samedi 17 mars 2012

Blackthorn



2011
Mateo Gil
Avec: Sam Shepard, Eduardo Noriega, Stephen Rea


Ce curieux western hispano-bolivien des années 2010 est plein de promesses. Il ne les tient pas toutes, mais surprend ailleurs. L'histoire est alléchante. Si, dans la mythologie Marvel, les super-héros ne meurent jamais pour de vrai, il en est parfois un peu de même dans la mythologie du vieil Ouest. On a déjà vu comment Billy The Kid n'était pas mort abattu par Pat Garrett, c'est maintenant au tour de Butch Cassidy d'avoir finalement survécu à l'armée Bolivienne. Quand on voit la fin du Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill, on se demande bien comment, magie du cinéma toujours...
Tout ça est donc alléchant, mais ça ne prend pas vraiment. Sam Shepard n'est pas en cause. Simplement, la mythologie n'est pas au rendez-vous, le personnage, bien que dur à cuir, ne vibre pas de l'étoffe des vrais héros. Sa destinée ne semble guère être celle des légendes, malgré tous les flash back dont nous gratifie le réalisateur. Il faut dire aussi que le film souffre de l'excès de mélancolie contemplative qui imprègne nombres de westerns récents (Seraphim Falls, Appaloosa, La dernière piste, L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford.) Mateo Gil est subjugué par les magnifiques paysages de Bolivie et nous les impose à longueur de pellicule. Mais il a oublié que les pubeux nous gavent déjà à longueur d'année de paysages fabuleux et sans âmes dans lesquels ils vendent des voitures, des parfums, et toute sorte de camelotte so chic. Résultat, l'affrontement dans le désert de sel est désincarné, vide d'humanité, aussi irréel et creux que ces bagnoles qui roulent dans ces espaces infinis.



Mateo Gil gagne des points ailleurs, en renouvelant une certaine imagerie, même si, comme dans tous les westerns crépusculaires, il place une automobile au début, pour bien marquer le genre. Mais c'est le terreau bolivien qui lui donne ses plus belles idées. Cassidy et son nouveau complice d'infortune sont pourchassés par des tueurs autochtones, habillés de poncho, chapeaux locaux, de type indien ou métis qui rappellent les gitans de Leone, mais avec un genre sud-américain. Les deux héros se font débusquer et tirer comme des lapins par un couple de femmes indiennes qui apparaissent en premier lieu tout sauf dangereuses. Et cerise sur le gateau, un twist aux deux tiers du film intègre ces bizarreries au scénario, leur donnant un tour politique et moral. On peut y voir une nouvelle variation sur le thème des bandits de la jeune génération qui ne respectent pas le code d'honneur des anciens. On peut y lire une tentative de rédemption pour un homme qui n'a jamais été non plus un bandit au grand cœur. Dans tous les cas, cette montée d'un cran de l'intrigue est à porter au crédit d'un film qui, sans être l'œuvre grandiose que promettait le synopsis, n'en reste pas moins un bon petit western à voir.

Où le voir d'ailleurs: en VOD chez Orange. La VOD via les box c'est pas mal, mais bien sûr, on ne peut pas garder le film, et pour en tirer des captures, ben on ne peut pas non plus. Mais bon, faut vivre avec son temps et se dématérialiser dans le cloud les gars...

3 commentaires:

  1. Hello,
    J'ai été bien moins réticent que toi. J'ai été vraiment entraîné dans le film dès de début. Il est vrai que je l'ai vu en salle, à une heure où il y avait peu de couillons turbulents et que j'avais été longtemps servré de cinéma. Par ailleurs je regarde le moins possible de publicités.
    Il est vrai que la révélation est fabuleuse et donne une grande force au film. Les deux acteurs sont excellents. La correspondance entre le Butch jeune et le Butch vieux est très réussie.
    Je profite de ce commentaire pour te remercier pour ce blog source d'inspiration et d'agrément.

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  2. Même hors pub, les clips et le cinéma abusent d'une certaine façon de filmer les paysages. Mais c'est dur à expliquer. Je ne sais pas pourquoi Costner a une manière de filmer les grandes plaines par exemple, qui m'a marquée, alors qu'ici je n'y ai vu qu'une esthétique usée jusqu'à la corde.

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  3. Je l'ai aussi vu en salle, et je serais moins sévère. Nous étions une quarantaine, sans doute grâce aux critiques relativement bonnes dont le film avait bénéficié à sa sortie. Je n'avais pas eu le temps d'écrire dessus à l'époque et du coup j'ai envie de le revoir, mais j'en ai gardé un bon souvenir.
    Une curiosité, avec finalement peu d'action mais une violence "sèche". J'aime beaucoup Sam Shepard, et ici, il est bourru à souhait, et porté par une mise en scène originale et une histoire sympa.

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