jeudi 27 septembre 2007

La brute, le colt et le karaté






Là dove non batte il sole
1974
Antonio Margheriti
Avec Lee Van Cleef, Lo Lieh



C’est encore et toujours une course au trésor, leitmotiv incontournable du western spaghetti, ou plutôt c’est une course aux indices pour trouver le lieu d’un trésor. Je ne vais pas dévoiler où sont situés ces indices vu que connaître ce détail à l’avance gâche environ 60% de l’intérêt du film, mais en tout cas, ceux qui ont déjà vu Viva la muerte…tua ne seront pas surpris !





Les 40% d’intérêt restant résident dans le mélange des genres western et kung fu que je n’ai jamais beaucoup apprécié pour une simple raison de crédibilité, qui se retrouve à nouveau bien exposé dans ce film : comment justifier qu’un type, aussi fort soit il au kung fu, parvienne à tenir en respect des hommes armés de revolver ? Une fois accepté ce postulat, on peut sans peine se divertir à ce genre de mix, mais le western soja reste pour moi une tentative ratée de faire repartir le genre vers autre chose, tentative condamnée dès le départ à l’échec par le peu d’ouvertures possibles au niveau scénaristique.



Aussi le principe de base est-il le même que pour Mon nom est Shangaï Joe ou Soleil Rouge : le plaisir doit naître du choc des civilisations. Le petit chinois bondit, saute, high kick en tout genre et fait sauter les revolvers, il est en prise au racisme anti-chinois. Il a quelques problèmes avec la langue (« C’est toi fils de femme qui offre son corps contre de l’argent ! » « Dis fils de pute, ça ira plus vite ! ») et connaît des remèdes pour un peu tout, est un modèle de sagesse et est plus fort en maths que n’importe qui (la désolante scène de prédiction déterministe dans le casino). Bref, faire rire des oppositions et des clichés entre deux héros totalement différents, c’est la base de ce « buddy movie » avant l’heure.





Lee Van Cleef est plutôt bon dans ce film, surtout quand il se met torse nu pour jouer de la mitrailleuse, et Lo Lieh de la Shaw brothers ne manque pas finalement de charisme et d’intelligence, bien qu’il soit étranger dans ce pays. Ces deux là s’entendent plutôt bien, et c’est surtout grâce à eux que le film n’est pas totalement inintéressant. Si l’on rajoute une galerie de méchants totalement frappadingues (un prêtre exalté qui voyage en église-roulotte, une brute indestructible, un gros maniaque du fouet) pour pimenter le tout, on arrive a un résultat somme toute potable, rehaussé par une certaine ampleur accordée au budget du film : beaucoup de figurants, quelques scènes situées en Chine et des intérieurs/extérieurs très riches. Fait assez rare dans le western spaghetti, un léger zeste d’érotisme très frais vient chatouiller le spectateur mâle plutôt habitué à être interpellé dans ce genre là par de grossières scènes de tentatives de viol en veux tu en voilà.

Antonio Margheriti, réalisateur du très bon Et le vent apporta la violence et du correct Avec Django, la mort est là, signe donc ici un film en dessous de son potentiel, mais qui ne démérite pas totalement. On voit bien qu’il a un peu de mal avec les scènes de Kung Fu, beaucoup moins impressionnantes que dans La 36e chambre de Shaolin diffusé sur Arte l’autre jour et réalisé tout juste quatre ans plus tard, mais ces scènes sont finalement assez peu nombreuses. La musique prend parfois ces accents dramatiques que l’on aime dans le genre, parfois elle joue le jeu du western-comédie que le film cherche à devenir. La Brute le colt et le karaté est donc un film à recommander aux fans uniquement.



Le DVD Seven 7 : excellente qualité d’image avec un format respecté, ce qui, avouons le, améliore significativement l’appréciation que l’on peut se faire d’un film. Voir un navet dans de bonnes conditions, et voir le même navet, mal doublé, délavé et recadré n’est pas du tout la même chose. A noter que dans la présentation du film, il est dit que La brute, le colt et le karaté est le premier western soja réalisé, en 1974, alors que Mon nom est Shangaï Joe date de 1972 et Soleil Rouge date de 1970 (et déjà en 1968 dans 5 hommes armés, il y avait un samouraï).


3 commentaires:

  1. En parlant de buddy movie, est-ce que tu connais Lightning Jack ? C'est une comédie/western avec Paul Hogan. Il interprète le rôle d'un bandit, très bon tireur, qui s'associe avec un noir muet.
    C'est sans prétention mais, dans mes souvenirs, il me semble qu'il y avait quelques scènes assez marrantes.
    ;o)

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  2. Je me souviens quand c'est sorti (Jack l'éclair en français), mais je ne l'ai jamais vu. Merci de me l'avoir rappellé, je l'avais complètement oublié!

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  3. Viva la muerte....(Grito de la Legión Española)

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