dimanche 26 janvier 2014

La Rivière Rouge



Red River
1948
Howard Hawk
Avec: John Wayne, Montgomery Clift, Joanne Dru, Walter Brennan, Harry Carey Jr., Harry Carey

Dès le lendemain de la diffusion de l’Homme des vallées perdues, Arte nous gâtait derechef avec La Rivière Rouge, que je n’avais encore jamais vu non plus. Et j’en vois déjà venir certains. Putain, ce mec qui nous fait chier depuis des années avec son blog western prétentieux, non seulement il n’avait jamais vu Shane et Red River (faut le dire en angliche, ça fait mieux), mais en plus il attend que ça passe sur le service public pour le voir. Et bien je vous emmerde messieurs les spécialistes. J’ajoute par la même occasion que je n’ai jamais vu non plus The Big Trail, ni l’Appât, ni Canyon Passage, ni Fureur Apache, ni Les Pionniers de la Western Union, ni La Charge Fantastique, ni Yellow Sky, ni CowBoys & Aliens ! Ouaah le nuuul ! 
En tous cas, pour la Rivière Rouge, c’est fait. L’image n’était pas tip top je trouve pour un chef d’œuvre du septième art. Soit aucune restauration n’a été faite, soit le matériau d’origine est trop abîmé, soit je suis très fatigué, mais en tout cas, ça manque de définition. En plus c’est en noir et blanc, en noir et blanc ! Si ça ne tenait qu’à moi, je vous aurais colorisé tout ça pour que ce soit un peu plus flatteur à l’œil ! En noir et blanc ! Qui regarde encore du noir et blanc aujourd’hui. Pire ! Dans ce film, Wayne est méchant ! Pourquoi personne n’a jugé bon de remonter le film pour adoucir son personnage pour que ce soit un Wayne bien droit comme il faut ? C’est insensé cette époque ! 
Alors c’est vrai à la fin ça se termine en joyeux fist-fight paternaliste où tout le monde est réuni dans la joie, un peu comme dans les films du vieux Duke, cependant pendant toute la durée du film, Wayne apparaît de plus en plus tyrannique, violent et buté, dans l’un de ses rôles les plus intéressants de sa carrière avec celui de La Prisonnière du désert. Montgomery Clift, tout jeunot à coté, paraît bien frêle, mais parvient bien à transmettre sa crainte mêlée de respect pour son aîné. Joanne Dru est un peu sous-exploitée dans son rôle de « femme de caractère » comme on dit à chaque fois qu’une femme est un tant soit peu indépendante. Est-ce qu’on dit que John Wayne est un homme de caractère ? Non, mais bon on s’écarte du sujet.
On voit aussi dans ce film Walter Brennan qui interprète déjà un vieil édenté, qui joue son dentier au poker avec un indien, et c’est toujours un réel plaisir de voir cet old timer rouspéter et bougonner dans son coin. Ce film est également l’occasion de retrouver Harry Carey, le légendaire acteur du temps du muet, et là aussi, ce n’est pas sans émotion qu’on le voit interagir une dernière fois avec la jeunesse du parlant. Son fils a également un petit rôle, mais pas avec lui, ce que personnellement je trouve un peu dommage, j’aime bien quand des filiations d’acteurs, des hommages des uns envers les autres se téléscopent avec l’histoire en elle-même.
Le scénario en lui-même est un poncif westernien total, mais est l’occasion de rappeler combien les cattle drives et la vie pouvaient être rudes en ces temps là, d’une part à cause de la dangerosité des lieux, mais aussi par le manque d’information des gens à cette époque. J’ai particulièrement apprécié cette interrogation permanente sur l’existence ou non d’une ligne de chemin de fer à Abilène, qui revient en permanence comme un leitmotiv, Wayne mettant sans arrêt en doute la parole des hommes (tu l’as vu ce train ? Non c’est quelqu’un qui m’en a parlé). J’ai aussi aimé la joie du conducteur de train quand il voit le bétail, les cowboys accueillis en fanfare à Abilène par une population affamée. Personnellement je n’ai jamais sauté de joie à la vue d’une vache, et il est bien parfois que le cinéma nous rouvre les yeux sur ce qu’on a, qui nous semble acquis, sans avoir besoin de recourir « à une bonne guerre » pour nous remettre les priorités en place. Il y a sûrement des tas d’autres trucs terribles à dire sur ce film, mais je vais laisser faire les spécialistes. C’est un chouette film, avec des indiens, de l’humour, Stumpy, des vaches, John Wayne et un brin de harcèlement patronal. Franchement, il n’y a rien à dire d’autre. Merci Arte.

Image: USMC sur Western Movies

samedi 25 janvier 2014

L'Homme des vallées perdues



Shane
1953
George Stevens
Avec : Alan Ladd, Van Helfin, Jean Arthur, Jack Palance, Ben Johnson

Je ne regarde plus de westerns, ça m’est passé comme la grippe, c’est triste, j’en suis attristé pour mes millions de lecteurs qui appuient frénétiquement sur F5 en espérant une mise à jour, mais que voulez-vous, c’est la triste vérité que l’homme ne saurait se satisfaire de monotonie et de passion exclusive. Cependant, Arte nous a programmé Shane, alors j’ai replongé temporairement, parce que Shane est précédé d’une réputation très flatteuse et qu’on ne peut quand même pas rater ça. 

