samedi 29 novembre 2008

Le nouveau monde


The new world
Terence Malick
2006
Avec : Colin Farrell, Q’orianka Kilcher, Christian Bale

Cela commence avec une musique hollywoodienne typique particulièrement détestable (on me dit en commentaires qu'il s'agit de Wagner, donc j'ai l'air con... ), puis la bande son laisse heureusement la place aux oiseaux, au vent, aux arbres, à cette multitude enchanteresse offerte par la virginité des terres inexplorées. La variété est estomaquante, entre hautes herbes et marais, entre grands arbres et cours d’eau miroirs d’un ciel sans cesse renouvelé. Le capitaine John Smith (Colin Farrell, fragile comme toujours) patauge un peu avant de se faire chahuter un brin par les bons sauvages de Rousseau. Puis il s’adapte un temps chez eux, partage leur vie douce et simple et se promène avec une belle indienne (Q’orianka Kilcher). Avec elle, il marche dans les roseaux, avec elle il regarde le tonnerre au loin, avec elle il s’enlace front à front dans la nature. Le temps s’arrête, les acteurs, Colin Farrell en tête, semblent hors du film, et John Smith ne fait rien à part apprendre l’anglais par la méthode globale à la belle indigène.

Les indiens voudraient voir les anglais partir et Pocahontas, car c’est bien d’elle qu’il s’agit, est leur porte d’entrée dans l’ancien monde. Quand il devient évident que les anglais mettent en péril leur schéma de développement durable, c’est la guerre. Mais là aussi, la guerre n’est qu’un sale moment à passer, confus, entrecoupé de trêves silencieuses et d’oiseaux qui volent. John Smith fait la guerre en spectateur, comme s’il n’était pas concerné. On ne sait pas pourquoi les indiens ne finissent pas le boulot, à la place ils vendent Pocahontas contre un pot de chambre. Les promenades champêtres peuvent reprendre sous le soleil qui perce les feuillages. Mais John Smith doit partir…

Poème visuel plus qu’histoire contée, Le nouveau monde est extrêmement chiant, mais dans le bon sens du terme. Si l’on accepte de se laisser porter, le charme opère, le temps s’arrête, la vie décrite par Terence Malick devient une vie rêvée où les évènements n’impactent ni votre humeur, ni votre rythme, ni vos sentiments. Les images belles comme un Turner racontent le film sans recourir aux artifices narratifs habituels et le découpage hisse le spectateur au niveau supérieur : vous ne suivez pas l’intrigue, on ne cherche pas à vous immerger de force à grand coup de chocs émotifs. Au contraire, le but est de vous sortir du film, de vous donner à le ressentir plus qu’à le subir. Le procédé des voix offs devient en cela presque contre productif tant l’astuce est éculée face à la distance prise par le réalisateur envers son sujet. Les dialogues sont rares, mais bien écrits et non verbeux, le respect des colons anglais envers la princesse indienne transcende le manichéisme habituel indiens= bons et blancs = méchants, et le film devient une sorte de fable que l’on regarde avec 400 ans de distance, sans prendre parti, en se laissant bercer par la beauté des images et des voix, par la dignité surréaliste des personnages et leur surhumanité. Pas aussi bien que L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, mais à voir quand même sans hésitation si vous avez de l'affection pour ce dernier !

5 commentaires:

  1. "Pas aussi bien que L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, mais à voir quand même sans hésitation si vous avez de l'affection pour ce dernier !"
    Je ne suis pas d'accord, ce film est ch...t comme la mort, Colin Farrell, joue comme un veau (comme d'hab'). Il ne reste pas grand chose a ce film a part ses jolis décors naturels et un acteur génial : Christian Bale (toujours bon, lui !). Pourtant j'ai adoré Jesse James ... et je suis bon public d'habitude.

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  2. La "musique hollywoodienne typique particulièrement détestable" que l'on entend au début en ouverture - et en clôture - du film a été composée par un certain Richard Wagner. Il s'agit du prélude de l'Or du Rhin, premier volet de la tétralogie pour laquelle ce petit artisan de rien du tout est parvenu à se faire construire un opéra tout exprès. L'un des plus beaux morceaux jamais composés, figurant la création d'un monde. Mallick ancre simplement son film dans ce processus de création du nouveau monde. J'avais trouvé Jesse James ridicule, Le nouveau monde est fabuleux lui.

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  3. Ça doit être pour ça que j'avais envie d'envahir l'Amérique en l'entendant, alors...

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  4. ... ce qui fait du film une sorte de pré-western en somme mon cher Woody. Ce blog est d'une cohérence extraordinaire en fin de compte. Un blog très sympathique en passant (je dis ça sans ironie - ni flagornerie).
    PS: par contre ton machin pour vérifier qu'on n'est pas des robots, c'est super chiant.

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  5. C'est Google qui propose ce machin. Si je ne le mets pas je me retrouve avec plein de spam. C'est donc le prix à payer pour les personnes qui veulent commenter sans créer de compte.

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