lundi 9 juillet 2007

Les petites choses dans Cul et Chemise

La la la, un petit Bud Spencer et Terence Hill, ça ne vole pas haut, c'est idiot et c'est nul!
C'est pour ça qu'on regarde!


  • Terence Hill saute en parachute avec un vélo en kit dans le dos

  • On ne peut pas rêver mieux comme introduction. C’est con, ça sert à rien, mais c’est généreux, comme sait l’être à chaque fois le cinéma populaire italien. Terence Hill soigne ses scènes d’exposition, que ce soit tiré par un cheval (On l’appelle Trinita), jeté endormi d’une diligence (Un génie, deux associés, une cloche), endormi sous une bâche (Mon nom est personne). Je ne me souviens plus du début de Maintenant on l’appelle Plata, mais ça doit être aussi beau. Haaa, si la vie pouvait être comme ça !

     
     

     
     

  • Une Jeep à la flotte

  • Cela ne traîne guère. La jeep de Bud Spencer se retrouve illico presto à la flotte. Comme dans une BD, Spencer ressort, en recrachant de l’eau boueuse en un beau jet parabolique, le bob avachi sur les oreilles, avec le volant encore à la main. C’est crétin mais ça rassure tout de suite, on n’est pas en train de regarder Out of Africa


  • L’hippopotame se marre

  • Spencer à la flotte, il y a un hippopotame en plastique qui a vu toute la scène et qui se marre. Instantanément on se marre aussi, c’est comme ça, et si ce n’est pas le cas, revoyez Police Academy 7. Et puis ça permet de situer l’action en Afrique… L’hippopotame avait failli mourir, tué par les chasseurs qui étaient dans la Jeep de Bud Spencer. Car comme dans On continue à l’appeler Trinita, Spencer a un rôle ambivalent. Il cherche l’argent et ne se pose pas de question : il convoie des chasseurs friqués pour faire des cartons dans la brousse. Terence hill est là pour le ramener dans le droit chemin.

     


  • L’athlétisme de Terence Hill

  • Et oui, car c’est Terence Hill le bougre qui a foutu la jeep de Spencer à la flotte, d’un bon coup de fusil à lunette dans le pneu adéquat. Pour se faire pardonner, il s’offre une petite séance d’acrobatie dans les branches, comme ça, pour le plaisir, sans se dégonfler…


  • La chanson débile du générique

  • La chanson débile du générique, c’est un peu comme les huîtres avant la dinde, c’est le passage obligé pour se mettre en jambe, c’est le signal qui t’indique que tu t’es pas planté de film et que t’es pas en train de regarder African Queen. Spencer suit les traces de vélo de Terence Hill, quand je dis qu’il les suit, il les suit vraiment, tour de bosquets compris, pendant qu’apparaît au générique le nom d’Italo Zingarelli, un nom connu des spaghettophiles. Le générique c’est le signe que ça y est, la machine est en route, on est dans la déconne, et on y reste pour un bout de temps. Avant le générique, les pisse froids avaient encore une chance de quitter la salle indemne. Après le générique, impossible de quitter l’aventure en route sans se prendre une baffe à la Bud Spencer au passage. Et c’est donc la fonction principale de la scène pré-générique : évacuer tous comptables, experts financiers et autres employés de rectorat qui n’ont pas les neurones câblés dans le bon ordre pour être sensibles à ce genre d’humour…


  • La première baston

  • « Vous n’avez pas entendu, il a dit qu’elle était sacrée ! ». Bud Spencer flanque une rouste a deux ou trois types qui jouaient du couteau sur l’icône religieuse d’un petit commerçant. On ne se refait pas, Bud Spencer et Terence Hill défendent les petites gens, les pauvres, les faibles, ils défendent les autochtones contre la malveillance des blancs. Ils pourraient les défendre en portant plainte ou en montant une association loi 1901 contre les méfaits de la (dé)colonisation, mais non, ils taillent direct dans le gras, quitte à s’amuser au passage…

     
     

     

     

     
     

  • Une tétine rose sur le torse

  • Bud Spencer a une tétine de bébé sur le torse, comme d’autres portent leur téléphone portable autour du cou. Si vous trouvez ça con, vous avez parfaitement raison, mais écartez vous du chemin !