Regarder un western après autant de temps, ça rappelle de bons souvenirs, une certaine idée de la couleur (quand je vois ce générique rouge pétant, je souhaiterais être daltonien), une certaine idée aussi de la musique (Ennio, pourquoi es-tu né si tard, et d’ailleurs où sont tes descendants, parce que franchement la musique de La désolation de Smaug, c’est pas ça non plus…). Heureusement, j’ai de beaux restes, je me remets vite dans l’ambiance, ce charme suranné tout ça tout ça. 
De ce film, avant que de l’avoir vu, je ne savais que deux choses. Premièrement, le héros Alan Ladd est petit (1m68), ce qui a l’air de troubler beaucoup de gens. Deuxièmement, Pale Rider est censé être un remake de ce film.

Sur la première affirmation, je ne peux que plussoyer. Il est petit, mais avec Van Helfin, il parvient à déssoucher une souche rebelle à la force des épaules, symbole de civilisation en marche, pour mieux s’opposer au discours du méchant qui dit en substance : « C’est nous qui avons bouté les indiens hors d’ici avant que vous n’arriviez, venez pas nous mettre des clôtures partout, sinon on vous piétine vos laitues comme au Moyen Age ! » Marrant parce que dans Open Range par exemple, c’est les autres qui sont les méchants et vice versa. Ladd ensuite va en ville sans ses armes, pour montrer aussi que la civilisation passe aussi par le raccrochage de guns au mur de la maison. Les idiots citent toujours cette phrase où Ladd explique qu’un flingue n’est rien d’autre qu’un outil comme une pioche ou une pelle et que ce qui est important c’est celui qui tient le flingue, alors que la phrase importante est la réponse de la femme : « oui mais le monde serait encore meilleur s’il n’y avait pas d’armes du tout, y compris entre vos mains ». 

Quand il se bat contre Ben Johnson, on voit bien qu’il est petit Alan Ladd. J’ai bien mis 20 minutes à retrouver son nom à Ben Johnson. J’étais là devant ma télé : « Mais putain comment il s’appelle déjà celui-là, il est dans plein d’autres westerns ! ». J’avais vraiment la rage. Ma femme, désolée de voir qu’en quelques mois j’avais perdu toute ma culture westernienne, tentait des noms au hasard : « John Elam? Marvin Cleef ? Jack Stamp ? Joe Kidon ? ». A ma décharge, dans tous mes souvenirs, Ben Johnson est gentil. D’ailleurs à la fin, il se rachète, parce que quand même, merde, Ben Johnson quoi.

Sur la deuxième affirmation, on peut dire que oui, Pale Rider est une variation sur le thème de Shane, avec en plus le coup de masse dans les couilles de Jaw, Clint qui dit « faut pas jouer avec les allumettes » et des barillets de rechange dans la poche. Pale Rider, qui est quand même le plus mauvais western d’Eastwood, passe cependant à coté du mythe fondateur, passe à coté de la relation trouble avec la femme, passe à coté du pistolero qui veut raccrocher ses armes. Pour un remake, c’est quand même passer à coté de beaucoup de choses. On pourra m’objecter qu’en contrepartie Shane est vachement vieux et vachement longuet, que le gosse au travers des yeux duquel on est censés voir toute l’action est lourdingue et plombe le rythme du film alors qu’au contraire dans Pale Rider ça bouge, ils tuent le chien, ils essaient de violer la fille et que Clint dégomme tout le monde et que quand même un western où il n’y a pas tout ça ça peut pas être un vrai western, c’est vrai non mais quoi à la fin.
Sauf que dans Shane, on trouve des scènes magnifiques qui le placent largement au-dessus du pale remake. Il y a par exemple cette scène où Starret fait face aux hommes de Ryker et Shane apparaît soudain à ses cotés. Il y a également une scène similaire où l’on découvre seulement à la fin que Shane avait récupéré ses armes en embuscade et qu’il était prêt à tirer, ainsi que tous ces moments ou Shane apparaît extrêmement nerveux, bien plus nerveux que tous les fermiers qui sont pourtant le groupe à risque du film. Il y a le visage de Ladd sous la pluie, beaucoup plus subtil que le monolithique pistolero Eastwoodien. Shane a cette blondeur angélique, ce mutisme mystérieux qui apparaît comme une fragilité plutôt que comme une force. Quand les hommes parlent, il s’éclipse, on ne sait jamais exactement ce qu’il pense. 

