c’est que la réponse « ben c’est un western quoi… », c’est pas forcément péjoratif. Et plutôt que « c’est ni bon ni mauvais », je l’interprèterais plutôt, moi, par « y’a du bon ET du mauvais ». Ce qui est un poil différent.

    - Et sinon, tu crois qu’il va nous faire chier longtemps avec ses digressions sur « bah c’est du truc », « bah c’est du machin » ?
    - Bof…un bout d’temps.
    - Mmh…et si on lui arrachait une oreille, tu crois que ça pourrait le distraire combien de temps ?
    - Hof…un bout d’temps.
    - Ben dis donc, t’as de la conversation toi ce soir.
    - Bah, autant qu’un Dunlop.

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  5. Le problème avec l'écrit, c'est qu'on ne peut pas trop faire passer les intonations. La phrase "bah c'est un western quoi" implique certes une connaissance précise du genre, mais le ton avec lequel elle était dite indiquait une lassitude avec le genre, comme si tout le monde en avait fait le tour définitivement, comme si on ne pouvait rien redécouvrir avec un oeil neuf, par rapport à la grande époque où passaient au moins un ou deux westerns par semaine à la télé.
    Dans 20 ans on dira: "24 heures chrono c'est bien?" "bah, c'est une série techno-policière quoi..."

    En ce qui concerne les Dunlop, tu peux combler tes lacunes en t'abonnant à "Pneus Magazine" avec son supplément bimensuel "Pneus Neige Guadeloupe" destiné aux passionnés de pneus neige en Guadeloupe (ils sont peu nombreux).

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