samedi 22 novembre 2025

Fast and Furious 10




2023
Louis Leterrier
Avec : toujours la même bande + Jason Momoa

340 millions de dollars, c'est ce qu'à coûté ce dixième épisode de la "saga" no brain Fast and Furious. Pour donner un ordre d'idée, le premier film avait coûté 38 millions de dollars et en avait rapporté 207. Très bien, c'est une belle somme 340 millions, mais c'est dommage qu'elle ne se voit pas à l'écran. C'est dommage que pour un tel budget, il n'y ait pas un mec avec un peu d'autorité pour dire, non mais, vous vous foutez de ma gueule là? Ils sont où mes 340 millions? Les accidents de bagnoles ne sont pas crédibles, l'explosion à Rome fait de l'effet la première seconde, mais c'est tout, la bagnole de Toretto qui traine des hélicoptères en feu derrière elle, est limite risible, l'explosion des camions au-dessus du barrage est loupée, mais surtout, surtout, cette descente en voiture du barrage est hideuse, d'une laideur abominable! Lorsque Toretto (Vin Diesel) se retourne, à un moment, pour voir l'étendue des dégâts, le plan sur le barrage est incompréhensible, il y a du rouge, de la fumée, du noir, des flammes. Toutes ces scènes pyrotechniques invraisemblables ressemblent à ce qu'elles sont, des successions d'image artificielles, mal gaulées, effectuées par des gens qui n'ont pas pris le temps d'étudier la cinématique, à quoi ça ressemble un corps qui chute, comment sont projetés les débris, quelle fumée serait générée réellement par une bombe qui explose dans Rome. On ne ressent pas la masse des objets, il n'y a pas de texture, les carcasses de voiture qui font d'interminables tonneaux n'ont pas de pesanteur, pas de substance, elles sont éthérées, brouillonnes et hors de toute réalité tangible. Rome, Londres, le Portugal ne sont même plus des terrains de jeu pour scènes d'action survitaminées, ces lieux de tournage ne sont plus qu'un calque, un couche parmi d'autre dans le millefeuille de plans superposés qui constituent une scène. Je pardonne beaucoup de choses dans un film d'action débile, et je parviens souvent à y prendre du plaisir, mais il faut respecter le contrat de base : des scènes d'action efficaces. Et là, pour 340 millions de dollars, le compte n'y est pas.

Même au niveau du scénario, je peux encaisser beaucoup. Le 7, c'était Jason Statham qui se vengeait. Le 9, c'était John Cena qui se vengeait. Là ils nous sortent Dante (Jason Momoa), le fils du trafiquant de drogues mort dans le 5, qui veut se venger. Le mec a toujours une longueur d'avance sur tout le monde à un point que ça en devient ridicule, ce n'est plus de la planification intelligente, c'est de la prescience. "Tu es exactement là où je voulais que tu sois", dit il à Dom Toretto lorsque celui-ci se retrouve coincé en haut d'un barrage, encadré par deux camions citerne. Je ne vois pas comment il aurait pu anticiper ça à ce point quand on voit tout le bordel qui a eu lieu avant, surtout que 5 minutes avant le même Dante était dans une voiture en train de pourchasser Dom. Comment est il arrivé en haut de cette montagne, épaulé par le traitre Aimes (Alan Ritchson) qui était pourtant 5 minutes avant dans un avion, et coïncidence, le reste de la bande de Dom se pointe justement à cet endroit dans un autre avion, pile au bon moment pour se faire shooter. Ha ha, tu as cru m'avoir lui dit Dom, mais tu as fait l'erreur de me laisser ma voiture. Hop, Dom s'en sort en dévalant le barrage en voiture, mais oui, mais ça aussi c'était prévu par notre super méchant, et hop, il fait sauter le barrage. Notre héros va-t-il s'en s'en sortir, et sauvera-t-il son fils par la même occasion? Il faudra attendre l'épisode 11.

En tout cas, le thème clair de cet épisode, c'est que tant que Dominic Toretto est dans sa caisse, il peut tout faire. Jouer au foot avec une bombe de plusieurs tonnes dans les rue de Rome, sauter d'un avion et atterrir sur deux voitures ennemies, résister au harponnage inamical de deux hélicoptères, utiliser l'énergie cinétique pour projeter ce qu'il reste des hélicoptères sur d'autres ennemis, défoncer des murs, défoncer des terrasses, et toujours toujours continuer à rouler, quoi qu'il arrive. Oui, c'est fatiguant.

Fatiguant également est Jason Momoa. Les méchants qui cabotinent gâchent toujours les films, à l'exception de Heath Ledger dans The Dark Knight qui avait un rôle qui exigeait ce cabotinage. Mais le cabotinage de Chris Hemsworth dans Furiosa vous flingue le film, et là pareil, la surenchère de Jason Momoa dans Fast and Furious 10 achève encore un peu plus un film qui n'avait déjà pas grand chose pour lui. Comment prendre au sérieux un méchant qui est censé vouloir une vengeance froide et implacable s'il ne cesse de faire des blagues pourries et de rigoler quand Vin Diesel lui met une beigne? Nul.

Sinon, la moulinette Fast and Furious continue son œuvre. Cipher (Charlize Theron) a passé deux épisodes, donc elle peut désormais passer du côté des gentils, même si, soyons honnête, ça ne se fait pas tout seul. Elle et Letty (Michelle Rodriguez) ont une très longue scène ensemble, dans les souterrains d'une base en Antarctique, où elles ne discutent nullement d'un autre homme, ce qui fait que Fast and Furious 10 pourrait bien être le premier film de la franchise à passer le test de Bechdel ! D'accord, l'essentiel de leur dialogue consiste à se foutre des pains dans la tronche, mais ça reste une forme de communication après tout. A l'issue de cette confrontation, les deux femmes font équipe, marchent un peu dans la neige, là, un sous-marin sort des glaces, et qui c'est qui sort de l'écoutille? Gisèle (Gal Gadot) qui était morte à l'épisode 6. Qu'est ce que je vous avais dit hein, quand elle est morte? QU'EST CE QUE JE VOUS AVAIS DIT??? 

