lundi 9 juillet 2007

La colline a des yeux - The blade

Aperçu d’un cinéma barbare et sans concession, avec en plus de quoi satisfaire l’amateur de westerns. Attention aux gâchages (spoilers)

  • la colline a des yeux
    2006
    Alexandre Aja d’après Wes Craven

    Le premier à y passer est un chien, puis un canari. On se dit qu’à ce rythme là on est pas couché, mais non, Alexandre Aja fait fissa disparaître la moitié du casting gentil, et là on réalise qu’on n’a pas vraiment le temps de mourir de soif dans le désert. Mais Aja nous trompe encore, car il aime bien les fausses pistes Aja. Le petit démocrate qui part tout seul à pied à l’avant non seulement survit contre toute attente mais en plus devient une espèce de Mad Max/Terminator acharné à retrouver son bébé. Couvert de sang, criblé de gnons, quelques doigts en moins après un bref passage au congelo, le petit commercial vendeur de téléphones vire irrévocablement républicain quand il choisit la pointe de sa monstrueuse hache pour achever un mutant encorseté. Déjà presque mort, il poursuit sa quête et il se prend encore des coups, et là où n’importe qui serait déjà anéanti, ce n’importe qui là semble avoir des ressources inépuisables. Ces nouveaux pères, c’est quelque chose !
    Le deuxième chien, non seulement ne se fera pas éventrer, mais en plus bouffera un handicapé difforme qui pourtant venait d’expliquer à l'ex démocrate « c’est pas nous les méchants, c’est vous qui avez fait de nous ce que nous sommes ! » Pas de chance, le chien aussi est républicain et sourd à ce genre de discours. Surtout qu’il n’en est pas à son premier coup d’essai, le chien, il a déjà ramené un bras de mutant un peu plus tôt. Bon chien !
    Autre chose. Plus vous êtes irradiés, plus vous êtes difformes, et plus vous êtes méchants. Le seul mutant à peu près OK est une petite fille presque pas difforme qui sauve le bébé. Si le nouveau père était resté démocrate, il aurait pu s’offusquer de cette attaque en règle contre les gens difformes, mais là il préfère buter ceux qui veulent bouffer son bébé. Ce qui nous amène au deuxième effet kiss kool des radiations : elles rendent la vie dure. Le monstre à la hache avait déjà été duraille à achever, le petit monstre aux lèvres tordues est carrément increvable. A vous de choisir : si vous voulez rester faible mais à peu près beau, restez où vous êtes. Si vous voulez être indestructible au détriment de votre équilibre morphologique et alimentaire, partez au nouveau Mexique.
    Tout film d’horreur qui se respecte a un message social à la Romero du genre « les monstres ne sont pas ceux qu’on croit ». Vous le trouverez dans la bouche de l’handicapé difforme cité plus haut. Mais c’est de pure forme, faut arrêter de déconner, les vrais méchants sont bien ceux qu’on croit, les tarés anthropophages déformés. Pourtant, si l’on scrute le body count à la fin du film, on l’établit comme suit :
    - gentils : trois morts (cinq si on compte le clebs et le canari mais bon…)
    - baddies : six morts (sept si on compte le pompiste)
    Certes, quand le film se termine, l’histoire n’est point finie, mais même si les mutants parviennent à mettre les trois gentils restants au frais sans perte dans leurs rangs, ça reste quand même une sacrée mauvaise opération. Alors, c’est qui les vrais méchants, hmmm ? ;-)

    Maintenant qu’on a bien déconné sur le fond, il reste la forme. Et je ne veux pas parler des trucs et astuces habituelles des films d’horreur : ça sursaute, ça charcle, ça taillade, ça hurle, c’est bien poisseux comme il faut. C’est fait et bien fait. C’est le reste qui finalement donne tout son intérêt à ce Colline a des yeux. Le désert minéral et rocailleux, l’ambiance suintante à la Peckinpah, avec le vent et les teintes rouges. La fatalité qui domine les lieux, avec ces mutants qui ne sont vraiment pas pressés, la poussière qui recouvre la ville fantôme et ces mannequins incongrus, le cratère rempli de bagnoles qui fait son petit effet même si on se demande comment ça n’a jamais été repéré par avion. Bref, toute une esthétique particulièrement réussie, mortifère et chaude, très lumineuse et pourtant désespérément inquiétante. L’amateur de western que je suis se régale avec le duel final, tout en se promettant de ne jamais mettre les pieds dans un désert américain sans un bon gros berger allemand bien entraîné et un fusil à pompe chargé. La vente d’armes est libre aux Etats-Unis, maintenant on sait pourquoi ! :-)


    The blade
    Tsui Hark
    1995

    The blade est un nouvel exemple de cinema barbare et sauvage, assez résolument westernien dans son approche. C’est une histoire de vengeance butée, bornée, contre vents et marées. C’est une histoire de violence au sabre effilé, ciselé, précise, sanglante. Les pièges claquent et sectionnent, les sabres coupent les membres, les acteurs virevoltent, la caméra virtuose les perd de vue mais les retrouve toujours. Le début donne violemment le ton, sauvage et anti-hollywoodien, où ce bon chien-chien typique américain se fait prendre dans un piège monstrueux, sous l’œil rigolard des chasseurs, scène qui rappelle la scène des poules dans Pat garret & Billy the Kid. Peckinpah encore, mais aussi le western spaghetti, dont l’influence asiatique n’est pas un mystère : Tsui Hark crée un monde de tenues hétéroclites et recherchées dans des décors fouillés et fouillis, bigarrés et bizarres pour l’œil occidental. Les regards et les poses en disent long, même si la « cool attitude » et la nonchalance spaghettienne sont ici remplacées par une frénésie de mouvements incessants.
    Pas besoin d’être adepte du film de sabre et connaisseur de toute la dynastie de films qui s’inspirèrent de l’histoire du sabreur manchot pour apprécier ce film là. Même si notre œil ne saisit pas toutes les subtilités, même si certains gestes et combats sont trop rapides (y compris les arrêts sur images qui doivent pourtant permettre la compréhension du geste, c’est dire…), l’amateur de prouesse athlétiques et de fureur combative décuplée par un code d’honneur moyenâgeux est aux anges. On ne compte plus les bonnes idées : le bout de sabre attaché à une chaine, le demi-manuel d’escrime, l’attaque de la manufacture d’arme, ni les scènes barbares (le supplice des torches). On ne compte plus non plus les morts, ni les ustensiles détruits, ni les décors en miette.
    Moins sophistiqué que Time and Tide du même réalisateur, The blade séduit plus parce qu’il se regarde moins filmer. Tout est visuellement beau, mais le spectateur n’est pas en permanence en train de se dire « ouah, encore un plan révolutionnaire », manière de dire que l’histoire passe avant la technique. Moins défoulatoire et délirant que les Il était une fois en chine, The Blade n’a bien sûr pas le même objectif, le premier degré, la violence et le sens tragique l’emportant sur la virtuosité, à part dans le dernier combat qui dépasse les limites en terme de vraisemblance. Mais bien sûr, ce n’est certes pas des problèmes de vraisemblance qui vont arrêter les lecteurs spaghettophiles de ce blog. Procurez vous ce film, vite !

  • 1 commentaire:

    1. J'en ai entendu parler, mais je ne l'ai pas encore vu! Quelle nouille!

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