La mort était au rendez-vous
Da uomo a uomo
1967
Giulio Petroni
Avec Lee Van Cleef, John Philip Law
1967
Giulio Petroni
Avec Lee Van Cleef, John Philip Law
Un petit garçon voit toute sa famille massacrée un soir de pluie par 4 ou 5 types très tibulaires, et ce qu’il va faire devenu adulte, et bien, ce n’est pas trop difficile à deviner. Jeune et fougueux, il va chercher à se venger bien sûr, sauf que, sauf que, il y a le Colonel Mortimer sur son chemin.
La mort était au rendez-vous est le parfait western italien, qui copie tout sur Leone (et surtout Et pour quelques dollars de plus) avec talent et bonne conscience, et qui parvient tout de même à dégager un parfum d’authenticité de genre réjouissant. Adulte et enfantin à la fois, le scénario offre son lot de violence à l’italienne tout en restant sobre dans la démesure. Les relations père/fils entre Lee Van Cleef et Clint East… heuu John Philip Law ainsi que le thème de la ville corrompue et les magouilles du méchant inscrivent le film dans un registre adulte et sombre, tandis que le motif de la vengeance bornée associée à des éléments figuratifs simplistes (l’éperon, le tatouage, la balafre etc) rappellent la logique de films destinés plutôt aux plus jeunes comme Le Dollar Troué ou Wanted avec leurs revolvers aux canons sciés et leurs fers de marquage qui reviennent tels des leitmotivs visuels tout aux long du film.
De même, contrairement à des films ultérieurs type Sabata, la mort porte sa signification, même chez les méchants. Lorsque Clint… heuu John Philip Law abat l’un des meurtriers et accomplit ainsi sa vengeance, il se retrouve confronté au frère du défunt ivre de rage qui est bien décidé lui aussi à se venger. La litanie n’en finit pas, et bien que la pirouette scénaristique qui fait du frère l’un des meurtriers recherché permet facilement de faire oublier que la vengeance appelle toujours la vengeance, ce passage montre des méchants à visage humain, au sens tragique prononcé comme dans les tous meilleurs westerns spaghetti de la période noire.
Par contre, les coups de pute continuels entre Clint Philip Law et Lee Van Cleef à base d’abandon répétés dans le désert – sans aucune conséquence dramatique – contrebalancés par des sauvetages de l’un par l’autre à chaque fois qu’une situation délicate pointe le bout de son nez, rappellent plus l’esprit « libertaire » du western spaghetti, où les contingences matérielles n’ont décidément pas prise sur la réalité. Lee Van Cleef, abandonné sans cheval au milieu de nulle part, arrive dans le pueblo, déguisé en peon avec des ânes et des armes en nombre suffisant pour fomenter une petite révolution. Et il arrive pile avant que Clint Philip Law soit cuit à point, ce qui tombe plutôt à pic.
Cette dualité de genre, entre le registre sombre et flamboyant, et le registre aventures enfantines se retrouve également dans la mise en scène. Giré en parle dans son livre, La mort était au rendez vous offre deux très belles séquences : d’abord, le massacre inaugural, sous la pluie battante, grinçant et persécuté par une musique asynchrone d’Ennio Morricone, indique très clairement qu’on n’est pas ici pour voir un film où John Wayne va taper la discute pendant trois quarts d’heure avec une nana sous un arbre, avec tout le respect qu’on lui doit. Ensuite cette scène, où Lee van Cleef se moque gentiment de Clint Philip Law enterré sous le soleil pendant que la musique d’Ennio Morricone s’entête et accompagne tous les villageois qui surgissent de leurs maisons les uns après les autres pour venir le déterrer, donne une idée du talent de réalisateur de Petroni quand il s’en donne la peine. A l’inverse, la volonté de vouloir trop en mettre, de condenser en un quart d’heure une résistance paysanne type Les sept mercenaires, puis un siège éprouvant et lancinant sur fond d’ersatz de Deguello à la Rio Bravo/Alamo puis un shoot’em up dans la poussière à la Et pour quelques dollars de plus démolit complètement la crédibilité de l’entreprise et range plutôt le film dans le genre « aventures à la queue leu leu où on ne se prend pas la tête ». Tant pis et tant mieux. La mort était au rendez vous, à défaut d’être le grand film qu’il aurait pu être, est le parfait étalon du parfait western spaghetti, ce qui n’est pas rien. Le type de western spaghetti avec un titre pas trop con, ce qui vous permet déjà de le proposer à votre entourage sans entendre fuser les rires, sans trop de démesure violente et tortionnaire, ce qui pourrait permettre à votre môman et à vos enfants de le voir avec plaisir, suffisamment bien réalisé, suffisamment inventif et haletant pour que ceux qui ont vu Et pour quelques dollars de plus il y a un certain temps déjà ne ricanent pas trop devant le plagiat du style Leonien, suffisamment réussi, en bref, pour s’adresser à tout le monde, et pas seulement au fan indulgent qui saute au plafond de joie dès qu’il y a un peu de trompette ou Anthony Steffen qui dégaine...