Jakob (John Cena), lui, n'aura pas profité longtemps d'être passé du côté des gentils puisqu'il doit se sacrifier à bord de sa voiture lance-roquettes (passons...) pour sauver son frère. On voit la voiture s'écraser, s'embraser, exploser, mais ça n'empêchera pas nos scénaristes favoris de le faire revenir si le besoin s'en ressent (et en vrai, le personnage était plutôt sympathique). Monsieur Personne (Kurt Russel) reste aux abonnés absents, donc à sa place on a droit à sa fille (Brie Larson) qui n'apporte pas grand chose à l'histoire. Brian (Paul Walker) est toujours absent, vu que Paul Walker est mort, mais franchement, avec tous ces mecs qui veulent se venger de toute la bande épisodes après épisodes, c'est quand même bizarre qu'il réussisse à ne jamais être impliqué. Il va vraiment falloir faire tourner la planche à CGI messieurs. Han (Sung Kang) est toujours ressuscité, et ses retrouvailles avec Deckard Shaw (Jason Statham) qui pensait l'avoir tué dans le 6 auraient pu être très savoureuses, mais ça tombe un peu à plat. Les deux lourdingues Tej (Ludacris) et Roman (Tyrese Gibson) passent leur temps à se chamailler et ça en devient pesant, et Megan Ramsey (Nathalie Emmanuel) fait surtout de la figuration dans cet épisode. Et à la toute fin, on retrouve, enfin, Dwayne Johnson, puisque, pour ceux qui ont suivi, il s'était embrouillé avec Vin Diesel, et qu'il ne souhaitait donc plus participer à l'aventure Fast and Furious, mais que dans l'histoire, pour ceux qui ont suivi, c'est bien son personnage Hobbs qui tue le père de Dante (même si je ne vois pas comment il aurait pu le savoir, vu que Dante est dans la flotte au moment ou Hobbs presse sur la gâchette, ça c'est pour ceux qui ont vraiment tout suivi), et donc, ce serait assez curieux que Dante ne cherche à se venger que de Dominic Toretto, et pas de celui qui a réellement tué son père. Mais, si j'ai bien suivi, la brouille entre Dwayne Johnson et Vin Diesel n'est pas tout à fait terminée puisque le retour de Dwayne Johnson dans la "saga" se fera par l'entremise d'un deuxième spin off centré sur sa géguerre avec Dante et non pas dans la série normale, puis la "saga" se conclura par un Fast and Furious 11, ou alors un Fast and Furious 10 épisode 2, ce qui serait débile, à moins qu'ils fassent un Fast and Furious 10, la trilogie, ce qui serait encore plus débile, mais quand on aime on ne compte pas.

On verra tout ça quand ça sortira, et il faudra même attendre le respect de la chronologie des médias pour ça, parce que si, à la rigueur, je peux me déplacer pour voir un Mission : Impossible au cinéma (même si j'ai loupé le dernier), ça n'arrivera pas pour un Fast and Furious. A bientôt tout de même.

dimanche 16 novembre 2025

Fast and Furious 9




2021
Justin Lin
Avec : toujours la même bande, mais sans Dwayne Johnson

La scène d'introduction est pas mal, on assiste à une course de voiture en 1989. Les couleurs sont légèrement sepia parce que c'était il y a très longtemps 1989. Le pilote est Toretto, mais Jack Toretto (J. D. Pardo), le père de Dominic Toretto (Vin Diesel). Y a comme un accrochage, et le père meurt, carbonisé dans sa voiture. Le jeune Dominic Toretto hurle. Boudiou, le truc, c'est qu'au bout de 10 films merdiques de cette trempe, à force de faire revivre des gens, à force de leur inventer des passés sortis de nulle part, tous ces personnages finissent par gagner en épaisseur malgré leur peu de caractérisation psychologique de départ. C'est ainsi, et on finit par s'y attacher, et on retrouve Dom, devenu père à son tour, qui répare un vieux tracteur et demande une clé de 12 à son fils. "Tu es sûr?" lui demande-t-il, le regard affectueux, lorsque celui-ci lui tend un tournevis. Comme c'est meugnon...

Bon, c'est meugnon, mais pas au point d'en faire une "saga" de référence non plus. Entre le déjeuner et le café, les scénaristes ont l'idée de créer un frère à Dominic Toretto: Jakob, joué par John Cena. Pourquoi on n'en a jamais entendu parler pendant les 8 premiers épisodes? Pourquoi même pas une petite allusion? Bah c'est parce que c'est un paria, il a bricolé un truc dans la voiture de son père, et c'est à cause de lui que son père est mort. Donc entre Dominic et Jakob, c'est à la mort à la mort. Voilà comment on installe le nouveau méchant du film. Cipher (Charlize Theron) est prisonnière de ce nouveau méchant, j'ai pas compris comment. Elle est prisonnière dans une prison de verre, sans accès à aucun ordinateur, vu qu'elle pourrait hacker la CIA avec un Nokia 3310. Elle n'a même pas de chiottes dans sa prison de verre, donc concrètement je ne sais pas comment elle fait. Mais elle continue de parler doucement, d'analyser ses geôliers, notant des origines scandinaves chez les Toretto du fait de la mâchoire assez carrée de Jakob. Passionnant. 

Dans ce neuvième opus, on retrouve Mia Toretto (Jordana Brewster), la sœur de Dominic. En fait je ne m'étais pas rendu compte qu'elle n'était plus là depuis un ou deux épisodes. Et oui, c'est qu'elle est censée filer la parfaite vie de famille avec Brian, disparu lui, parce Paul Walker est décédé dans la vraie vie. Et là, soudain, Fast and Furious devient une franchise féministe. Mia est là, mais Brian n'est pas là. L'homme reste au charbon, à s'occuper de ses gosses et de celui de Dom, la femme part sauver la planète (oui parce qu'il est encore question de retrouver un machin qui pourrait détruire le monde). Et c'est d'autant plus un film féministe qu'on assiste à une scène de bien 5 minutes où deux femmes, Mia Toretto (Jordana Brewster) et Letty (Michelle Rodriguez) parlent entre elles en bouffant des ramen à Tokyo. La scène semble avoir été tournée pour faire plaisir à Michelle Rodriguez qui râlait sur la place des femmes dans la série, et pour que le film passe le test de Bechdel. Pour rappel, le test de Bechdel met en évidence le sexisme des films ou livres en l'évaluant à l'aune de trois critères : 

  • Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre ;
  • qui parlent ensemble ;
  • et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.