Face à lui, Ben Johnson, puis Jack Palance détonnent. Le meurtre de Torrey par Jack Palance montre bien l’écart qu’il peut y avoir entre un cinéma intense, basé sur la tension graduelle et un cinéma purement divertissant où le nombre de cadavres fait l’intensité. Il y a peu de morts au final dans Shane, et ça rend chaque mort plus intense. Torrey, poussé verbalement par Jack « Phil Defer » Wilson, se fait abattre froidement. La scène est assez impressionnante, par sa maîtrise du temps, ces deux secondes pendant lesquelles l’on se demande si Palance va tirer et qui démontrent bien que malgré l’argument de la légitime défense il s’agit d’un assassinat, la force des insultes proférées à voix basse par Palance, la blessure historique de ces insultes où la Grande Histoire rejoint la petiote, tout cela transfigure une scène classique (un méchant tue un gentil) en quelque chose de bien plus intéressant que le déluge de morts de Pale Rider. Même si bon, dans l’absolu, j’adore aussi les westerns avec plein de morts qui virevoltent, j’avais juste un peu envie de dire du mal de Pale Rider. En bref, Shane est un bon western avec de très bonnes scènes, quelque peu plombé (je crois l’avoir dit plus haut) par un gosse qui aurait très bien pu dégager de la scène sans qu’on ne perde rien de l’attrait du film. A voir.

Image: winchester73 sur western movies

dimanche 29 septembre 2013

Justice Aveugle




1994
Blind Justice
Richard Spence
Avec : Armand Assante, Elisabeth Shue, Robert Davi

Justice aveugle, ça évoque d’abord pour moi un graphic novel de Daredevil publié dans les années 90 aux éditions Comics USA. J’avais à l’époque, mais j’étais jeune, trouvé que le titre était fort judicieux, Daredevil étant un justicier aveugle. Bien sûr, j’ai depuis réalisé que n’importe quel élève redoublant sa première année d’école de marketeux est capable de trouver un titre aussi évident. Ceux qui connaissent la BD en question me diront que le titre original n’est pas Blind Justice, ce qui signifie pour les non anglophiles qui me lisent : justice aveugle, que Frank Miller n’est pas aussi prévisible, le titre original est Born Again, ce qui signifie pour les non anglophiles qui me lisent : né encore. C’est pourtant l’histoire de Daredevil qui se fait totalement rétamer par le Caïd, qui ayant découvert sa secret identity (qui signifie pour les non anglophiles qui me lisent :identité secrète), lui pulvérise sa maison, lui met une branlée mémorable et le laisse pour mort dans une bagnole au fond du fleuve. Sauf que les yeux de Murdock brillent encore de mille feux, il va pouvoir refaire surface, renaître de ses cendres, prendre sa revanche, arrêter de se raser et se balader dans la rue aux bras de Karen Page. Born again, un titre qui colle mieux à l’œuvre donc, mais qui n’est pas follement original non plus.
Le cas du western qui nous occupe est d’autant plus lamentable que le titre original est vraiment Blind justice, ce qui signifie pour les non anglophiles qui me lisent : justice aveugle. Le titre, quoique fort prévisible, pourrait donc coller parfaitement au thème du film, sauf que, premier point, le héros n’est pas aveugle. En tout cas pas tout à fait. Alors, oui, je veux bien reconnaître que je chipote. Comme Matt Murdock, notre héros doit de baser sur ses autres sens pour dégommer ses adversaires car il ne voit vraiment pas grand-chose le bougre, les accessoiristes se sont bien amusés à lui confectionner des yeux globuleux blancs laiteux dégueulasses. Je vous laisse découvrir comment il est devenu quasi-aveugle, c’est une des bonnes idées du scénar. En tout cas il chausse de grosses lunettes noires qui me font penser à je ne sais plus quelle BD de Tardi, et ça lui va bien. Mais revenons au titre. Le deuxième point qui ne colle pas avec le titre, c’est qu’il n’est pas vraiment question de justice là-dedans. Échappé d’un western spaghetti, notre héros a son agenda bien à lui. Il se trouve qu’il va se battre du côté des bons, mais il est aussi buté qu’un Burt Sullivan ou qu’un Blindman dans ses motivations : tout ce qui l’intéresse c’est ramener un chiard à quelqu’un qu’il ne connaît pas dans une ville qui n’existe sans doute pas. Un pistolero aveugle qui se promène avec un bébé dans les bras, c’est une belle image qui évoque autant certains films japonais (que les plus pointus d’entre vous connaissent sûrement) que John Wayne dans Le Fils du Désert, la graisse d’essieu en moins, un téton d’Elisabeth Shue en plus (il paraît qu’on peut déverrouiller n’importe quel Iphone 5s avec son téton, à voir).
Il y a dans ce téléfilm une volonté de bien faire avec peu de moyens qui m’enchante, avec une certaine distance ironique des plus plaisantes. Le bandit mexicain d’opérette se fait justement traiter de bandit mexicain d’opérette par notre héros, comme s’il faisait un commentaire du film dans le film (j’ouvre une parenthèse ici pour que vous y placiez votre propre vanne sur Inception, puisque le moindre aspect récursif ou auto-référentiel d’une œuvre, d’un programme informatique ou d’une poupée russe en vente sur Le bon coin se voit désormais gratifié d’une référence à Inception, ça m’énerve…). Les représentants de l’église catholique apostolique et romaine ne sont pas à la fête ici puisque le prêtre est un connard qui préfère aider les bandits mexicains qui sont « de bons catholiques », plutôt que de soutenir les Nordistes idéalistes qui ont transformé son église en bunker. J’y ai vu une référence à la bienveillance de l’église envers Franco et Pinochet, mais peut-être que j’extrapole. Notre justicier qui n’en n’est pas un, lui, finit tout ça à la dynamite, normal, avec un très beau détonateur à l’ancienne, où il faut enrouler le câble à la main autour du contact. Dans une prochaine vie, je ferai accessoiriste, là dans la minute, je ne parviens pas à trouver un métier plus beau. Bon le détonateur, ça rate à cause du connard de prêtre je crois, donc le pistolero tire dans la dynamite (piquée à un vieil indien barjot que le connard de prêtre martyrisait) avec son flingue et fait sauter toute l’église. J’y ai vu un fervent plaidoyer pour l’athéisme, mais ça ferait que l’athéisme deviendrait une religion comme une autre donc ça ne colle pas. En tout cas tout est bien qui finit bien, devenu sourd à cause de l’explosion, le pistolero réussit à tuer le mexicain d’opérette à l’odeur, ça c’est du cinéma ! Un film à voir ah ha ha !

