Critique Hombre - 1967
Voici une critique du western Hombre, parue en Juillet-Août 1967 dans le numéro 118 de la revue "Cinéma 67". La critique est signée Guy Braucourt. La revue montre El Dorado en couverture, malheureusement aucun article au sujet de ce film à l'intérieur.
HOMBRE.
Film américain, de Martin Ritt. - Int. : Paul Newman, Frederich March, Diane Cilento.
À l’époque des grossières contrefaçons de westerns réalisées par les Italiens et les Espagnols, à l’époque où un public trop indulgent se laisse jeter en guise de poudre aux yeux la poussière des chemins des Pouilles ou de l’Andalousie, on espère encore que la lumière reviendra de l’Ouest (américain). Las ! Ce ne sont pas les médiocres RETOUR DES SEPT (que, comble d’ironie, les Américains sont venus tourner en Espagne), TEXAS, NOUS VOILÀ (désolante pochade qui démontre par l’absurde que, cessant de croire en lui-même, le western n’a plus pour seule ressource que de se parodier lourdement) et ce HOMBRE signé Martin Ritt, qui feront renaître un genre bien décadent.
Pour moitié remake (inavoué, celui-ci) de LA CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE de Ford, le film de Ritt est composé par ailleurs de thèmes, de décors, de personnages qui traînent dans tous les westerns traditionnels. Diligence avec une demi-douzaine de passagers dont un financier véreux (Frederic March) et un héros (Paul Newman) dont la tare aux yeux des méchants est d’avoir été élevé par les Apaches, attaque de la diligence par les bandits, fusillade dans les rochers de l’Arizona (beau décor naturel mais déjà vu), marche dans le désert, cabane abandonnée et assiégée, affrontements moraux et raciaux dans le champ clos de la baraque, duel au soleil enfin et sacrifice chevaleresque du dur-égoïste-aux-yeux-bleus-mais-à-l’âme-généreuse. Tout y est, rien ne passe l’écran. Pourquoi ? Justement parce que « tout » c’est trop, et que faute d’un sujet personnel auquel il aurait tenu, le réalisateur de cette bonne méditation sur le western et la fin de l’Ouest d’antan qu’était HUD, s’est contenté de faire un film d’anthologie et de tout laisser reposer sur son interprète principal. Le temps n’est plus où ce genre noble avait ses maîtres, Ford, Mann, Walsh, Daves... À l’Ouest, rien de nouveau...
Guy Braucourt.
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