  • Tom et Slim

  • Ils auraient pu s’appeler par des patronymes qui sonnent plus glamour, par exemple John et Juan, Burt et California, Freddy et Jason, sauf que non, c’est Tom et Slim, rien que les sonorités de ces deux noms : Tom et Slim, allez y répétez les plusieurs fois : Tom et Slim, Tom et Slim, Tom et Slim, ça y est, vous vous marrez intérieurement, vous êtes mûrs pour ce petit film de Terence Hill et Bud Spencer, que je continuerai à appeler Bud Spencer et Terence Hill, parce que je sais jamais lequel est Tom et lequel est Slim…


  • Terence Hill rentre par la fenêtre

  • Chez l’imprimeur, comme ça, son sourire d’ange aux lèvres, il saute comme un gamin qui a toujours refusé de grandir. L’imprimeur est son pote, et il rentre par la fenêtre ouverte, sans doute parce que sinon il faudrait faire le tour, puis fermer la porte. Rentrer par la fenêtre, c’est faire fi des conventions sociales, c’est rester libre, c’est faire passer l’humain (le sourire radieux vers son ami) avant la bienséance (attends, je vais faire le tour par la porte, après je te montre comme je suis heureux de te revoir : ridicule). La sincérité absolue du geste, l’humanité la plus parfaite. Terence Hill c’est la gentillesse incarnée.


     

     

     
     

  • Le petit message écolo

  • Terence Hill n’aime pas qu’on chasse les animaux ! C’est joli comme tout. Hill et Spencer prennent la défense des africains et de leur écosystème contre les méchants blancs. Mais remarquons qu’une fois de plus, les noirs sont incapables de se défendre seuls, il faut qu’ils trouvent des blancs responsables pour le faire. Le film pourrait alors faire écho à certaines propositions de certains partis de droite assez extrême qui proposent de créer une sorte de néo-colonialisme, puisque l’Afrique semble incapable de s’en sortir seule. Mais la gauche de Bud Spencer est aussi extrême que sa droite en terme de puissance de frappe, alors l’équilibre est plutôt bien respecté.


  • La tête de Terence Hill

  • Terence Hill se fritte avec les hommes d’Ordmond qui veulent détruire une sorte d’immonde baraque au bord de l’eau. Terence Hill a sa tête des grands jours : le sourire jusqu’aux oreilles, les yeux qui pétillent comme ceux d’un chien dans une usine Pedigree, la casquette vissée sur les oreilles. Il tape sur les doigts d’un grand costaud qui lui propose de l’argent, jusqu’à ce que celui-ci trébuche à la flotte après avoir crié « Je ne peux pas aller plus loin ! ». Plouf, dans l’eau ! Mettre les méchants à la baille, c’est ce qu’on a trouvé de plus sympathiquement efficace, amusant et ridicule depuis le burlesque du début du cinéma. On peut évidemment être tenté de trouver ça éculé, voire plus drôle du tout. Le problème quand on en arrive là, c’est qu’on est devenu un vieux con avant l’âge. On a trop lu à droite et à gauche ce qui doit être drôle et ce qui ne doit pas l’être. Pourtant faîtes l’expérience, montrez Charlot Policeman à une classe de ZEP qui n’a jamais entendu parlé de Charlot : ils se marreront comme des tordus. Montrez leur Cul et chemise ensuite. Ils n’ont jamais entendu parler de Bud Spencer et Terence Hill non plus, et ils seront pliés de rire tout pareil. Répétez l’expérience avec un panel de lecteurs de Télérama (dont j’ai longtemps fais partie, là n’est pas la question) : ils souriront vaguement devant Charlot, ils feront la moue devant Cul et Chemise (parce que pchrrrt, chttttt, ça se fait pas d’aimer Bud Spencer et Terence Hill…). Conclusion, pour garder de la spontanéité dans le rire, faîtes vos études en ZEP !