mercredi 3 avril 2013

La Caravane de feu



1967
The War Wagon
Burt Kennedy
Avec John Wayne, Kirk Douglas

L'idée même du chariot blindé est une extrapolation enfantine sur la classique attaque de diligence. On imagine bien la succession d'idées qui aura permis d'accoucher d'un tel concept. On part sur une diligence normale qui exceptionnellement transporte de l'or, avec un garde armé d'une Winchester à la gauche du cocher.  Bien sûr, la scène a déjà été vue mille fois, alors on s'imagine ajouter des gardes armés dans la diligence, mais cela ne suffit pas contre une bande d'outlaws tout aussi armés et déterminés. On en vient donc naturellement à cogiter cette diligence blindée à laquelle on adjoint une tourelle munie de sa mitrailleuse ad hoc pour rajouter un peu de piment. On aurait pu aller plus loin et positionner carrément un canon, mais le problème du recul de l'engin dans un endroit aussi confiné est quand même gênant. Le poids probablement titanesque de la solution retenue n'aura pas été un problème pendant le tournage: le fameux chariot de guerre a été fabriqué en bois, peint couleur métal. L'équation du nombre exact de chevaux nécessaires pour tracter réellement un engin pareil n'est donc pas posée, alors que le défi se posera à Leone pour sa monstrueuse diligence dans Il était une fois la Révolution
Malgré toutes ces considérations techniques, on obtient quand même un concept fort intéressant, d'autant que le chariot de guerre est vu ici comme une monstruosité menaçante, une perversion de riche corrompu. On aurait tout aussi bien pu imaginer un film dont les héros auraient eu à voyager ensemble dans une diligence blindée, avec confinement intolérable, intériorisation forcée, chaleur suffocante et siège à soutenir face à d'invisibles ennemis. Mais là niet, Wayne et Douglas veulent tout faire péter, récupérer le magot, non sans s'être livrés à d'intenses joutes verbales entre-temps pour asseoir leur statut de star. Leur numéro se déroule sans accroc, rien à redire, chacun dans sa catégorie, chacun veillant à laisser suffisamment d'espace à l'autre, pour un partage totalement équitable de couverture, un respect mutuel qui force le respect. Les seconds rôles eux, s'effacent poliment devant le binôme, au point de n'être plus que des canevas de rôles. Burt Kennedy lui-même réalise platement son film au service de ses stars, au point que le chariot de feu apparaît lui aussi comme un motif secondaire. La seule entrave au divertissement calibré que constitue son film viendra de la façon dont la morale est, in fine, sauve. L'or, planqué dans des tonneaux de farine, se répand tonneau après tonneau sur la piste. Pas de chance, une colonie d'indiens pouilleux en exode se jette comme des vautours sur la farine pour en faire des tortillas, ne semblant pas être capables de faire la différence entre farine et métal précieux. Le Duke compose donc une mine dépitée en entrevoyant ces sous-hommes réussir les tortillas les plus jaunes jamais cuisinées et s'en aller ensuite déféquer le résultat de leur tambouille entre deux tumbleweeds. C'est quand même la fin la plus involontairement subversive jamais vue dans un western ! A voir absolument!





PS: appelez le 110!

samedi 23 février 2013

Colorado

La resa dei conti
Sergio Sollima
1967
Avec: Lee Van Cleef, Tomas Milian

Voici quelques captures de ce grand classique du western européen.




Au centre, Nello Pazzafini, l'un de ces habitués des seconds rôles que l'on repère et auxquels on s'attache. Il fait, dans ce très réputé western de Sergio Solllima une apparition éclair. Clignez des yeux, il va être abattu par Lee Van Cleef.



