dimanche 11 octobre 2020

Deadwood : le film


 

2019

Daniel Minahan

Avec: Ian McShane, Timothy Olyphant, Molly Parker

 

J'ai quitté les rues boueuses de Deadwood il y a 12 ans. Je me souviens d'une série très soignée, réaliste, adulte, aux personnages complexes. Je me souviens de ces accès de violence brutaux, de la crudité du sexe, du langage ordurier omniprésent. Je me souviens également de dialogues ciselés et interminables, d'une intrigue qui n'avançait pas, d'épisodes entiers dans lesquels il ne se passait rien. L'ennui s'était même installé durablement lors de la saison 3, au point que je n'avais plus vraiment envie, à ce moment là de connaître la suite.

La suite est arrivée donc, plus de dix ans après la saison 3, sous forme d'un téléfilm qui vient bien tard pour contenter des fans qui n'étaient peut-être plus très nombreux à l'attendre. Pour ma part, je ne l'attendais plus, et j'avais depuis longtemps oublié la plupart des personnages et je n'avais plus aucun souvenir des intrigues qui avaient été laissées en suspend à la fin de la saison 3.

J'ai donc eu bien du mal à raccrocher les wagons dans ce film, malgré de nombreux flashbacks permettant de se rappeler certains points clés de l'intrigue. Mais bien souvent, ces flashbacks ne suffisent pas. J'avais par exemple complètement oublié que Hearst avait sectionné un doigt de Swearengen dans la saison 3. Un flashback me le rappelle au moment opportun, mais ça ne me dit pas pourquoi il s'est fait couper un doigt. De la même manière, certains flashbacks montrent une prostituée dans un cercueil, la gorge tranchée. Cet épisode semble avoir eu une certaine importance lors de la saison 3, mais je n'en ai plus aucun souvenir. Les acteurs ont vieilli, quand Hearst réapparait au début du film, je ne le reconnais pas. J'avais totalement oublié les personnages de Dan Dority, Sol Star, Charlie Utter, Alma Garret, E.B Farnum. Finalement les seuls personnages qui m'étaient restés en mémoire étaient Swearengen, Trixie, Hearst, Seth Bullock, Calamity Jane et le Doc Cochrane. Évidemment, dans ces conditions, difficile de rentrer dans le film avec facilité et plaisir.

Pour autant, le film peut être apprécié sans que l'on ait vues les trois saisons précédentes. Il s'agit ni plus ni moins de l'histoire classique de la Loi qui cherche à rendre justice face à la puissance des notables. Hearst revient auréolé de son titre de Sénateur. Il est toujours très très méchant et n'aime pas que l'on vienne se mettre au milieu de sa route, et en arrive rapidement au meurtre pour arriver à ses fins. Seth Bullock est l'homme de loi qui va s'opposer à Hearst de manière obtuse et rentre-dedans. C'est efficace. L'action est fréquente, l'intrigue se déroule avec fluidité et on a perdu les dialogues sans fin qui plombaient la série. Petit à petit, la tension monte, le suspense est à son comble. On s'attend à des retournements de situation, des gunfights, des coups tordus, des intimidations, des alliances et un règlement de compte final qui en laissera plus d'un sur le carreau.

Sauf qu'à ce moment là le film fait flop. En plein mariage de Trixie et Sol Star, comme l'on s'y attend, Hearst arrive avec deux sbires et l'on a peur de ce qui va se passer. Mais Seth Bullock s'interpose simplement, il arrête Hearst, laisse plus ou moins la foule le tabasser, et l'enferme en prison. Le temps pour Calamity Jane de lui sauver la mise, et le film se termine, sans qu'il y ait eu de véritable confrontation. Sans cette action de dernière minute, Calamity Jane n'aurait pas servi à grand chose. Swearengen également, ne sert à rien. Bien qu'il soit mourant, on pense qu'il va prendre part à l'action, se positionner, avoir un rôle décisif, mais rien du tout, il n'est que l'ombre du personnage qu'il était dans la série. La nouvelle venue dans le bordel de Swearengen n'a non plus ni passé, ni intérêt. C'est un peu comme si les scénaristes de ce téléfilm avaient commencé à écrire des rôles, des intrigues, à mettre en place une structure narrative pour une nouvelle saison complète de la série, mais qu'ils s'étaient rendu compte, un peu tard, qu'ils n'avaient droit qu'à deux heures de film. Même si Deadwood : le film se suit sans déplaisir, on reste sur sa faim, étonné de voir une fin qui n'en est pas une, submergé par une sensation d'immense gâchis. Dommage.

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