En fait, il est effectivement difficile de trouver des films mainstream qui respectent cette règle, Mad Max : Fury Road, par exemple, en fait partie. Ici, les scénaristes se sont légèrement foirés, parce que si les deux femmes parlent de leurs tourments et de leurs états d'âme, elles évoquent également leur rapport avec le mâle alpha de la "saga" : Dominic Toretto, ce qui de facto ne respecte pas la troisième règle. Mais déjà, c'est un progrès, la scène m'a sauté au yeux, c'est dire si on n'a pas l'habitude de voir ça dans un actioner.
Ce qui m'a également sauté au yeux, c'est ce qui suit cette scène. Tenez vous bien. Han (Sung Kang) n'est pas mort! Alors attendez, il faut rembobiner. Pour rappel, la petite astuce temporelle qui faisait revenir Han dans les épisodes 4 à 6 avait pour but de ne pas faire de résurrections bidon dans la "saga". Une résurrection bidon plus tard (celle de Letty), nos valeureux scénaristes font finalement revenir Han. Han avait pourtant été tué par Deckard Shaw (Jason Statham) hein, on voit la voiture s'embraser avec Han dedans! Ben non, Han n'explique pas trop comment, mais c'était un tour de passe passe orchestré par Mr Nobody (Kurt Russel) pour que Han s'occupe d'une fille qui a un rapport avec le truc que tout le monde cherche et qui pourrait signifier la fin du monde. OK mais bon, le réal Justin Lin doit être bien embêté. Il avait sorti un DVD Collector "97 Special Edition" de Fast and Furious: Tokyo Drift où l'on voyait Jason Statham, dans la foule, surveiller Han. Il va falloir sortir un Blu-Ray "2013 Definitive Edition" avec une incrustation de Kurt Russel, rigolard, en train de surveiller Statham surveillant Han. Difficile de faire plus con que cette résurrection, mais ça permet de voir Han faire une accolade avec Sean Boswell (Lucas Black) du troisième épisode, qui a ici un petit rôle sympa, et de voir dans la scène post générique Deckard Shaw écarquiller les yeux quand Han frappe à sa porte.
Pour le reste, c'est le portnawak habituel, avec plein de puissants électro-aimants qui attirent les voitures adverses, mais un portnawak qui touche ici au sublime, lorsque Roman (Tyrese Gibson) et Tej (Ludacris) viennent shooter un satellite en voiture! Si si, ils l'ont fait, propulser une voiture dans l'espace avec nos deux loustics dedans, respirant dans des vieux scaphandres de plongée, pour détruire un satellite qui pourrait activer un machin qui pourrait bien provoquer la fin du monde. Comme le notent eux-mêmes les deux protagonistes, deux mecs, pas blancs, issus des bas-fonds, qui ont une scène dans l'espace, c'est la classe. On pense ce que l'on veut de cette série débile, de son machisme, de ses invraisemblances, mais elle a le mérite de mettre en avant une tripotée de héros bigarrés, divers et qui sortent des sentiers battus.
Pour la fin de la trame narrative de ce neuvième épisode, on s'en doutait, Jakob se rachète, Dominic pardonne, parce que la famille c'est la famille, et Cipher perd à nouveau. Le monde est sauvé, ouf, on peut finir par un barbecue final qui devient aussi iconique que le banquet à la fin d'Astérix. Il faut dire le bénédicité. Il manque quelqu'un, une voiture de sport se gare, on devine que c'est Brian, mais on ne le verra pas. Snif, je verserais presque une larme.  Allez, plus qu'un avant la sortie de FAST 11. Fast and Furious 9 n'ayant rapporté "que" 726 millions de dollars, on peut espérer que tout cela va bientôt toucher à sa fin.

Fast and Furious : Hobbs and Shaw


2019
David Leitch
Avec : Dwayne Johnson, Jason Statham, Idris Elba, Vanessa Kirby

On avait pas assez de Fast and Furious, voici les spin offs. Celui-ci est centré sur Luke Hobbs (Dwayne Johnson) et Deckard Shaw (Jason Statham). La "saga" n'est déjà pas terrible dans l'ensemble, ce spin off ne réhausse pas le niveau. Si on a plaisir à revoir Vanessa Kirby qui jouait la princesse Margaret dans The Crown, le reste est exactement comme d'habitude, avec peut-être plus de tentatives d'humour un brin décalé (en particulier l'agent Locke (Ryan Reynolds) qui en fait des tonnes). Hobbs et Shaw se lancent des vannes à n'en plus finir, et les scènes d'action sont pour la plupart pitoyables. Encore une fois parce que les effets spéciaux ne sont pas au niveau de ce qu'on pourrait attendre d'un film qui a coûté 200 millions de dollars, mais aussi parce que le méchant (Idris Elba) est une espèce d'être humain "amélioré" qui peut faire des trucs improbables et qui a une moto qui a l'air de pouvoir se relever toute seule et se conduire toute seule. On touche là vraiment aux limites de cette notion de suspension de crédibilité, on est prêt à croire n'importe quoi, des technologies de traçage hyper pointues aux accidents super spectaculaires où personne ne meurt, mais quand l'essence même de la "saga", à savoir les bastons et les courses de bagnoles, est parasitée par ce qui lorgne de plus en plus vers la science fiction, on décroche.

C'est un virus super dangereux qu'il faut récupérer ici, la routine quoi. Vanessa Kirby joue la sœur de Deckard Shaw, elle s'est inoculé le virus je crois, donc il y a un décompte fatal qui est enclenché. Personne ne croit sérieusement qu'elle va mourir et la moitié de l'humanité avec elle. L'originalité, on va dire, c'est que tous les gentils se retrouvent aux îles Samoa pour un prétexte que j'ai déjà oublié, ce qui permet à Hobbs de retrouver sa famille. Le temps de préparer une petite bataille, les gentils d'un côté avec leurs sens de la débrouille, leurs tongs et leurs bagnoles d'un certain âge, et les méchants de l'autre, avec leur hélicoptère et toute leur technologie. Je vous passe les détails, mais ce film permet de vérifier un axiome connu des films d'actions: quand un hélicoptère tombe, s'il n'y a que des méchants dedans, l'hélicoptère explose. S'il y a un gentil dedans, l'hélicoptère n'explose pas, et le gentil se fait une bosse. La morale de l'histoire, c'est que l'humain, l'amitié, le travail d'équipe et le cœur priment sur la meilleure des technologies, c'est le petit message que veut faire passer le film avec des sabots énormes à tous ceux qui rêvent d'humain amélioré. Le méchant du film est désactivé, et on comprend que ce n'est pas fini, que le vrai méchant reste dans l'ombre. On devrait donc avoir une suite au spin off. Sauf que, à l'époque où sort ce film, Dwayne Johnson et Vin Diesel se sont embrouillés comme deux bons gros mâles alpha, au point que Dwayne Johnson déclarera ne plus vouloir participer à la série. Et effectivement, pas de Dwayne Johnson dans Fast and Furious 9. Mon dieu, et s'il ne revenait pas? Et si ce mystérieux méchant restait pour toujours dans l'ombre? Je n'en dors plus la nuit.

