Fast and Furious 7
Avec : toujours les mêmes, rejoints par Kurt Russel, Jason Statham et Nathalie Emmanuel
Justin Lin jette l'éponge, jugeant sans doute avoir bouclé la boucle avec la mort de Han à la fin du sixième épisode. Il refile le bébé à James Waan qui signera l'opus le plus profitable de la série, récoltant la rondelette somme de 1,5 milliard de dollars au box office mondial, soit excusez du peu, le double de Fast and Furious 6. On pourrait penser que ce résultat exceptionnel est dû à la morbidité du public, curieux de voir comment les scénaristes allaient gérer la mort - réelle - de Paul Walker, mais Fast and Furious 8 récoltera 1,2 milliard de dollars, invalidant largement cette théorie.
Car oui, Paul Walker est mort d'un accident de voiture alors que le tournage n'était pas terminé, ce qui est bien sûr ironique à plus d'un titre. Cette mort réelle, est télescopée par la mort scénaristique de Han (Sung Kang) et j'avais souvenir d'une affiche légèrement abjecte montrant les membre de la "famille" de Dom à un enterrement, jouant sur la confusion entre la mort factice de l'un et la mort réelle de l'autre. Mais je ne retrouve pas cette affiche, donc il faut croire que j'ai rêvé, ou qu'il s'agissait d'un fake.
Quoi qu'il en soit, il s'agit donc du dernier épisode où l'on verra Brian (Paul Walker) puisqu'il ne saurait être question ici d'une résurrection bidon. Encore que, est-ce que Fast and Furious ne sera pas la première franchise au monde à faire revenir un acteur majeur en version numérique? Après le rajeunissement de Harrison Ford dans le dernier Indiana Jones, les incrustations furtives dans certains Star Wars, on sent bien qu'il y a juste un dernier petit bout de rempart, un vestige de morale désuète qui empêche nos producteurs chéris de faire revenir une star décédée pour un premier rôle . Quand les fan fictions générées par IA déferleront sur les réseaux, ces derniers verrous sauteront illico presto. En attendant, le Brian de Fast and Furious prend une retraite bien méritée avec la naissance à venir de son deuxième enfant. Les scènes finales qui devraient respirer le bonheur ont pourtant tout d'un éloge funèbre. Message caché : démarrer une vie de famille, c'est commencer à mourir, c'est tellement mieux de jouer au caïd et de continuer à faire des burns sur un parking...
Pour le scénario, on est passé d'un film de casse potable (Fast and Furious 5), à une film de style Mission Impossible délirant (Fast and Furious 6) jusqu'à ce fatras impressionnant de scènes d'actions toutes plus débiles les unes que les autres dans Fast and Furious 7. C'est peut-être ça finalement qui a tellement attiré les foules. Plus une once de vraisemblance, une suspension de crédibilité permanente, un épuisement de l'esprit critique par le trop plein, le bruit, la fatigue oculaire. Encore, les bagnoles qui sautent d'un avion, il me semble que ça avait déjà été fait (Terminal Velocity, 1994, Natassja Kinski), mais la bagnole qui saute d'un gratte-ciel à l'autre, je ne crois pas, et Vin Diesel qui parvient avec sa voiture à aller plus vite qu'un parking qui s'effondre tout en projetant sa voiture contre un hélicoptère, en lui balançant un sac de grenades le tout sans mourir, je ne crois pas non plus. N'oublions pas Dwayne "the Rock" Johnson qui casse son plâtre avec ses biscottos avant de défoncer un drône avec une ambulance, puis de canarder ledit hélicoptère avec une mitrailleuse qui fait deux fois sa taille, portée à bout de bras. Schwarzie avec sa sulfateuse dans Terminator ferait presque pitié. Jason Statham également, avec sa détermination à paraître implacable, indestructible, robotique, hyper puissant, en fait tellement trop qu'il en devient comique. Et Jason Statham étant Jason Statham, on se doute bien que celui-ci ne devrait pas rester méchant trop longtemps. On note également l'arrivée de ce bon vieux Kurt Russel, deus ex-machina, venu sauver Dom de la mort au meilleur moment, et qui donne crédit illimité à son équipe pour foutre le bordel absolument partout sur la planète. A partir de là, on n'a plus besoin de savoir d'où viennent toutes les bagnoles et toutes les armes qu'ils démolissent au cours des films à venir, ce n'est jamais plus un problème. C'est également la première apparition de Ramsey (Nathalie Emmanuel), qui joue une hackeuse. Les hackeurs dans ces films sont des êtres surnaturels capables de tout détourner, tout pirater, tout déverrouiller avec une connexion 56k intermittente, dans une bagnole poursuivie par des centaines de bagnoles de méchants. Bref, il s'agit encore ici de récupérer une invention diabolique, l'œil de Dieu, qui espionne tout et tout le monde à la fois, et qui bien sûr ne doit pas tomber entre de mauvaises mains, les bonnes mains étant bien sûr américaines. Heureusement, Roman (Tyrese Gibson) est là pour apporter un peu de distance ironique au film quand il demande s'il peut s'en servir vite fait pour checker ses mails. Nathalie Emmanuel, belle comme une voiture de course, fait tout son possible pour ne pas paraître trop bombasse nunuche dans sa nouvelle famille d'adoption. On la gratifie quand même d'une sortie de l'eau en bikini façon James Bond girl, mais il me semble que c'est la dernière fois qu'elle sera sexualisée de la sorte dans la franchise. Je ne manquerai pas de corriger si je me trompe. Enfin, on revoit avec plaisir Lucas Black de retour à la fois par des images reprises de Fast and Furious : Tokyo Drift et dans de nouvelles scènes se passant immédiatement après. Entre les deux scènes, Lucas Black a pris 9 ans, et ça, curieusement, ça choquerait limite plus que toutes les cascades débiles qu'on se tape pendant les interminables 137 minutes de cet épuisant opus.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire