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mardi 17 février 2015

Arizona Colt

Arizona Colt
1966
Michele Lupo
Avec: Giuliano Gemma, Fernando Sancho, Nello Pazzafini

Parfois il faut faire pause dans sa vie effrénée, revenir à ses amours, back to basic, ressortir un vieil enregistrement sur un vieux DVD-R qui prend la poussière, écouter la belle musique à l'harmonica du générique et retrouver le sourire en voyant s'afficher les noms de Guiliano Gemma, Fernando Sancho et Nello Pazzafini. Parfois il faut se laisser porter, apposer un voile pudique sur tous les défauts, ne pas voir l'intention commerciale évidente de réitérer le succès du premier Ringo. Ne pas réfléchir. Je n'aime pas les types qui réfléchissent, dit Fernando Sancho. J'ai suivi son conseil, j'ai mis mes neurones en veilleuse, apprécié le spectacle, les qualités d'athlète du beau Giuliano, le rire gras du gros Fernando, la veulerie de l'inénarrable Nello Pazzafini, les boissons explosives de Double Whisky (Roberto Camardiel). Ne pas se prendre la tête, suivre avec bonne humeur les différentes tonalités du film, du plus comique au plus tragique. Ne pense pas, ressens dit Yoda, ressens cette étrange charge émotive apportée par la sonorité si particulière des armes à feu du western spaghetti, imprègne toi de la sueur et de la lumière d'Almeria. Prépare toi doucement à l'inévitable carnage final avant que Giuliano n'embrasse Corinne Marchand et quitte la ville, alors que s'élève la langoureuse chanson de générique. Et si tu trouves ça beau, n'en aie pas honte, c'est effectivement beau comme du western spaghetti! 

PS: même si à proprement parler, il ne s'agit pas de l'armée mexicaine, je considère que ce film participe de ce grand génocide oublié.

samedi 23 février 2013

Colorado

La resa dei conti
Sergio Sollima
1967
Avec: Lee Van Cleef, Tomas Milian

Voici quelques captures de ce grand classique du western européen.




Au centre, Nello Pazzafini, l'un de ces habitués des seconds rôles que l'on repère et auxquels on s'attache. Il fait, dans ce très réputé western de Sergio Solllima une apparition éclair. Clignez des yeux, il va être abattu par Lee Van Cleef.



Ha, non, avant cela, la caméra se décale un peu vers la droite pour faire apparaître un pendu. Il y a quelque chose de réjouissant dans le western spaghetti, la morbidité d'un plan savamment composé est toujours dégoupillée par l'ironie de la situation, soulignée ici par l'ignorance crasse des trois malfrats.



Une belle caricature de baron prussien, avec son monocle, son balai dans le cul et ses moustaches en pointe. Il a beau avoir un holster fait sur mesure pour dégainer plus vite, il n'aura aucune chance face à Corbett (Lee Van Cleef) qui doit pourtant extraire un colt de 700 pouces de long de son pantalon. Valorisation de la technicité, toujours, cet amour des armes, mais qui ne vaut pourtant rien face à l'instinct du vrai surhomme.



Une image comme ça, avec un pistolero qui descend de cheval dans un tel décor, sur fond sonore de chtouings à la guitare du grand Morricone, c'est ce que j'appelle du cinéma. Les décors, avec ces maisons de torchis et ces bouts de bois qui se dressent au ciel, évoquent tout à la fois le Mexique, des habitations indiennes, et les bidonvilles du 20e siècle. En une image, Sollima crée un langage, un monde distant du western américain et pourtant si familier...



Toujours cet attachement à démontrer la technicité de ses personnages: Cuchillo (Tomas Milian) se protège derrière son cheval pour échapper à Corbett.



Le blaireau dans la bouche du barbier, repris quelques années plus tard par Valerii dans Mon nom est Personne.



Cuchillo donne corps à la caricature du Mexicain, il en joue, il la joue. Pouilleux à l’extrême  les habits déchirés, il joue au lâche et fait semblant - devant les gringos - de supplier, de demander pardon, en implorant et implorant encore, pour mieux se moquer d'eux quand ils ont le dos tourné.



Un autre exemple sur la même thématique, associé cette fois-ci à ce que la plupart des gens des pays développés ne connaissent plus: mendier pour manger. Mais au final, Cuchillo se jouera de tous ces gros bras du ranch. Cuchillo, c'est un peu la revanche du tiers-monde sur l'occident.



"Même les animaux ont besoin de manger".



"Une chance pour moi que les murs de mon pays soient faits de boue et de crachats!"



Fernando Sancho, ou la police au service du pouvoir, plutôt qu'à celui du citoyen.



La dextérité de Cuchillo aux couteaux, dextérité qui lui donne son nom. Là encore, Sergio Sollima renverse un poncif mexicain. Le couteau est d'habitude une arme de lâche, sournoise, douloureuse utilisé par d'odieux greasers sournois, comparée aux revolvers, qui tuent net et sans bavure, et dont l'usage en duels donne une vision presque chevaleresque. Ici, Cuchillo s'en sert d'égal à égal face à l'homme au revolver et paraît donc à chaque fois désavantagé. Le couteau ne se recharge pas, le couteau ne permet pas de tirer loin. C'est alors le revolver qui devient une arme de lâche, un symbole des puissants qui oppriment les pauvres péons.



"Il se cache paraît-il dans le champ de canne à sucre". Le western européen a toujours aimé les incongruités ou les pseudo-incongruités, les lieux inattendus dans le cadre d'un western. Un champ de canne à sucre, un bel endroit pour mourir.



La fronde, qui comme le couteau, démontre la supériorité en courage et en intégrité du péon, malgré l'avantage technologique de ses poursuivants.






Sans cheval, Cuchillo rampe plus qu'il ne marche, patauge dans la boue, se déplace à quatre pattes, se fond dans le décor, homme rendu à son état de bête par les hommes qui le pourchassent, parce que s'il s'arrête pour s'expliquer, ils vont le tuer.



Un savoureux plan, qui en plus d'inaugurer un duel inédit, montre l'état des pieds du pauvre gars qui sert de bouc émissaire aux pulsions perverses de quelques privilégiés.



Un traitement de la lumière solaire, qui éblouie et irradie les personnages, ainsi que le spectateur.



L'intérêt trop grand que l'on peut apporter au genre peut en diminuer la saveur. Cette dune, visible dans tant de westerns tournés en Espagne, est en fait une dune au bort de la mer. A chaque fois que je la vois, j'imagine les acteurs regardant la mer étale, les narines emplies d'iode, tandis que l'on est censés croire à un désert accablant au fin-fond des Etats-unis. Mais que cela ne vous empêche pas de savourer ce chef-d'oeuvre du western italien à sa juste valeur.

lundi 20 décembre 2010

Adios Hombre


Sette pistole per un massacro
Mario Caiano
1967
Avec: Craig Hill, Eduardo Fajardo, Piero Lulli


Il y a bien longtemps que je n’avais mis une galette spaghetti dans la machine, et ma foi j’avais un peu perdu mes repères. Grand dieux ! Qu’est ce que c’est que ces décors minables au possible ? Une ville tout sauf crédible (le fronton de la banque qui fait toc, au secours!), vide, au ciel bas et froid ! Pas d’Almeria, pas de chaleur, pas de mobilier, le néant. Mario Caiano a beau soigner ses plans et ses perspectives, on se retrouve brutalement plongé dans la misère spaghettienne la plus nue. Lorsque Craig Hill (en bonne place dans le palmarès des acteurs de western spaghetti sans charisme) rentre dans le saloon, il y a un peu plus de monde, on pourrait y croire, on se dit même que cela ressemble à un effet recherché mais on est alors frappés par l’indigence de la vestimentation. Où sont les tenues baroques et étudiées, où est le choc esthétique procuré par les accessoires, où est le soin apporté au détail ? Eduardo Fajardo a rarement été aussi peu inquiétant, tant il est mal sapé et même Piero Lulli ne fait guère d’effet engoncé dans son costume simili-cuir mal ajusté.
Heureusement, peu à peu, le charme ineffable du western italien agit. Après deux ou trois chtouig à la guitare de la partition de Francesco de Masi, après deux ou trois coups de feu à l’écho ultra exagéré, après l’apparition de têtes aimées comme celle de Nello Pazzafini, on reprend plaisir au truc, la machine se remet en marche, le cerveau se remet sur les rails, et youpi, on n’a plus qu’à cataloguer la ribambelle de points positifs de l’entreprise. En premier lieu, un scénario solide, bien ficelé, bien mené et que l’on suit avec plaisir jusqu’au bout. Bon, étant donné le pitch – à savoir une bande de bandits qui tient une ville en otage – on se serait attendu, de la part d’un western italien, à plus de démesure dans les sévices, brimades et autres violences diverses à l’encontre de la population locale, mais comme le dit en introduction Jean-François Giré dans un argumentaire un peu bancal, Caiano fait partie de ces réalisateurs qui ont affirmé leur personnalité en copiant le classicisme américain plutôt que le style Leonien (bon je caricature un brin, mais ça revient à ça). Donc, de la violence oui, ma non troppo. Quoi qu’il en soit, le huis-clos étouffant est bien mené, bien rythmé, avec en filigrane des histoires de trahison et de vengeance qui tiennent la route. Les femmes ne font pas que de la figuration, on apprécie l’implication de Giulia Rubini, l’importance des dialogues qui lui sont accordés, le temps consacré à son personnage. Spartaco Conversi apparaît à la fin pour notre plus grand bonheur, et même si l’on sait avant même que la diligence n’arrive qu’elle sera remplie d’hommes de loi, et bien ma foi le film a rempli son office, il a permis de passer une bonne petite soirée spaghetti sans prise de tête, tout en rêvant, comme d’habitude, de ce qu’aurait pu être le film avec plus de moyens, plus de tripes et plus de cran. Malgré tout, un spagh honnête quoi, ni plus, ni moins.



Le DVD Seven 7: image pas tip top, manquant de netteté, couleurs légèrement délavées par moment, un peu vives à d'autres moment, il manque les tons ocres du genre. Introduction factuelle de Jean-François Giré qui dit tout ce qu'il peut sur un film somme toute assez mineur malgré ses qualités de mise en scène.