samedi 15 novembre 2025

Fast and Furious 8




F. Gary Gray
2017
Avec : toujours les mêmes, mais sans Paul Walker et avec Charlize Theron

Je ne vous cache pas que je commence à fatiguer. Cet épisode, c'est celui avec le sous-marin. Voilà. C'est nul et c'est long. Paul Walker n'est plus là, mais honnêtement est-ce que ça change grand chose? Non, le casting est désormais tellement pluriel qu'on y fait presque pas attention.  Après une course de bagnole très couleur locale à Cuba où Dom (Vin Diesel) gagne la confiance d'un caïd du cru en lui laissant la voiture qu'il a pourtant gagné, arrive Cipher (Charlize Theron) qui joue encore une hackeuze bien gaulée et extrêmement talentueuse. Je dis encore, pas parce qu'elle aurait déjà joué ce rôle ailleurs, mais parce qu'on a déjà Nathalie Emmanuel dans le casting qui coche cette case. Grosse déception du film, Charlize Theron ne parvient pas à créer une méchante réussie. Elle vit dans un avion constamment en l'air, marmonne, parle doucement, est toujours très rationnelle (trop) et explique à Dom des choses sur l'évolution, ne comprend pas pourquoi il a laissé la voiture au Cubain, c'est pas logique, tatati, tatata. On n'écoute déjà plus beaucoup. Dom entre au service de Cipher, car la famille s'agrandit, Dom a désormais un fils, il ne le savait pas, nous non plus, c'est normal c'est sorti de la tête des scénaristes, comme ça, après la pause café. Dom a un fils qu'il a eu avec Elena Neves (Elsa Pataky) à l'époque où Letty (Michelle Rodriguez) était présumée morte. On voit Vin Diesel pleurer, les amis, on voit Vin Diesel pleurer! Bref, ce fils est retenu en otage par Cipher, pour contraindre Dom à travailler pour elle. Le but est comme d'habitude de récupérer un truc ou un bidule qui met le monde en danger. Donc Charlize Theron est fadasse, ne comprend pas bien cette histoire de "famille" et de "confiance". Elle qui est experte réseau, elle devrait savoir que le réseau humain est tout aussi important que les réseaux informatiques, c'est très bref, mais le cubain dont Dom a gagné la confiance au début, il lui filera un petit coup de main pour se sortir des griffes de Cipher. Oui madame l'experte bien gaulée, oui! ça ne sert à rien d'être intelligente et d'une logique implacable, ce qui sert dans la vie, c'est l'amitié, la famille, la tribu, les contacts, la débrouille, oui madame! C'est ça la morale Fast and Furious!

Hobbs (Dwayne Johnson) se retrouve en prison, je ne sais plus trop pourquoi. Pourquoi j'en parle alors? Parce qu'il y retrouve Deckard Shaw (Jason Statham) qui est au cœur des deux seules séquences que je trouve réussies du film. La première, celle de l'évasion opportuniste qui suit l'arrivée de Hobbs en taule. Jason Statham est grave convaincant, il fonce, il saute partout, il virevolte, il est déterminé. Depuis qu'il est dans la série, il apporte un surplus d'énergie à des films qui n'en manquaient pourtant pas. La deuxième, c'est encore Deckard Shaw qui va sortir le bébé de Dom Toretto de l'avion de Cipher en plein vol. Shaw se bat contre à peu près tous les tueurs de l'avion tout en protégeant le bébé dans son cosy et en lui faisant des risettes. C'est fun, c'est rigolo. Egalement, dans une autre scène, lui et Hobbs s'envoient des tas d'insultes menaçantes de mâles alpha, du style  "je vais t'enfoncer les dents tellement profond que du devras passer par derrière pour te les brosser ", c'est long, c'est moyen, et tout d'un coup Jason Statham sort un grand sourire, on ne sait même pas si c'était un loupé de l'acteur qui aurait dû finir dans le bêtisier où si c'était écrit. En tout cas, cela suffit à réconcilier nos deux lascars. Rappelons que Deckard Shaw était le grand méchant de l'épisode 7, celui qui a tué Han, et que c'est ce gars là que Dom va appeler à l'aide pour sauver son fils, épaulé en plus par son frère Owen Shaw (Luke Evans) qui rappelons le, était le méchant du 6, celui qui a écrasé pleins d'innocents avec un tank sur une autoroute et maintenait Letty sous sa coupe. La rancune n'est pas tenace dans Fast and Furious.

Dom qui est contraint de jouer les méchants, c'est une assez bonne idée du film, pas vraiment exploitée jusqu'au bout, mais j'essaie, hein, j'essaie de trouver des points positifs. Parce que là, je crois que j'ai fait le tour. Comme dans Fast and Furious 4, l'ensemble des scènes d'action est plombé par des effets spéciaux numériques totalement loupés. Cipher, la hackeuse, hacke l'ensemble des voitures autonomes de New York, juste pour foutre le bordel et permettre à Dom de récupérer toujours un truc qui pourrait mettre le monde en péril. La scène pourrait être intéressante, mais c'est mal gaulé, il pleut des voitures, il y en a trop, la suspension de crédibilité ne marche plus, l'incrustation des voitures qui roulent toutes seules est loupée, on a l'impression d'assister à un concept plus qu'à une scène réelle, on s'ennuie. Pareil avec les sous-marin. Je ne sais pas où ça a été tourné, mais la Sibérie post-soviétique paraît irréelle, comme si on était dans un de ces horribles multivers alternatifs que l'on voit dans les films Marvel. Le sous-marin qui sort des glaces sonne faux, Letty qui parvient à stabiliser sa voiture sur de la glace en train d'être brisée, cela sonne faux, surtout que toutes les voitures des méchants y passent. La petite équipe de Dom qui vient le protéger in extremis de l'explosion du sous-marin en formant un rempart avec leurs voitures, ça sonne faux aussi. Tout est moche, loupé, sans intérêt. Pourtant cette chose rapportera 1,2 milliards de dollars, j'ai du mal à comprendre.

A la fin, c'est barbecue sur un rooftop à New York. On boit de la Corona. Dom décide d'appeler son fils Brian. Oui, parce que sa mère Elena (tuée par Cipher au fait) ne lui avait pas donné de premier prénom pour que son papa puisse lui en choisir un lui-même. Le dévouement des femmes envers leurs hommes dans ces films est incroyable. Le père de ton fils s'en va pour retrouver sa première greluche qui a retrouvé la mémoire, et toi, tu restes plein d'admiration pour lui, et tu fais exprès de ne pas donner de premier prénom à ton fils pendant des mois, pour que son paternel puisse lui en donner un, si un jour il le souhaite. Incroyable. Michelle Rodriguez a plusieurs fois critiqué la place et le rôle des femmes dans la franchise, et menacé de quitté la série. Même si toutes les femmes de la série ont des rôles de femmes d'action assez développés pour le côté action, il faut bien avouer qu'elles sont rarement moteur de ladite action, et toujours dans le sillage des mâles alpha. Mais c'est pas grave, plus que trois films à tirer, après on pourra parler d'autre chose.


mercredi 12 novembre 2025

Fast and Furious 7




2015
James Waan
Avec : toujours les mêmes, rejoints par Kurt Russel, Jason Statham et Nathalie Emmanuel


Justin Lin jette l'éponge, jugeant sans doute avoir bouclé la boucle avec la mort de Han à la fin du sixième épisode. Il refile le bébé à James Waan qui signera l'opus le plus profitable de la série, récoltant la rondelette somme de 1,5 milliard de dollars au box office mondial, soit excusez du peu, le double de Fast and Furious 6. On pourrait penser que ce résultat exceptionnel est dû à la morbidité du public, curieux de voir comment les scénaristes allaient gérer la mort - réelle - de Paul Walker, mais Fast and Furious 8 récoltera 1,2 milliard de dollars, invalidant largement cette théorie. 