Ha, non, avant cela, la caméra se décale un peu vers la droite pour faire apparaître un pendu. Il y a quelque chose de réjouissant dans le western spaghetti, la morbidité d'un plan savamment composé est toujours dégoupillée par l'ironie de la situation, soulignée ici par l'ignorance crasse des trois malfrats.



Une belle caricature de baron prussien, avec son monocle, son balai dans le cul et ses moustaches en pointe. Il a beau avoir un holster fait sur mesure pour dégainer plus vite, il n'aura aucune chance face à Corbett (Lee Van Cleef) qui doit pourtant extraire un colt de 700 pouces de long de son pantalon. Valorisation de la technicité, toujours, cet amour des armes, mais qui ne vaut pourtant rien face à l'instinct du vrai surhomme.



Une image comme ça, avec un pistolero qui descend de cheval dans un tel décor, sur fond sonore de chtouings à la guitare du grand Morricone, c'est ce que j'appelle du cinéma. Les décors, avec ces maisons de torchis et ces bouts de bois qui se dressent au ciel, évoquent tout à la fois le Mexique, des habitations indiennes, et les bidonvilles du 20e siècle. En une image, Sollima crée un langage, un monde distant du western américain et pourtant si familier...



Toujours cet attachement à démontrer la technicité de ses personnages: Cuchillo (Tomas Milian) se protège derrière son cheval pour échapper à Corbett.



Le blaireau dans la bouche du barbier, repris quelques années plus tard par Valerii dans Mon nom est Personne.



Cuchillo donne corps à la caricature du Mexicain, il en joue, il la joue. Pouilleux à l’extrême  les habits déchirés, il joue au lâche et fait semblant - devant les gringos - de supplier, de demander pardon, en implorant et implorant encore, pour mieux se moquer d'eux quand ils ont le dos tourné.



Un autre exemple sur la même thématique, associé cette fois-ci à ce que la plupart des gens des pays développés ne connaissent plus: mendier pour manger. Mais au final, Cuchillo se jouera de tous ces gros bras du ranch. Cuchillo, c'est un peu la revanche du tiers-monde sur l'occident.



"Même les animaux ont besoin de manger".



"Une chance pour moi que les murs de mon pays soient faits de boue et de crachats!"



Fernando Sancho, ou la police au service du pouvoir, plutôt qu'à celui du citoyen.



La dextérité de Cuchillo aux couteaux, dextérité qui lui donne son nom. Là encore, Sergio Sollima renverse un poncif mexicain. Le couteau est d'habitude une arme de lâche, sournoise, douloureuse utilisé par d'odieux greasers sournois, comparée aux revolvers, qui tuent net et sans bavure, et dont l'usage en duels donne une vision presque chevaleresque. Ici, Cuchillo s'en sert d'égal à égal face à l'homme au revolver et paraît donc à chaque fois désavantagé. Le couteau ne se recharge pas, le couteau ne permet pas de tirer loin. C'est alors le revolver qui devient une arme de lâche, un symbole des puissants qui oppriment les pauvres péons.



"Il se cache paraît-il dans le champ de canne à sucre". Le western européen a toujours aimé les incongruités ou les pseudo-incongruités, les lieux inattendus dans le cadre d'un western. Un champ de canne à sucre, un bel endroit pour mourir.



La fronde, qui comme le couteau, démontre la supériorité en courage et en intégrité du péon, malgré l'avantage technologique de ses poursuivants.






Sans cheval, Cuchillo rampe plus qu'il ne marche, patauge dans la boue, se déplace à quatre pattes, se fond dans le décor, homme rendu à son état de bête par les hommes qui le pourchassent, parce que s'il s'arrête pour s'expliquer, ils vont le tuer.



Un savoureux plan, qui en plus d'inaugurer un duel inédit, montre l'état des pieds du pauvre gars qui sert de bouc émissaire aux pulsions perverses de quelques privilégiés.



Un traitement de la lumière solaire, qui éblouie et irradie les personnages, ainsi que le spectateur.



L'intérêt trop grand que l'on peut apporter au genre peut en diminuer la saveur. Cette dune, visible dans tant de westerns tournés en Espagne, est en fait une dune au bort de la mer. A chaque fois que je la vois, j'imagine les acteurs regardant la mer étale, les narines emplies d'iode, tandis que l'on est censés croire à un désert accablant au fin-fond des Etats-unis. Mais que cela ne vous empêche pas de savourer ce chef-d'oeuvre du western italien à sa juste valeur.

mercredi 20 février 2013

Les disparues

The missing
2002
Ron Howard
Avec: Tommy Lee Jones, Cate Blanchett

Les
Disparues de Ron Howard dispose d'un atout: son méchant est réussi. Un sorcier à la dentition ravagée qui souffle des poudres dans les yeux et les narines, qui vend des blanches aux Mexicanos,  qui torture à distance en tressant des cheveux. Toutes les scènes réussies du film sont à son crédit, comme celle où il fait avaler de la poussière à une damzel in distress,  comme un écho à la scène similaire dans Shalako.

