mercredi 28 janvier 2009

The phantom of the range

1936
Bob Hill
Avec: Tom Tyler, Beth Marion

Tom Tyler est un autre grand gars bien droit du western de série B. Dans un désert de rocs enchevêtrés qui fait tout le charme de ce petit film, il croise une blonde qui a besoin d’eau. Sauf que l’eau dont elle a besoin est pour sa voiture. C’est le petit plus de ces petits westerns de série B où des cowboys aux ceinturons ciselés croisent des automobiles dans des décors incroyables.
La mise en place de l’intrigue est plutôt bien fichue. Tom Tyler achète un tableau et un ranch aux enchères sans trop comprendre pourquoi. En fait, il l’achète parce qu’il s’aperçoit que la demoiselle blonde est très intéressée par le tableau, et lui il est sans doute intéressé par la demoiselle. Mais la demoiselle est intéressée par le tableau parce qu’il appartenait à son grand-père et qu’elle s’est rendu compte que trois hommes louches étaient aussi très intéressés par le tableau. Et les trois hommes louches sont très intéressés par le tableau parce qu’il renferme un plan qui mène au trésor du vieux grand-père décédé. Et pour dissuader les curieux de trop chercher le trésor, les types louches ont inventé une histoire de fantôme qui galope à cheval, la nuit autour du ranch.
Tom Tyler prend possession des lieux et se retrouve donc confronté aux manigances habituelles des séries B : manipulations, espions, traquenards. En gros, comme d’habitude il est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Tout ça ne fait pas très western me direz-vous. Mais pour s’en sortir, il va utiliser des subterfuges ad hoc : cavalcades, coups de poing, coups de feu, plongeon de dix mètres avec cheval, piège à base de corde tendue pour faire tomber ses poursuivants. La routine. Le sidekick (Sammy Cohen) est très particulier, avec son physique de Henri Salvador jeune, ses talents de pickpocket et de joueur de piano. La blonde est une femme indépendante qui refuse de faire la cuisine. A la fin, on ne sait pas trop si c’est Tyler qui get the girl ou la fille qui get the boy, au milieu de ces étranges amas rocheux.
La bande son est effroyable, l’équipe n’avait tout simplement pas les moyens : certains combats à main nues sont quasi muets : la fille crie mais on ne l’entend pas, à la place il y a un brouhaha de foule. Pareil lorsque l’un des méchants est suspendu dans le vide par Tyler qui veut le faire parler (la routine) : la même prise son est utilisée trois fois de suite avec un volume croissant. A la limite ça renforce le coté surnaturel de l’entreprise, on finit par s’attacher à ces bidules tournés à la va-vite, sans nuance, sans talent, mais avec sérieux et application malgré la pauvreté des moyens.

Où le voir: http://www.publicdomainflicks.com/0198-aces-and-eights/

3 commentaires:

  1. Alors Tep, je t'ai félicité sur WM pour ta critique, mais ici j'aimerais, maintenant que tu as vu du "cheap movie" à l'américaine, savoir comment tu ressens les films de Fidani en comparaison ?

    RépondreSupprimer
  2. Les westerns fauchés des années 30/40 aux états unis sont faits avec plus de soin que les westerns italiens fauchés des années 60/70. C'est assez remarquable, parce qu'ils travaillaient avec une technologie encore à ses débuts: le parlant. Il y a certes des défauts, mais jamais de trucs vraiment foireux comme on peut en voir dans le western italien.
    Par contre ces films étaient tournés au kilomètre: jamais d'innovation, jamais une idée originale, toujours les mêmes scènes. Si le western spaghetti, et plus généralement le cinéma bisseux italien passe également son temps à reproduire des recettes qui marchent, il le fait en général avec plus de générosité dans le grand n'importe quoi. En bref, Fidani c'est beaucoup plus mal foutu, mais on a plus de chances de rencontrer des trucs fulgurants que dans les séries B américaines ;-)

    RépondreSupprimer
  3. En fait j'ai essayé de comprendre ce qui faisait de Fidani quelqu'un d'aussi adulé, surtout pour ses défauts.
    Et je me demande si ce n'est pas de la faute des commentateurs du genre, qui ont pris à la rigolade les films de Fidani, multipliant les métaphores et réflexions drolatiques sur sa façon de faire des westerns. Ne sont-ce pas eux, les "coupables" et du capital sympathie de l'italien, et du coup de l'indulgence de la plupart des amateurs pour ses westerns finalement ?

    Ce que je veux dire, c'est que je ne pense pas que quelqu'un qui n'a jamais entendu dire quoi que ce soit sur Fidani trouve ses films regardables. Il aura un regard neutre et aucune audace ne le fera frémir ou alors une seconde sur 1h20 ou 1h30, ce qui sera bien peu.

    On éteint un Fidani, on trouve qu'on a globalement perdu son temps. Avec un Tim Mc Coy ou un Bill Elliott, c'est beaucoup moins le cas. Malgré le manque d'originalité.

    RépondreSupprimer