  • Bud contre un karatéka

  • Un client japonais plutôt teigneux s’en prend à Bud Spencer à grand renfort de gestes de karatékas plus comiques qu’impressionnant. Bud Spencer désamorce tout en lui balançant une baffe sur la nuque qui lui fait faire un saut périlleux vers l’avant. Voilà qui ressemble fort au gag le plus drôle de l’histoire du cinéma, à savoir celui où Harrison Ford descend le type au sabre dans le premier Indiana jones. Il y a aussi fort à parier que Jacques Séguéla pensait à Bud Spencer quand il a trouvé le slogan « La force tranquille » pour Mitterrand.


     

     

     
     

  • La poêle et l’omelette

  • Pour la troisième fois au moins, Bud Spencer tatane les trois mêmes abrutis d’hommes de mains du cruel Ordmond. Cette fois il utilise une poêle avec une omelette dedans, après les avoir invité à manger. Il faut voir les yeux pétillants des brutes saliver quand ils voient ce qu’il y a dans la poêle. Juste avant, Hill et Spencer étaient déjà limite en train de s’aboyer dessus pour savoir qui allait surveiller la cuisson de la chose. La bouffe, dans ce type de production, est un élément comique qu’on retrouve rarement ailleurs. Ca ne fera plus rire nos amis occidentaux qui rôtent consciencieusement, quand à chaque Noël une montagne de bouffe proprement obscène s’étale dans les grands magasins. Mais à l’époque, et encore aujourd’hui où la faim dans le monde n’est pas une entourloupe de scénaristes, rire de la gourmandise entrait en résonance avec la situation particulière de bon nombre de spectateurs…


  • Le bras de fer avec Monsieur Muscle

  • Il en fallait une, de confrontation avec un bellâtre musclé. Terence Hill le félicite pour sa gonflette, ce qui provoque un sourire modeste totalement niais sur le visage du bellâtre. Hill lui laisse un léger avantage au bras de fer, mais c’est pour mieux lui mettre une baigne qui fait mal à la jointure épaule/cou. Pendant ce temps, Bud Spencer grogne qu’il a faim et l’enjoint à se dépêcher. Le bellâtre se retrouve catapulté à travers la porte. Ce serait nul si c’était pas aussi con à chaque fois…


  • Petites arnaques sur les touristes

  • Le tourisme fait déjà des ravages dans Cul et Chemise comme il en faisait déjà à la même époque dans les bronzés où les touristes achètent n’importent quoi tant que c’est local. Bud Spencer touche son pourcentage…


  • Petits florilège des coups de Bud Spencer

  • 1) Le coup de poing direct
    2) La baffe sur la nuque
    3) Le coup de poing sur la tête
     

    4) Le jeté de personnes

     
    5) La mélée
     

     
     

     
     

  • Le repas

  • Comme à chaque fois, c’est anthologique. Pendant que Terence Hill mélange caviar beurre et champagne, Bud Spencer se rince les doigts dans le pichet d’eau. Il a besoin de trois serviettes autour du cou alors que Terence Hill, lui, mange les langoustines avec la carapace. Quand tout le monde a bien rôté, bien mangé, Ordmond, Spencer et le bellâtre font un concours de cassage de côtes de bœuf avec les doigts. C’est pas pire que de discuter politique…

     


  • Dans la cage aux fauves

  • A plusieurs reprises, des fauves entrent en action. A plusieurs reprises, on voit Hill et Spencer au milieu des bêtes. Et j’ai bien regardé, on ne dirait pas des doublures. Il semblerait que ces gars là avaient la même assurance dans la vie que dans leurs films…