Tout le reste est plutôt de la veine chiante, parlottes gonflantes + musique ronflante= ennui profond. Tommy Lee Jones, absolument ridicule et non crédible, achève l'équation. Cate Blanchett sauve l'honneur, ainsi que toutes les actrices du film. Malgré un pitch banal,  Ron Howard a pourtant essayé de faire un western qui sort des sentiers battus, par son traitement des personnages et des décors et par son scénario à la lisière du fantastique.  Mais on est vite barbé par la quête initiatique, par le thème de la réconciliation familliale consensuelle (que de mauvais pères se rachètent dans le cinéma et les séries américains) et par le plat affrontement de la rationalité face au chamanisme du dimanche. Oh, et puis on apprend que les indiens n'étaient pas tous méchants et qu'il ne faut pas avoir d'idées préconçues sur les peuples et les races. On se couchera moins bête.
Pourtant, je vous recommande ce film (si) parce que le méchant a de la gueule, et qu'il sauve le film à lui tout seul. L'acteur s'appelle Eric Schweig, et je suis heureux ici de lui rendre hommage.

samedi 16 février 2013

Les petites choses dans Pour Une Poignée de Dollars

Et revoici, après Le Bon la Brute et le truand, Et pour quelques Dollars de plus, Il était une fois la Révolution et Mon Nom est Personne, un nouvel épisode des petites choses dans lequel je livre mes points de vue personnels, cette fois sur le film qui lança le genre.




Où voir Pour Une Poignée de Dollars dans les années 80
J'avais dans les dix ans, et j'étais en vacances dans les Pyrénées, et il me tardait alors de découvrir Pour Une Poignée de dollars, qui était le dernier western de Leone qu'il me restait à voir, avec il était Une fois dans l'Ouest qui était interdit aux moins de treize ans. Ce soir là, on devait récupérer ma soeur au train à Tarbes, et je dis tout de go à mes parents: "On n'a qu'à en profiter pour aller voir Pour une poignée de Dollars au cinéma". Dans mon jeune esprit, il était évident que n'importe quelle ville moyenne de France avait au moins un cinéma qui passait Pour une poignée de dollars le soir, douce innocence de l'enfance. Sauf qu'il s'avère que ce soir là, le film passait bien à Tarbes, et rétrospectivement, si je croyais en Dieu, je dirais que c'était un signe et que j'aurais mieux fait de me signer. Je fus malgré tout ravi, pas comme ma soeur qui dut se taper un Sergio Leone après ses cinq heures de train. Tout ça pour dire que dans les années 80, on pouvait encore voir assez facilement tous les Sergio Leone en salle, et que je suis content d'être assez vieux pour avoir vécu ça.


Clint Eastwood arrive dans le brouillard.
Quelques mois auparavant, j'avais découvert Et pour quelques dollars de plus en salle, donc. Mon père lui, redécouvrait ces films qu'il n'avait pas revus depuis vingt ans. A la fin de Et pour quelques dollars de plus, comme chacun sait, Clint Eastwood pose son cul sur une charrette pleine de cadavres et s'en va au soleil couchant. Mon père me dit alors: "Ce qui est curieux fils, c'est que si je me souviens bien, au début de Pour une Poignée de dollars, Clint Eastwood arrive justement dans le brouillard sur une charrette pleine de cadavres... (pause)... Et pourtant, vu les titres, il serait plus logique que Et pour quelques dollars de plus soit la suite de Pour une Poignée de dollars!" Il se souvenait mal, et moi, ne mettant pas en doute la parole paternelle, j'étais en joie, car je ne pouvais imaginer meilleur début de film que Clint Eastwood débarquant dans le brouillard sur une charrette pleine de cadavres. Déjà, les prologues du Bon la Brute et le Truand et de Et Pour Quelques dollars de plus étaient exceptionnels, mais là, Clint Eastwood qui se pointe peinard dans le brouillard sur une charrette de cadavres, je ne pouvais rêver mieux! Comme chacun sait, il n'y a ni brouillard, ni charrette de cadavre au début de Pour Une Poignée de Dollars, et je fus alors légèrement déçu. Mais il y a un bref plan tout blanc, entre le générique et le premier plan sur Clint Eastwood,  un plan de transition que personne ne remarque. Ce blanc, à chaque fois que je le vois, je me dis: "c'est le brouillard..."





