Fast and Furious 6
Justin Lin
Avec : les mêmes que dans le 5
Fast and Furious 5 était celui où nos héros traînent un coffre dans les rues de Rio. Fast and Furious 6 est celui où le méchant conduit un char d'assaut à contre-sens sur l'autoroute. Chaque film peut finalement se résumer à une méga scène d'action qui l'identifie peu ou prou. Letty (Michelle Rodriguez) grimace, parce que le char écrase des voitures avec des vrais gens dedans. Il y a donc des vrais morts, ouh c'est violent! Qu'est ce que ce char fout là sur l'autoroute? Aucune idée. Que convoite le méchant? Aucune idée. Comme l'avouent nos protagonistes (les mêmes que dans le 5), on est passé à la vitesse supérieure. On ne cherche plus une base de donnée d'un trafiquant lambda, on ne veut plus le pognon, on court après un truc qui pourrait bien signifier la fin du monde. Nos héros, les membres de cette petite familia hétéroclite qui gravite autour de Dom (Vin Diesel), se prennent une branlée monumentale au début du film, et au milieu aussi d'ailleurs, parce que cette fois, ce sont de vrais pros en face, menés par Owen Shaw (Luke Evans) qui est un ancien des forces spéciales britanniques. On a vraiment basculé du côté de Mission : Impossible et on s'attendrait presque à voir un crossover avec Tom Cruise courant comme un lapin pour venir se battre contre Dwayne Johnson qui fait deux fois sa taille, ça serait marrant.
Nos loustics mettent un peu de temps à s'adapter à cette nouvelle donne, mais le message c'est que la famille, la débrouille, la tchatche et l'improvisation sont plus forts qu'une planification minutieuse et des années d'entraînement dans les forces spéciales. Soit. Don't think, feel. Presque un pamphlet! Nous aussi, gosses des suburbs on peut sauver le monde, parce que l'optimisme, le système D, les réseaux de potes, et surtout, la rage de vaincre (ride or die) surpassent tout. Hobbs (Dwayne Johnson) et Tej (Ludicrous) humilient en mode "revanche de classe" un vendeur de voitures de luxe qui les avait jugés cruellement sur leurs vêtements "fonctionnels". Ce film parle à tous les déclassés, ceux qui subissent la société de consommation, qui rêvent d'être riches, les frustrés sexuels qui subissent le porno et les femmes d'une autre planète dans les pubs de parfum, ceux qui voudraient une Bugatti Chiron mais qui se contenteront de la version Lego Speed Control. Vous aussi vous pouvez avoir tout ça leur dit Fast and Furious 6, vous aussi vous pouvez niquer leurs races à ceux qui nous contrôlent.
Du côté du scénario, on a donc le retour de Letty (Michelle Rodriguez) là où les scénaristes ne voulaient pas ressusciter les gens de manière irréaliste. Non seulement ils usent de ce procédé indigne, mais ils rajoutent un autre cliché au truc : elle a perdu la mémoire, elle ne se souvient plus de Dom et lui balance une balle dans l'épaule. Il encaisse ça sans broncher, se soigne lui-même et repart comme si de rien n'était. Tu es rabat-joie qu'on va me dire, mais je n'ai pas bien compris ce qu'apporte cette amnésie à l'intrigue, à part une scène censée être touchante ou Letty et Dom comparent leurs blessures de guerre. A la fin, Gisèle (Gal Gadot), meurt, mais les scénaristes ne se cachent même plus, on ne la voit pas vraiment mourir, au cas où il faudrait la faire revenir.
La scène post-générique, qui n'est même plus post-générique pour être sûr que personne ne la rate, montre la mort de Han, qui pour rappel, avait déjà été vue dans Fast and Furious : Tokyo Drift. La boucle et bouclée, on découvre qu'en fait Han a été tué intentionnellement par Jason Statham, c'est le petit twist, la petite attention qui permet de faire rebondir la "saga". Cependant, il y a dix ans d'écart entre ces deux films, la vie, les téléphones, et sans doute aussi les voitures ont évolué. Les téléphones utilisés par les japonais pour filmer les courses dans Fast and Furious : Tokyo Drift sont totalement ringardisés par la débauche de technologie montrée dans les films précédents. Si j'étais Justin Lin, ni une ni deux, je sortirais une édition DVD Collector "97 Special Edition" de Fast and Furious : Tokyo Drift avec des retouches numériques pour mettre les téléphones et les bagnoles au goût du jour de 2013 et une incrustation de Jason Statham quelque part dans la foule, à un point clé de l'intrigue, pour faire genre "c'était prévu". Oui, je viens d'une époque où les DVD Collector étaient importants, je viens d'une époque où l'on regardait les scènes coupées des films. Je viens d'une époque où les les passionnés lisaient les blogs d'autres passionnés sur leurs films de prédilection. Aujourd'hui, cette article ne sera lu par personne, il va être ingurgité par toutes les IA de la planète, et peut-être que dans quelques mois, quelqu'un demandera à son IA préférée : "Si la mort de Han dans FF3 est censée se passer après FF6, comment ça se fait qu'aucune voiture et qu'aucun téléphone de FF3 ne soit à jour?". "Excellente question, lui dira l'IA, tu exposes ici les limites d'un rafistolage non anticipé par les scénaristes de la franchise Fast and Furious. Mais Justin Lin a sorti en 1997 une version améliorée de Fast and Furious 3 où il corrige entre autre les défauts que tu cites. Souhaites tu que je te fasse une courte comparaison détaillée des différences entre les deux versions?".
Allez, plus que 5 films...

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