lundi 10 novembre 2008

No country for old men


No country for old menEthan Coen, Joel Coen
2007
Avec: Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin

C’est la crise. Le mieux est de trouver une valise pleine de dollars quelque part sachant que c’est forcément une belle connerie de vouloir la garder.

Les grands paysages, la violence hallucinante, la maestria de la mise en scène, que faut-il retenir exactement de No country for old men ? Difficile à dire. Par le seul biais d’une fin non conventionnelle, ou plutôt d’une absence de fin comme il est souvent d’usage dès qu’un film se veut « anti-hollywoodien », le film tente de nous faire croire « qu’il y a autre chose derrière » le carnage. Autre chose qu’un champ de cadavres à la pose savamment étudiée avec le bzz des mouches dans l’oreille. Autre chose qu’un putain de molosse qui vous poursuit même dans l’eau et dont un coup de calibre ne parvient pas à arrêter l’élan. Autre chose qu’un anti-héros moustachu épatant (Josh Brolin) qui décide de faire une connerie sachant qu’il va y rester mais qui survit plus longtemps que prévu. Autre chose que des pick up vrombissant tous feux allumés dans les étendues. Autre chose qu’un psychopathe (Javier Bardem) à air comprimé, implacable, à la coupe de cheveux hideuse et qui vit selon une logique inhumaine.
Mais en fait il n’y a rien d’autre.
Le shérif
Tommy Lee Jones a beau être dépassé par les évènements et raconter ses rêves, certains dialogues ont beau sonner comme du pur frères Coen, la fin a beau être aussi ouverte que la fracture du tueur, l’humour des situations et l’absurdité du propos ont beau désamorcer une grande partie de la violence, les personnages ont beau faire absolument n’importe quoi comme dans tous les Coen, c’est bien tout simplement un excellent film d’action qui se déroule sous vos yeux. Un nom de dieu de film d’action qui serait débarrassé des tics hollywoodiens tout en puisant ses archétypes dans un vivier inépuisable du film américain, de Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia à Extrême Préjudice pour l’ambiance Texaco-mexicaine poisseuse aux films ultra-violents des années 90 tels Tueurs Nés (tiens bonjour Woody Harrelson) ou Pulp Fiction pour la modernité du montage et des dialogues. Sans oublier même pourquoi pas Massacre à la tronçonneuse qui apporta lui aussi en son temps sa pierre à cet étrange représentation surchauffée du Texas en repère de psychopathes dangereux à la crasse étudiée. Et on peut bien creuser, décortiquer, disséquer, c’est bien l’adrénaline alliée à cet étrange humour qui fait fonctionner le truc, c’est bien les meurtres, les poursuites, les planques, le bip bip de l’émetteur qui nous tiennent en haleine et qui nous font sursauter. Et bien sûr la faune, les laissés pour compte qui vivent dans leurs mobil homes, le vieux flic qui n’en revient pas de la mode des piercings, l’autre qui fait son café une fois par semaine, la chaleur, la poussière et l'espagnol des mexicanos qui émaille les dialogues. Il n’y a rien d’autre à comprendre que le plaisir ressenti à suivre le film et d'être surpris au milieu de cet univers pourtant ultra-codifié. Et c’est chouette comme ça. Le western est bel et bien mort, mais sa descendance semble bien se porter. Adios ayer.

13 commentaires:

  1. Qu'entends-tu exactement par " des pick up vrombissant tous feux allumés dans les étendues" ?
    Flingo

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  2. Des grosses bagnoles avec des hommes armés à l'arrière, qui roulent dans les étendues désertiques texanes avec des projecteurs sur le dessus pour chasser le gibier la nuit.
    Sauf que là il poursuivent un gars.

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  3. Pas d'accord : ce film a une fin. Tout comme le roman de cet allumé de Cormac McCarthy. Ce mec est probablement foutraque mais qu'est-ce que ça fait diablement du bien !
    Par ailleurs, tu as oublié dans ta comparaison que Javier Bardem est un habitué des perruques à la con comme Tomas Millian en son temps...

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  4. Ah, c'est bien ! Vu ta culture antiquisante, je pensais que tu faisais allusion à une chanson d'Eddy Mitchell !
    Flingo

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  5. Mais est-ce que les frères Cohen,finalement et malgré deux ou trois dérives façon film d'auteur (Barton Fink au hasard), n'ont pas toujours fait ce genre de films ? Esprit série B, cinéma de genre, refus des canons hollywoodiens grand spectacle, amour des canons hollywoodiens genre Fuller, Boetticher, Aldrich première manière ? Avec le petit surplus de style qui excite la critique.
    Je trouve, moi aussi qu'il y a une fin.

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  6. Ce film a permit au public français de découvrir que les frères Cohen sont fans de notre Mireille Mathieu (pauvre Javier Bardem).
    "Le western est bel et bien mort, mais sa descendance semble bien se porter.", "L'assassinat de Jesse James ...", "Open Range", "3h10 pour Yuma", "Wyatt Earp", "The postman", "Brokeback Mountain" =). Il en reste des Westerns, le genre survit comme il peut, attendant que le public s'intéresse de nouveau à lui.

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  7. C'est évidemment une question de vocabulaire de dire qu'il n'y a pas de fin. Mais je campe sur mes positions.
    En parlant de L'assassinat de Jesse James, l'adjoint de Tommy Lee Jones dans No country est Garret Dillahunt qui joue l'un des hommes de James (celui que James descend en ballade à cheval) dans L'assassinat

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  8. Garret Dillahunt vu également dans un double rôle - assassin de Wild Bill puis tueur de putes - dans la série (vraiment western ?) Deadwood (saisons 1 & 2). Il s'est racheté ensuite en faisant un toubib dans John from Cincinnati.
    Pour ce qui est du western, Cultiste, vous oubliez le récent Appaloosa, de Richard Harris.

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  9. Garret Dillahunt vu également dans Urgences, il joue le père d'Alex et se fait descendre par Sam...
    C'est dingue non?

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  10. J' avais totalement oublié "Appaloosa" de Ed Harris, il y a aussi "Mort ou vif" avec Sharon Stone, "Tombstone". Si je compte la série "Deadwood" (pour moi, c'est du western), le résultat n'est pas si mauvais pour un genre mort-vivant, même si je reconnais que les plus belles heures du western sont derrière nous.

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  11. Quand on en arrive à compter tous les westerns des deux dernières décennies sur nos dix doigts, on peut dire que le genre est mort. Mais moins mort que le péplum en effet...
    Moqueur? Absolument pas, il joue réellement le père d'Alex et se fait buter par l'infirmière qui s'appelle Sam dans Urgences.

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  12. Sorry. J'ai arrêté Urgences après la deuxième saison.

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