Clint Eastwood boit à la louche
Ce puits sur la voie publique, la façon dont Clint Eastwood s'en sert, ça résume en une seule scène tout le cinéma de Leone et tous les westerns spaghetti qui vont suivre. D'abord, l'homme sans nom ne demande pas la permission, non, il se sert, point barre. On a déjà le pistolero ténébreux totalement hors de la société, mais qui n'en souffre pas. Il n'a pas besoin de demander la permission puisqu'on voit mal qui pourrait lui refuser la permission de se servir de cette louche à l'aspect louche pour s'abreuver. Et s'il boit, c'est juste une concession au caractère organique de sa personne. Il n'en a rien à foutre de boire, il observe le petit manège du petit Jesus et de son père qui se fait taper par Mario Brega, à la limite il aurait tout aussi bien pu ne pas boire. C'est un surhomme, qui boit parce qu'il faut boire, mais pas parce qu'il a soif. Il est au dessus du lot, il a l'impunité, et ce genre d'attitude a dû en faire rêver plus d'un, être détaché des tracas, être insensible au rire, aux femmes et n'aller que là où bon nous semble, se libérer en quelque sorte de sa condition humaine pour dominer nonchalamment toute cette comédie (humaine), c'est un peu le propre du héros de western spaghetti.
Aujourd'hui cette scène me fait aussi à chaque fois penser à une histoire réelle qui s'est passée en Espagne dans les années 70, et que l'on raconte dans la famille. Il y avait eu un accident sur la chaussée, et deux motards de la Guardia Civil étaient là pour veiller au grain. A un moment l'un d'eux rentre dans un jardin,  pourtant privé,  sans rien demander à personne, cueille une grappe de raisins sur une vigne, et retourne sur la route pour la manger, tranquillement, sûr de son droit. Où l'on voit donc ce que ça donne, quand les rêves d'impunité deviennent réalité.




Clint Eastwood et sa mule.
Curieusement, je ne m'étais jamais demandé pourquoi l'homme sans nom arrive sur une mule. Le scénario lève le voile là-dessus: l'homme sans nom est en fait un soldat confédéré en fuite, qui a volé le poncho et la mule d'un péon après avoir traversé le Rio Grande. On peut faire ce que l'on veut de cette information, elle n'appartient pas au film, elle ne fait que dévoiler que le film n'est peut-être pas tout à fait celui qui était prévu au départ. Elle jette aussi un doute sur les dires de l'acteur qui affirme avoir eu l'idée du poncho. Tout comme l'on peut faire ce que l'on veut du prologue tourné par les américains pour "justifier" les actions du héros. Tout ça c'est du contexte, ce qui importe, c'est que Clint Eastwood arrive sur une mule, et qu'à cause de ça, quatre gars vont y passer.



Une corde de pendu en guise de bienvenue
Avant de tuer les quatre types, Clint Eastwood passe sous une corde de pendu. Là aussi on touche au coeur du western spaghetti. Cette corde ne représente qu'un état mortifère, une ambiance morbide qui dessine le fantasme européen de l'Ouest sauvage, expurgé de tout contexte moralisateur, de tout discours sur une civilisation qui se construit. Cet Ouest là est au contraire une civilisation qui se déconstruit, comme en témoigne ce tapis de roulette qui ne sert plus, un monde imaginaire où on peut se faire entretuer un nombre écoeurant de gens sans conséquences.






Deux coups dans un sens, trois coups dans l'autre sens.
Quand il descend les quatre types, Clint Eastwood tire d'abord deux coups de gauche à droite en commençant par le milieu. Il y a une imperceptible pause, puis il tire trois coups toujours de gauche à droite, mais en partant de l'extrémité gauche. Bam bam... bam bam bam! On peut y chercher une stratégie si l'on veut. Il tire d'abord sur les deux qu'il a jugé les plus dangereux, puis sur les deux autres. On peut aussi remarquer qu'il lui faut cinq balles pour quatre types, pas très précis l'homme sans nom. On peut aussi se contenter d'écouter la musique des tirs. Pan pan, pan pan pan! J'ai vu Mission : Impossible 4 l'autre jour. Non seulement c'est une sombre daube, mais en plus ça manque vraiment de petits trucs comme ça.






Ça me fait comme quand je jouais aux peaux rouges
Cette petite remarque de Silvanito (José Calvo) vous aide, messieurs les détesteurs de spagh, à vous détendre les sphincters. Youhou, tout ça n'est qu'un jeu, un Ouest de cour de récréation. Ne venez pas nous les briser avec le sang rouge tomate, la frontière de pacotille, le non respect des mythes américains, l'invraisemblance des situations, les ersatz de décors. Il y a assez de westerns américains géniaux à voir pour que vous ne perdiez votre temps avec ce film.

Le massacre de l'armée Mexicaine
Sergio Leone inaugure ici le génocide de l'armée Mexicaine qui durera une bonne dizaine d'années. Il y reviendra dans Il était une fois la Révolution. Vraiment, on se demande d'où vient ce fantasme ultime d'anéantir à soi tout seul une armée vêtue de gris, encore qu'ici, les Bleus ont pris cher également.





Rubio!
Quand un homme armé d'une Winchester est faccia a faccia avec un homme armé d'un revolver, l'homme au revolver est un homme mort. Mais avant d'en arriver là, protégé par une plaque d'acier, l'homme au revolver peut compter sur son holster pour garder son arme près de soi. Pour l'homme à la Winchester, c'est plus compliqué que ça. Il lui faut un homme de main, nommé Rubio (Benito Stefanelli), qui lui garde son arme au chaud en temps normal, et qui lui jette en cas de besoin. Rubio! Rubio lui jette la Winchester du Rio Bravo vers le chariot. Rubio! Rubio lui jette la Winchester du haut du balcon. Rubio ne sert qu'à ça. Il ne peut pas aller pisser, il ne peut pas retourner voir sa femme, il ne peut pas aller boire un coup avec ses camarades, il faut qu'il soit là pour jeter sa Winchester à Ramon où qu'il soit. A la fin, quand l'Etranger a fait le ménage et qu'il n'a plus que Ramon face à lui, celui-ci a l'air inquiet. Pas parce qu'il risque de mourir, non, mais parce que même s'il en réchappe, il n'aura plus son Rubio pour lui garder sa Winchester.




