vendredi 20 novembre 2009

Wanted


J'ai fini de lire les cinq premiers tomes de cette série de Girod et Rocca (Alias Georges Ramaïoli) et je n'ai pas vraiment aimé.
Ce qui m'a le plus chagriné au fond, c'est que ça reprend ce que je n'avais déjà pas aimé dans Durango et dans Bouncer: une violence morbide et sans contrepoids, une vision de l'Ouest si pessimiste et noire que l'on ne s'attache à aucun personnage. L'ouest de Wanted est peuplé de ratés, de renégats et de monstres assoiffés de sang et de violence. La violence est bien sûr, barbare. Les chasseurs de scalp scalpent tout ce qui bouge. Les pistoleros dégomment à tout va et chaque mort se traduit par un geyser de sang de quatre kilomètres. Le viol est une constante systématique: cinq albums lus, cinq scènes de viol ou peu s'en faut. L'indienne Sunsheearray n'a pas de chance: violée à l'album deux, elle se fait encore tentativedevioler à l'album quatre, puis violer par les mêmes à l'album cinq. Malgré l'hommage, on est bien loin de l'amour délicat de la Flèche Brisée. Les militaires sont des casseurs d'indiens butés, et, histoire de rétablir la balance, l'horreur des tortures indiennes ne nous est pas épargnée. Le héros, surnommé Wanted, est un chasseur de prime. Il a comme un début de conscience humaine, une certaine éthique, mais il semble presque s'en excuser. Finalement, il n'y a que l'indien blanc qui soit un poil sympathique.
Le scénario n'est pas follement original, histoire de vengeance pour commencer, puis histoire de trésor avec hommage appuyé à Blueberry ensuite. L'intérêt de l'histoire de vengeance tient dans l'évolution du personnage de Wanted au contact de l'indien. Cela fonctionne, certes, mais tout semble écrit d'avance, on le sait bien que Wanted va aider notre indien, bien malgré lui. L'histoire de la course au trésor ensuite apparaît parfaitement idiote, surtout avec cette histoire de carte tatouée sur un scalp.
Reste donc les dessins et la sérieuse documentation qui donne malgré tout à l'ensemble un certain coté réaliste. On apprend des choses sur la guerre de Sécession, on apprend des choses sur les indiens, dépeints ici de façon moins caricaturale qu'à l'accoutumée. Girod est totalement soumis à l'influence de l'autre Giraud, il réussit malgré tout de superbes décors et peuple ses planches de références visuelles aux films de Sergio Leone. Pourtant, si la violence et le "sale" ouest sont bien là, il manque l'ironie du western italien pour faire passer la sauce, et il manque cruellement l'humanité du western américain pour s'attacher à l'œuvre, comme si la nation américaine s'était construite par accident sur un ramassis de dégénérés occupés à plein temps à assouvir leurs pulsions les plus basses au détriment de toute volonté de construire de toute pièce un pays neuf.

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