Car oui, Paul Walker est mort d'un accident de voiture alors que le tournage n'était pas terminé, ce qui est bien sûr ironique à plus d'un titre. Cette mort réelle, est télescopée par la mort scénaristique de Han (Sung Kang) et j'avais souvenir d'une affiche légèrement abjecte montrant les membre de la "famille" de Dom à un enterrement, jouant sur la confusion entre la mort factice de l'un et la mort réelle de l'autre. Mais je ne retrouve pas cette affiche, donc il faut croire que j'ai rêvé, ou qu'il s'agissait d'un fake.

Quoi qu'il en soit, il s'agit donc du dernier épisode où l'on verra Brian (Paul Walker) puisqu'il ne saurait être question ici d'une résurrection bidon. Encore que, est-ce que Fast and Furious ne sera pas la première franchise au monde à faire revenir un acteur majeur en version numérique? Après le rajeunissement de Harrison Ford dans le dernier Indiana Jones, les incrustations furtives dans certains Star Wars, on sent bien qu'il y a juste un dernier petit bout de rempart, un vestige de morale désuète qui empêche nos producteurs chéris de faire revenir une star décédée pour un premier rôle . Quand les fan fictions générées par IA déferleront sur les réseaux, ces derniers verrous sauteront illico presto. En attendant, le Brian de Fast and Furious prend une retraite bien méritée avec la naissance à venir de son deuxième enfant. Les scènes finales qui devraient respirer le bonheur ont pourtant tout d'un éloge funèbre. Message caché : démarrer une vie de famille, c'est commencer à mourir, c'est tellement mieux de jouer au caïd et de continuer à faire des burns sur un parking...

Pour le scénario, on est passé d'un film de casse potable (Fast and Furious 5), à une film de style Mission Impossible délirant (Fast and Furious 6) jusqu'à ce fatras impressionnant de scènes d'actions toutes plus débiles les unes que les autres dans Fast and Furious 7. C'est peut-être ça finalement qui a tellement attiré les foules. Plus une once de vraisemblance, une suspension de crédibilité permanente, un épuisement de l'esprit critique par le trop plein, le bruit, la fatigue oculaire.  Encore, les bagnoles qui sautent d'un avion, il me semble que ça avait déjà été fait (Terminal Velocity, 1994, Natassja Kinski), mais la bagnole qui saute d'un gratte-ciel à l'autre, je ne crois pas, et Vin Diesel qui parvient avec sa voiture à aller plus vite qu'un parking qui s'effondre tout en projetant sa voiture contre un hélicoptère, en lui balançant un sac de grenades le tout sans mourir, je ne crois pas non plus. N'oublions pas Dwayne "the Rock" Johnson qui casse son plâtre avec ses biscottos avant de défoncer un drône avec une ambulance, puis de canarder ledit hélicoptère avec une mitrailleuse qui fait deux fois sa taille, portée à bout de bras. Schwarzie avec sa sulfateuse dans Terminator ferait presque pitié. Jason Statham également, avec sa détermination à paraître implacable, indestructible, robotique, hyper puissant, en fait tellement trop qu'il en devient comique. Et Jason Statham étant Jason Statham, on se doute bien que celui-ci ne devrait pas rester méchant trop longtemps. On note également l'arrivée de ce bon vieux Kurt Russel, deus ex-machina, venu sauver Dom de la mort au meilleur moment, et qui donne crédit illimité à son équipe pour foutre le bordel absolument partout sur la planète. A partir de là, on n'a plus besoin de savoir d'où viennent toutes les bagnoles et toutes les armes qu'ils démolissent au cours des films à venir, ce n'est jamais plus un problème. C'est également la première apparition de Ramsey (Nathalie Emmanuel), qui joue une hackeuse. Les hackeurs dans ces films sont des êtres surnaturels capables de tout détourner, tout pirater, tout déverrouiller avec une connexion 56k intermittente, dans une bagnole poursuivie par des centaines de bagnoles de méchants. Bref, il s'agit encore ici de récupérer une invention diabolique, l'œil de Dieu, qui espionne tout et tout le monde à la fois, et qui bien sûr ne doit pas tomber entre de mauvaises mains, les bonnes mains étant bien sûr américaines. Heureusement, Roman (Tyrese Gibson) est là pour apporter un peu de distance ironique au film quand il demande s'il peut s'en servir vite fait pour checker ses mails. Nathalie Emmanuel, belle comme une voiture de course, fait tout son possible pour ne pas paraître trop bombasse nunuche dans sa nouvelle famille d'adoption. On la gratifie quand même d'une sortie de l'eau en bikini façon James Bond girl, mais il me semble que c'est la dernière fois qu'elle sera sexualisée de la sorte dans la franchise. Je ne manquerai pas de corriger si je me trompe. Enfin, on revoit avec plaisir Lucas Black de retour à la fois par des images reprises de Fast and Furious : Tokyo Drift et dans de nouvelles scènes se passant immédiatement après. Entre les deux scènes, Lucas Black a pris 9 ans, et ça, curieusement, ça choquerait limite plus que toutes les cascades débiles qu'on se tape pendant les interminables 137 minutes de cet épuisant opus.

mardi 11 novembre 2025

Fast and Furious 6




2013
Justin Lin
Avec : les mêmes que dans le 5

Fast and Furious 5 était celui où nos héros traînent un coffre dans les rues de Rio. Fast and Furious 6 est celui où le méchant conduit un char d'assaut à contre-sens sur l'autoroute. Chaque film peut finalement se résumer à une méga scène d'action qui l'identifie peu ou prou. Letty (Michelle Rodriguez) grimace, parce que le char écrase des voitures avec des vrais gens dedans. Il y a donc des vrais morts, ouh c'est violent! Qu'est ce que ce char fout là sur l'autoroute? Aucune idée. Que convoite le méchant? Aucune idée. Comme l'avouent nos protagonistes (les mêmes que dans le 5), on est passé à la vitesse supérieure. On ne cherche plus une base de donnée d'un trafiquant lambda, on ne veut plus le pognon, on court après un truc qui pourrait bien signifier la fin du monde. Nos héros, les membres de cette petite familia hétéroclite qui gravite autour de Dom (Vin Diesel), se prennent une branlée monumentale au début du film, et au milieu aussi d'ailleurs, parce que cette fois, ce sont de vrais pros en face, menés par Owen Shaw (Luke Evans) qui est un ancien des forces spéciales britanniques. On a vraiment basculé du côté de Mission : Impossible et on s'attendrait presque à voir un crossover avec Tom Cruise courant comme un lapin pour venir se battre contre Dwayne Johnson qui fait deux fois sa taille, ça serait marrant.