Un plan simple





Clint tape sur les tonneaux avec son colt
Vous en avez sûrement marre de mes petits radotages, mais j'adore ces petits détails insignifiants, ces objets détournés de leurs usages, ces petits gestes que l'on a tous essayé au moins une fois ("ce mur sonne creux, y aurait-il un trésor à cet endroit?"). Vous avez vu des choses comme ça dans The Dark Knight Rises vous ?





Le deguello de Morricone
Plus que la musique sifflée et entêtante du générique, le plagiat du Deguello par Ennio Morricone est LE thème du film. Lorsqu'il résonne pendant l'échange de Marisol contre le fils Baxter, le film, de rip-off habile et couillu d'un film de sabres, devient une tragédie opératique frissonnante. J'en ai la chair de poule à chaque fois. C'est inexplicable, ça déclenche des transes qui prolongent le film, qui le montent dans la stratosphère, qui rendent beaux et magnifiques tous ces demi-dieux qui se dévisagent, et extraient du film un concentré de dramaturgie d'une pureté inouïe! Ou alors je suis chtarbé, c'est peut-être juste ça.




Et curieusement, depuis que j'ai des enfants, je suis beaucoup plus sensible à la scène ci-dessus.

Un petit jeu de cache cache à cheval
Clint, dans une belle nuit américaine, joue à cache cache à cheval. Il coupe à travers les montagnes, se planque derrière des buttes, parcourt beaucoup de kilomètres, mais arrive quand même avant ceux qui suivent la piste à bride abattue. Encore un jeu, un gars un peu plus malin que les autres, un espace réduit à un décor où l'on se cache et que l'on parcourt en tous sens. Un western de gosses quoi, dont l'aspect puéril est contrebalancé par le passage à tabac qui suit.




Un passage à tabac corsé
On prend le passage à tabac américain, on lui rajoute le double de longueur, des rires particulièrement sadiques, des blessures graphiques, et des conséquences longues et douloureuses. L'homme sans nom rampe, se traîne avec une lenteur désespérante, met des semaines à s'en remettre, est quasiment mort. Mais il lui reste le regard, la force de l'âme, ce regard quand il a écrasé Mario Brega, ce regard que même John Wayne n'a pas. 





Pour un petit massacre de plus
Ramon et ses hommes finissent par massacrer tous les Baxter. On remarque pour commencer une vengeance des latinos sur les WASP. D'accord l'homme sans nom va revenir pour terminer le carnage et mettre tout le monde à égalité, mais là quand même, on est au-delà du mexicano crasseux qui fait la sieste. C'est comme pour le passage à tabac, ça rigole, ça dure, et ça rigole, puis ça tue même la femme, sans pitié, mais là quand même ça ne rigole plus, comme si un trop plein était atteint, une overdose de sang, une réalisation soudaine que tout ça n'a pas de sens. Pas étonnant que quelques dents aient grincé devant ce spectacle.







Le pied de Ramon en gros plan
Ce pied, ciselé avec cette botte, classe, mais sans savoir que c'est classe, tout en restant authentiquement vraisemblable. Et puis cette façon de rentrer dans le champ... j'en reste sans voix!




Un peu de théâtre
Avec son explosion de dynamite, l'homme sans nom soigne son entrée en scène. Avec sa carapace de métal, il assure le spectacle. Gian Maria Volonte n'est pas en reste quand il tournoie la bouche en sang. Le duel homme avec une carabine/homme avec un révolver y est pour beaucoup. A la dynamique d'un duel classique, on ajoute un duel technique, une opposition de savoir-faire dans l'art de tuer. Au western classique, Leone ajoute une exploration plus poussée des codes qui enrichissent le genre plutôt que n'être qu'un simple contexte, enrichissement qui fait sens dans les esprits d'aujourd'hui. La question Winchester vs revolver résonnera chez tous ceux confrontés à ce genre d'épineuses questions: Mercedes ou BMW? Gaule classique ou lancer à moulinet? Quand un homme armé d'un téléphone Apple rencontre un homme armé d'un téléphne Android, l'homme au téléphone Android est un homme mort. Ramon et l'homme sans nom, tout comme Tuco et le Colonel Mortimer sont des geeks du gunfight qui assurent le show. Un show moins intellectuellement stimulant qu'une Prisonnière du désert, mais un show dont je ne me lasse pas depuis trente ans.




Captures: DVD MGM, aux dominantes paraît-il, trop bleues, ce qui n'est pas flagrant, sauf peut-être sur ces deux dernières captures.