vendredi 19 juin 2009

La chevauchée sauvage



Bite the bullet

1975

Richard Brooks

Avec James Coburn, Gene Hackman, Ben Johnson, Candice Bergen


Le titre français paraît mauvais
, il évoque les titres de l’âge d’or alors que le film date de 1975. La chevauchée fantastique, La charge héroïque et maintenant La chevauchée sauvage. Le titre anglais (mords la balle) est plus grinçant. Il fleure bon l’absence de concessions des années 70. Il fait penser aux films américains de ces années là qui n’avaient peur de rien. Mordre la poussière, aurait peut-être fait une bonne traduction, bien en phase avec le thème de l’intrigue. Ou pourquoi pas On achève bien les chevaux, film avec lequel Bite the bullet partage une compétition sportive idiote. Une course dont le caractère principal est de broyer les laissés pour compte qui espèrent vainement gagner le pactole.

Et pourtant, ce titre français est bien trouvé. A Western Classic in the tradition of 'Shane' and 'High Noon' disait l’accroche, et en effet l’histoire est émouvante, l’histoire est belle. Elle met en valeur, le courage, l’abnégation, et même un peu le panache militaire (quoique démystifié lors du long monologue de Hackman). Tout en critiquant l’esprit winner à tout prix et le goût de la gloire pour la gloire. Richard Brooks a vraiment essayé de retrouver l’esprit de ces films là, sans trop céder aux sirènes du désenchantement réalistico-craspec. Il traite du thème en vogue de la fin de l’Ouest et de sa nostalgie corollaire, mais sans forcer le trait ni l’outrance dans l’ultra-violence. « On y va à la sauvage » demande Hackman à Coburn avant de rosser le jeunot. Coburn pourrait acquiescer, pour céder au jeunisme, mais il répond non comme pour dire : ceci est encore un film à l’ancienne ! Ben Jonhson, le héros Fordien, meurt trempé et sans louanges et on pleure. Pas de plus belle déclaration d’amour au classicisme que de faire mourir l’une de ses figures emblématiques comme un vieillard digne.


C’est une histoire de course de chevaux à 2000 dollars, c’est aussi une déclaration d’amour pour les chevaux. Gene Hackman aime les chevaux. J’avais complètement oublié que j’avais vu ce film, mais je n’avais pas oublié Gene Hackman forçant un jeune freluquet à enterrer le cheval qu’il a épuisé en course. Je n’avais pas oublié non plus le final, avec ces chevaux plein d’écumes, à bout de souffle. Je n’avais pas remarqué à l’époque que le film souffre d’un certain nombre de défauts narratifs. Les chevaux écumant de fatigue tombent comme un cheveu sur la soupe alors qu’ils ont l’air fringuant pendant tout le reste du film. Le personnage de Gene Hackman se retrouve soudain devant tout le monde alors qu’il est derrière pendant tout le film. La progression de la course est confuse, désordonnée. L’intermède loufoque avec les forçats est presque incompréhensible. Pour autant le final est magnifique.


A cause d’Eastwood, on avait oublié que Hackman avait joué autrefois autre chose que des brutes meurtrières. A cause de la belle performance de Hackman en amoureux des chevaux, on en oublierait presque que James Coburn joue dans le film. Pas de sourire immense, pas d’étincelle dans les yeux. C’est un Coburn des petits jours. Tant pis. Candice Bergen a la silhouette anachronique d’une participante anachronique à la course. C’était la mode. Elle parvient dans son jean anachroniquement moulant à transcender l’incongruité de son propre rôle pour incarner une femme paumée, légèrement à la dérive malgré un objectif précis, un hidden agenda assez savoureux. Ben Johnson on l’a dit, meurt, et c’est beau. Et il y a Mario Arteaga, le mexicain. Il joue le mexicain, qui a une rage de dent et qui se heurte au racisme de la société américaine. Bien sûr Gene Hackman n’est pas de ceux-là, il s’en fout de la course et il aime les chevaux. Quand on préfère les chevaux aux hommes, on peut aimer les mexicains qui ne sont presque pas des hommes. Ça doit être comme ça qu’il faut comprendre cet anti-racisme anachronique ? Mario Arteaga n’a rien fait d’autre ou presque de cinématographique dans sa vie. Quelques doublures non créditées dans L’Homme qui tua Liberty Valance et dans L’Homme des hautes plaines, c’est tout. Dommage, il est touchant le mexicain, il fait la course pour sa famille, pas pour la renommée.


Et pour le reste, bien sûr il y a les paysages, magnifiques, variés, le soleil cruel, des péripéties en veux-tu en voilà, une motocyclette pour un peu plus d’anachronisme, mais volontaire cette fois, un beau train... Du bon western à l’ancienne, un brin nostalgique avec une touche de modernité, et une super scène technique où le cheval de gauche court au ralenti alors que celui de droite court en accéléré! Cela ne se refuse pas.

1 commentaire:

  1. Découvert ce soir sur Paris première.
    M'a fait penser un peu à "Un nommé Cable Hogue" (l'époque, les paysages de désert).

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