Nos loustics mettent un peu de temps à s'adapter à cette nouvelle donne, mais le message c'est que la famille, la débrouille, la tchatche et l'improvisation sont plus forts qu'une planification minutieuse et des années d'entraînement dans les forces spéciales. Soit. Don't think, feel. Presque un pamphlet! Nous aussi, gosses des suburbs on peut sauver le monde, parce que l'optimisme, le système D, les réseaux de potes, et surtout, la rage de vaincre (ride or die) surpassent tout. Hobbs (Dwayne Johnson) et Tej (Ludicrous) humilient en mode "revanche de classe" un vendeur de voitures de luxe qui les avait jugés cruellement sur leurs vêtements "fonctionnels". Ce film parle à tous les déclassés, ceux qui subissent la société de consommation, qui rêvent d'être riches, les frustrés sexuels qui subissent le porno et les femmes d'une autre planète dans les pubs de parfum, ceux qui voudraient une Bugatti Chiron mais qui se contenteront de la version Lego Speed Control. Vous aussi vous pouvez avoir tout ça leur dit Fast and Furious 6, vous aussi vous pouvez niquer leurs races à ceux qui nous contrôlent.

Du côté du scénario, on a donc le retour de Letty (Michelle Rodriguez) là où les scénaristes ne voulaient pas ressusciter les gens de manière irréaliste. Non seulement ils usent de ce procédé indigne, mais ils rajoutent un autre cliché au truc : elle a perdu la mémoire, elle ne se souvient plus de Dom et lui balance une balle dans l'épaule. Il encaisse ça sans broncher, se soigne lui-même et repart comme si de rien n'était. Tu es rabat-joie qu'on va me dire, mais je n'ai pas bien compris ce qu'apporte cette amnésie à l'intrigue, à part une scène censée être touchante ou Letty et Dom comparent leurs blessures de guerre. A la fin, Gisèle (Gal Gadot), meurt, mais les scénaristes ne se cachent même plus, on ne la voit pas vraiment mourir, au cas où il faudrait la faire revenir.

La scène post-générique, qui n'est même plus post-générique pour être sûr que personne ne la rate, montre la mort de Han, qui pour rappel, avait déjà été vue dans Fast and Furious : Tokyo Drift. La boucle et bouclée, on découvre qu'en fait Han a été tué intentionnellement par Jason Statham, c'est le petit twist, la petite attention qui permet de faire rebondir la "saga". Cependant, il y a dix ans d'écart entre ces deux films, la vie, les téléphones, et sans doute aussi les voitures ont évolué. Les téléphones utilisés par les japonais pour filmer les courses dans Fast and Furious : Tokyo Drift sont totalement ringardisés par la débauche de technologie montrée dans les films précédents. Si j'étais Justin Lin, ni une ni deux, je sortirais une édition DVD Collector "97 Special Edition" de Fast and Furious : Tokyo Drift avec des retouches numériques pour mettre les téléphones et les bagnoles au goût du jour de 2013 et une incrustation de Jason Statham quelque part dans la foule, à un point clé de l'intrigue, pour faire genre "c'était prévu". Oui, je viens d'une époque où les DVD Collector étaient importants, je viens d'une époque où l'on regardait les scènes coupées des films. Je viens d'une époque où les les passionnés lisaient les blogs d'autres passionnés sur leurs films de prédilection. Aujourd'hui, cette article ne sera lu par personne, il va être ingurgité par toutes les IA de la planète, et peut-être que dans quelques mois, quelqu'un demandera à son IA préférée : "Si la mort de Han dans FF3 est censée se passer après FF6, comment ça se fait qu'aucune voiture et qu'aucun téléphone de FF3 ne soit à jour?". "Excellente question, lui dira l'IA, tu exposes ici les limites d'un rafistolage non anticipé par les scénaristes de la franchise Fast and Furious. Mais Justin Lin a sorti en 1997 une version améliorée de Fast and Furious 3 où il corrige entre autre les défauts que tu cites. Souhaites tu que je te fasse une courte comparaison détaillée des différences entre les deux versions?".

Allez, plus que 5 films...

dimanche 9 novembre 2025

Fast and Furious 5




2011
Justin Lin
Avec : Vin Diesel, Paul Walker, Jordana Brewster, Sung Kang, Gal Gadot, Dwayne Johnson, Elsa Pataky, Tyrese Gibson, Ludacris, Matt Schulze

Yo, cette fois c'est parti, on a quitté définitivement le monde des courses de rue pour se concentrer sur l'action, le portnawak et la destruction systématique de voitures appartenant à des tiers et de mobilier urbain. A un bref moment, Dom Toretto (Vin Diesel) et Brian (Paul Walker) vont participer à une course de rue parce qu'ils ont besoin d'une voiture. On a donc droit à une énième scène montrant des popotins féminins se dandinant devant des caisses archi-tunées. Mais Dom et Brian ont le sourire blasé, Brian fait une réflexion sur le bon vieux temps et Justin Lin ne juge même pas nécessaire de nous montrer la course, devenue pure formalité. Pour la première fois également, il ne s'agit pas d'infiltrer un gang d'odieux mafiosi, mais de voler tout l'argent d'un odieux mafioso entreposé dans un commissariat. Ce film se passe à Rio de Janeiro, je le sais parce qu'on a droit à une bonne dizaine de plans de la gigantesque statue du Christ les bras en croix. Rio est donc une cité totalement corrompue où le parrain local stocke son blé dans un commissariat, tranquille. De même, ce film signe l'arrivée fracassante de Dwayne Johnson dans la franchise. Ce flic américain hyper balèze semble avoir quartier libre dans Rio, avec des véhicules blindés qui tiennent bien plus du char d'assaut que de la Renault Modus du commissariat de Roubaix. Son but, coffrer la bande de Dom à tout prix, peu importe qu'il soit en territoire étranger. A la fin, il flingue le mafioso sans état d'âme, pourquoi se faire chier avec la justice, les demandes d'extradition et tous ces trucs soûlants. Mais bon, ne gâchons pas notre plaisir pour des broutilles.