De même, contrairement à des films ultérieurs type Sabata, la mort porte sa signification, même chez les méchants. Lorsque Clint… heuu John Philip Law abat l’un des meurtriers et accomplit ainsi sa vengeance, il se retrouve confronté au frère du défunt ivre de rage qui est bien décidé lui aussi à se venger. La litanie n’en finit pas, et bien que la pirouette scénaristique qui fait du frère l’un des meurtriers recherché permet facilement de faire oublier que la vengeance appelle toujours la vengeance, ce passage montre des méchants à visage humain, au sens tragique prononcé comme dans les tous meilleurs westerns spaghetti de la période noire.
Par contre, les coups de pute continuels entre Clint Philip Law et Lee Van Cleef à base d’abandon répétés dans le désert – sans aucune conséquence dramatique – contrebalancés par des sauvetages de l’un par l’autre à chaque fois qu’une situation délicate pointe le bout de son nez, rappellent plus l’esprit « libertaire » du western spaghetti, où les contingences matérielles n’ont décidément pas prise sur la réalité. Lee Van Cleef, abandonné sans cheval au milieu de nulle part, arrive dans le pueblo, déguisé en peon avec des ânes et des armes en nombre suffisant pour fomenter une petite révolution. Et il arrive pile avant que Clint Philip Law soit cuit à point, ce qui tombe plutôt à pic.
Cette dualité de genre, entre le registre sombre et flamboyant, et le registre aventures enfantines se retrouve également dans la mise en scène. Giré en parle dans son livre, La mort était au rendez vous offre deux très belles séquences : d’abord, le massacre inaugural, sous la pluie battante, grinçant et persécuté par une musique asynchrone d’Ennio Morricone, indique très clairement qu’on n’est pas ici pour voir un film où John Wayne va taper la discute pendant trois quarts d’heure avec une nana sous un arbre, avec tout le respect qu’on lui doit. Ensuite cette scène, où Lee van Cleef se moque gentiment de Clint Philip Law enterré sous le soleil pendant que la musique d’Ennio Morricone s’entête et accompagne tous les villageois qui surgissent de leurs maisons les uns après les autres pour venir le déterrer, donne une idée du talent de réalisateur de Petroni quand il s’en donne la peine. A l’inverse, la volonté de vouloir trop en mettre, de condenser en un quart d’heure une résistance paysanne type Les sept mercenaires, puis un siège éprouvant et lancinant sur fond d’ersatz de Deguello à la Rio Bravo/Alamo puis un shoot’em up dans la poussière à la Et pour quelques dollars de plus démolit complètement la crédibilité de l’entreprise et range plutôt le film dans le genre « aventures à la queue leu leu où on ne se prend pas la tête ». Tant pis et tant mieux. La mort était au rendez vous, à défaut d’être le grand film qu’il aurait pu être, est le parfait étalon du parfait western spaghetti, ce qui n’est pas rien. Le type de western spaghetti avec un titre pas trop con, ce qui vous permet déjà de le proposer à votre entourage sans entendre fuser les rires, sans trop de démesure violente et tortionnaire, ce qui pourrait permettre à votre môman et à vos enfants de le voir avec plaisir, suffisamment bien réalisé, suffisamment inventif et haletant pour que ceux qui ont vu Et pour quelques dollars de plus il y a un certain temps déjà ne ricanent pas trop devant le plagiat du style Leonien, suffisamment réussi, en bref, pour s’adresser à tout le monde, et pas seulement au fan indulgent qui saute au plafond de joie dès qu’il y a un peu de trompette ou Anthony Steffen qui dégaine...
Où le voir : Et c’est là en plus ce qui est génial, le film est disponible en DVD MGM avec piste française excellente. Le seul hic, c’est qu’il n’est pas dispo en France, il faut le commander sur Internet (AMAZONE.UK, PLAY.COM). Titre anglais : Death rides a horse. A vous de jouer !
[Edit] Désormais disponible en DVD franco-français!
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