  • Le Casino

  • Mettre Bud Spencer et Terence Hill dans un casino, cela a bien sûr la même fonction que mettre Terence Hill et Bud Spencer dans un restaurant chic : faire rire le peuple d’en bas qui bave devant les richesses et le luxe de la haute société mais qui en méprise profondément les codes de bienséance et la raideur d’esprit. Pendant que Spencer réédite le vieux gag de la chaise avec un Duc embourgeoisé, Terence Hill change les règles du jeu à son bon plaisir. C’est du domaine du fantasme pour les quatre cinquièmes de la planète, alors inutile de faire la fine bouche. Terence Hill (ou sa doublure pour les mains) mélange les cartes de la même façon que dans bon nombre de ses films, ce qui ne manque pas d’exaspérer Bud Spencer qui se prend la tête entre les mains. Respirez, vous avez déjà oublié tous vos soucis…


  • Vautrés dans les pneus

  • Ils sont là, tous les deux, vautrés dans des gros pneus au milieu de bidons, à bailler et ne rien faire. Le détail n’est pas anodin, le pneu est presque un élément iconique du tiers monde. Voyez toutes les représentations des pays pauvres, des bidonvilles, des camps de réfugiés : il y a toujours des pneus partout. Outre l’élément comique de voir nos héros éternellement paresseux, le pneu reprécise clairement dans quel camp nos deux loustics se situent. Si on les avait vu affalés dans un hamac, même sale, la portée n’aurait pas été la même, surtout que Bud Spencer dans un hamac, ça doit faire toucher la cime des deux arbres qui le supportent…


  • Une évasion au bulldozer

  • Plutôt que de tirer sur les barreaux de la prison avec un cheval, Terence Hill tire dessus avec un bon gros bulldozer. Finalement ces gars là n’ont toujours fait que des westerns !


  • L’arche de Noé se vide

  • C’est une magnifique image, réalisée avec ambition, pour faire plaisir aux enfants et aux autres, de voir tous ces animaux sauvages qui s’échappent du bateau des trafiquants. Un peu de poésie dans ce monde de brutes au cœur d’or.

     
     

     
     

  • La confrontation finale

  • C’est que ça deviendrait presque sérieux et épique ! Bud Spencer se mesure enfin au boxeur Ordmond, dans une scène qui rappelle fortement le combat avec le grand black dans Les quatre de l’Ave Maria. Ordmond et Spencer se frappent chacun leur tour, et c’est le premier qui s’écroule qui perd. Ils ont tous les deux mal, ils souffrent, ils soufflent et ils pleurent presque. Au final bien sûr, Spencer reste debout, mais il est épuisé et le spectateur en reste presque bouche bée. Heureusement, les deux amis se reprennent et détendent l’atmosphère en balançant tout le monde à la flotte ! Oui oui, même toi le monsieur friqué et bien habillé !

    Le générique reprend, avec la même petite musique idiote et entêtante, le sourire ravi qui n’a pas quitté vos oreilles depuis le début du film se détend légèrement car une pointe de monde réel vient de faire irruption dans votre cerveau, vous venez de vous souvenir que vous travaillez le lendemain, que le chat a faim, que le ménage n’est pas fait, qu’il faudrait vraiment appeler l’assureur pour cette histoire d’impayé suite à une erreur informatique de la banque au niveau de prélèvement automatique. Que nenni mes bons amis, résistez, ne vous laissez pas envahir par le quotidien ! Allez chercher des pneus et entassez les devant votre télé, ouvrez une boite de haricots au lards, et mettez vous Salut l’ami, adieu le trésor !


    3 commentaires:

    1. super je trouve ! Ton interprétation me fait rire comme un enfant! J'aimerais juste connaître le nom de la petite chanson idiote . Merci d'avance

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    2. La chanson de Cul et chemise s'appelle "Grau grau", et sert de thème principal au film.
      Tu peux l'entendre ici http://www.youtube.com/watch?v=aRpl4PKixlI

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    3. ah merci depuis ltemps que j'la cherchai merci beaucoup

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