Pour la première fois également, toute la petite bande de Dom est réunie, on retrouve Dom (Vin Diesel), Mia (Jordana Brewter), Brian (Paul Walker), et même Vince (Matt Schulze) du premier épisode. On retrouve Roman (Tyrese Gibson) et Tej (Ludacris) du deuxième épisode. Tej n'avait pas un rôle très marquant dans ce deuxième épisode, mais le voilà propulsé expert technologies et coffres blindés. On retrouve à nouveau Han (Sun Kang) du troisième épisode et pour finir Gal Gadot, Tego Calderon et Don Omar du quatrième. Tout ce petit monde passe son temps à se vanner et à écarquiller les yeux devant les plans impossibles de Dom, et tout ce petit mode est croyant, puisque dans chaque épisode quelqu'un doit dire le bénédicité avant de bouffer un barbecue infâme cuit dans un bidon dégueu.. Dwayne Johnson et Elsa Pataky donc, nouveau venus dans la "saga", sont pour l'instant des "méchants", mais Dwayne Johnson étant Dwayne Johnson, on se doute bien qu'il ne peut pas être foncièrement mauvais. D'ailleurs à la fin, il a un sourire révélateur quand il réalise qu'il s'est fait rouler par Dom. Quant à Elsa Pataky, elle est prompte à comprendre que ceux qu'elle poursuit ne sont pas les vrais méchants, et elle tombe bien vite amoureuse de Dom, qui est libre je le rappelle, car Letty (Michelle Rodriguez) est morte, et que les scénaristes de la franchise ne sont pas du genre à ressusciter les morts. 

Le final en apothéose est totalement invraisemblable, deux voitures, certes puissantes, parvenant à trainer un coffre de plusieurs tonnes dans les grandes avenues de Rio. On s'en fout, ils pètent tout sur leur passage, sans faire aucune victime, c'est débile et c'est fait pour. A la fin, la totalité des voitures de Police de Rio a été réduite en miettes, mais c'est pas grave, le film rapportera quasiment le double du précédent, soit la bagatelle de 626 millions de dollars au niveau mondial. Ce qui ferait presque passer les 100 millions de dollars que convoitent nos loustics pour de l'argent de poche. Argent de poche qu'empocheront bien les protagonistes du film, faisant fi de la morale habituelle des films de casse. Avec cet argent, ils se payent des bagnoles de luxes et des poulettes bien gaulées, ce qui est un comble puisqu'avant ça, ils passaient déjà leur temps à conduire des bagnoles de luxe entourées de poulettes bien gaulées. Han et Gisèle (Gal Gadot) ne font pas dans l'originalité non plus puisqu'ils prennent des vacances sur une plage paradisiaque. Brian devient papa et va découvrir un nouveau monde. Fin de la série? Non, puisque juste après le générique, Monica Fuentes (Eva Mendes) du deuxième épisode, réapparaît pour montrer à Hobbs (Dwayne Johnson) des photos de Letty (Michele Rodriguez) qui serait donc bien vivante!!! Tu crois aux fantômes demande-t-elle à Hobbs, madre de dios de madre de dios, qu'est ce que j'avais dit sur ces foutus scénaristes de cette foutu série hein? Qu'est ce que j'avais dit? Cette bref scène post-générique nous annonce donc le retour de Letty (Michele Rodriguez) qui était morte et qui reviendra effectivement pour plusieurs épisodes, et de Monica Fuentes (Eva Mendes) qui était vivante, mais qui elle ne reviendra PAS, la faute sans doute à un zéro manquant sur un chèque. A tout de suite.

samedi 8 novembre 2025

Fast and Furious 4




2009
Justin Lin
Avec : Vin Diesel, Paul Walker, Michelle Rodriguez, Jordana Brewster, Gal Gadot, Sung Kang

Pour entamer cette épisode de la série Bigger, faster louder de la "saga" Fast and Furious, Justin Lin nous montre l'attaque par Dom Toretto (Vin Diesel) et sa bande d'un de ces immenses camions à multiples citernes qui parcourent la pampa. Comme c'est situé en République Dominicaine, le réalisateur se sent obligé d'appliquer un filtre ocre à l'ensemble de la scène. On retrouve Michelle Rodriguez qui a troqué ses vêtements de pétasse du premier épisode pour une tenue actioner plus propre aux acrobaties qu'elle doit alors réaliser (encore que l'utilité fonctionnelle de son décolleté avantageux m'échappe). Elle saute avec aisance de la voiture de Dom sur le camion et n'est clairement pas là pour jouer les faire-valoir. Dans le couple qu'elle forme avec Dom, elle semble être celle qui en veut, qui s'éclate, là où notre Vinou paraît davantage vouloir se ranger et mater Wheelers Dealers Central America le dimanche après-midi sur son canap. Cette scène inaugurale d'attaque de camion pourrait être plaisante si elle n'était pas gâchée par des effets spéciaux numériques plus que limites. En 2009, on savait faire mieux que cette bouillie de pixels dégueulasse.

Autre incongruité, on retrouve brièvement, après l'attaque, le personnage de Han Lue (Sung Kang) qui était pourtant mort dans l'épisode précédent. Je ne sais pas si lorsque le film est sorti, les fans étaient au courant du twist ou s'ils se sont dit whatthefuck, les scénaristes n'en ont vraiment rien à branler de la cohérence de leurs films. Mais le twist est le suivant: cette épisode IV se situe en fait temporellement avant Fast and Furious : Tokyo Drift. Ce qui explique pourquoi Dominic Toretto connaissait Han à la fin du troisième opus. Là je dis wahou, carré, incroyable, les mecs raccrochent via une continuité temporelle bizarre un épisode qui était censé être un peu un one shot aux autres films de la série, c'est vertigineux. Ce faisant ils se la jouent Star Wars en laissant entendre que tout n'est pas forcément tourné dans l'ordre, mais en plus ils rajoutent une profondeur factice à une "saga" qui jusqu'ici en était totalement dépourvue. Mais pourquoi les scénaristes ont-ils agi ainsi? Je cite de mémoire ; ils souhaitaient faire revenir Han, dont ils sentaient le plein potentiel, mais ils ne voulaient pas avoir recours à une résurrection bancale pour le faire réapparaître. Retenez bien cette phrase si vous avez l'intention de lire toutes mes bafouilles à venir sur Fast and Furious, parce qu'elle vaut son pesant de pesos. Retenez cette phrase, les scénaristes de Fast and Furious ont une trop haute estime d'eux même pour faire revenir des personnages décédés!

D'ailleurs, après une séparation de la bande, et une brève ellipse, on apprend que Letty (Michelle Rodriguez) est morte. C'est ballot, mais si vous avez lu attentivement le paragraphe précédent, vous ne devriez pas trop vous en faire. Cependant, Dom Toretto y croit lui, et il est furax (c'est à dire qu'il serre très fort la mâchoire), et il rentre à L.A., suit la piste du tueur, croise la route de Paul Walker, et c'est reparti pour une infiltration dans un gang de trafiquants de drogue, des courses en veux-tu en voilà, des sales gueules, toujours des nénettes en short taille basse qui se trémoussent (n'oublions pas tout de même l'ADN de la série) et Gal Gadot qui fait son apparition en tant que bras droit du méchant. Bien qu'il inaugure le début de la démesure, cet épisode demeure assez faible, la faute à des courses de bagnoles dans des tunnels cachés et interminables qui permettent de passer en Go Fast des Etats-Unis au Mexique sans se faire repérer par les douanes. C'est nul, c'est invraisemblable, c'est mal gaulé, et là encore, les effets spéciaux sont pitoyables. Mais ça n'empêchera pas l'épisode de rapporter 363 millions de dollars au box office mondial, soit le plus gros score atteint par la franchise à ce moment là. Cela conforte Justin Lin dans son rôle de réalisateur, et cela conforte les scénariste dans leur choix du bigger, louder, faster. A la fin de l'épisode, Dom Toretto est dans un bus direction la prison pour tirer 25 ans, mais sa sœur (Jordana Brewster) et Paul Walker semblent décidés à le sortir de là.

Allez, on se retrouve pour l'épisode V...

mercredi 5 novembre 2025

Fast and Furious : Tokyo Drift

 



2006
Justin Lin
Avec : Lucas Black, Nathalie Kelley, Sung Kang

Changement de décor, changement de personnages. Peut-être que les producteurs ont eu comme idée de faire une série de films non reliés les uns aux autres, mais tous centrés sur l'univers des courses de bagnoles? En tout cas le changement fait du bien. Le héros (Lucas Black) est un peu moins bourrin que les bad boys des films précédents, mais pas forcément plus expressif. La délocalisation à Tokyo permet de montrer le décalage avec nos us et coutumes occidentaux. Ici le maître mot est le drift, il ne s'agit pas forcément d'être le plus rapide, mais d'être capable de faire glisser sa voiture avec élégance dans les virages sans toucher les obstacles. Notre héros doit apprendre ça à la dure pour devenir le nouveau D.K (non pas Dark Knight, mais Drift King). Egalement, en 2006, personne n'a de smartphones dans le monde, mais on veut nous montrer l'avance technologique du Japon de l'époque : on voit plein de spectateurs filmer les courses avec leurs téléphones à clapet, chose assez peu répandue à l'époque chez nous. Je ne pense pas que filmer une course de nuit avec un téléphone de 2006 donne un résultat très probant mais passons.

Bien sûr, le scénario ne vole pas bien haut, chaque conflit se règle par une course de bagnole, y'a du Yakuza en veux-tu en voilà, les donzelles japonaises en petites jupettes se pâment exactement comme les californiennes devant des moteurs tunés, et au final on ne retire pas grand chose de cette escapade nippone. Mais il y a quelques petits moments à part, comme cette balade romantique en voiture entre le héros et Natalie Kelley dans les routes sinueuses d'une montagne. Plusieurs voitures se suivent, sans aller trop vite, et driftent quasiment de concert, comme un ballet, comme une jolie vague qui épouserait la route. Il y a aussi le personnage de Han (Sung Kang), énigmatique et posé, qui donne un peu de profondeur à la chose. Il meurt à la fin, mais ne vous inquiétez pas, il reviendra.

Justin Lin signe ici son premier film de la franchise, et il en réalisera beaucoup d'autres. A la fin on a droit à un caméo de Vin Diesel, qui semblait connaître Han. En saura-t-on plus sur leur relation? Pour l'heure, cette apparition inopinée sert surtout à marquer le retour à la réalité de l'acteur et à annoncer son come-back dans la série, qui va enfin pouvoir se mettre sur les rails du bigger, faster, louder qu'elle ne quittera plus ensuite.



mardi 4 novembre 2025

2 fast 2 furious


2003
John Singleton
Avec : Paul Walker, Tyrese Gibson, Eva Mendes, Chris Bridge

A cette époque, Vin Diesel a pris la grosse tête et décidé qu'il voulait faire des films sérieux et ne pas être associé à une franchise quelconque. Il refuse donc de participer au deuxième Fast and Furious. Avec le recul c'est assez savoureux puisque aujourd'hui, l'acteur est exclusivement identifié à la "saga" Fast and Furious et que tout le monde a peu ou prou oublié le reste de sa filmographie. 

Mais les producteurs ne se laissent pas démonter, font rempiler Paul Walker, lui adjoignent un side-kick (Tyrese Gibson) beaucoup moins ténébreux que Vin Diesel, et c'est reparti pour les mêmes recettes, les mêmes pépettes qui se trémoussent, les mêmes crissements de pneu, les mêmes gimmicks. L'intrigue repose à nouveau sur une infiltration dans un gang, mais là où le premier film jouait assez habilement sur l'ambivalence du personnage de Vin Diesel, ici les frontières entre les méchants et les gentils sont très nettement marquées. Certes les gentils sont un peu bad boys sur les bords, mais les méchants sont des trafiquants cruels qui peuvent employer la torture pour arriver à leurs fins. Du coup, pas trop de surprises ni de suspense, c'est plein de courses de bagnoles immondes, l'intrigue est linéaire et sans accrocs, les cascades restent dans le domaine du plausible et tout est bien qui finit bien. Il faudra quand même m'expliquer combien de vitesses ils ont sur leurs voitures, à chaque fois qu'il sont en courses, ils passent leurs temps à passer le rapport supérieur pour rythmer l'action et bien montrer que c'est le pilote qui fait la course et pas seulement le bolide. Mais sérieux, ils passent tellement souvent la vitesse supérieure qu'on finit par se demander si les mecs réfléchissent quand ils tournent ce genre de films.

Eva Mendes est la bombe de service, et curieusement on ne la reverra pas dans la "saga", au contraire de Tyrese Gibson et Chris Bridge qui ne devaient pas se douter à cette époque qu'ils auraient un rôle récurrent dans l'une des franchises les plus profitables du cinéma hollywoodien. Surtout Chris Bridge qui a ici un rôle relativement mineur et qui ne fait pas particulièrement d'étincelles. Tyrese Gibson, lui, est le mec sympa, cool, impulsif, musclé. Paul Walker s'essaie à la nonchalance dans un bermuda trop grand. A aucun moment on ne sent ces deux là particulièrement inquiets d'être infiltrés chez des tueurs, tout ça n'est qu'une vaste cour de récréation où l'on peut faire des tonneaux à 200 à l'heure sans jamais être sérieusement blessés. Bref, c'est vain, un brin longuet, et aussi débile que cette idée que j'ai eu de regarder tous ces films à la suite. 

Malgré l'absence de Vin Diesel, ce film rapportera plus d'argent que le premier, ce qui fait qu'un troisième opus fut mis en chantier. Allez, c'est parti! Fous le contact! Franchement s'ils pouvaient sortir un film dans la franchise qui s'intitulerait Fast and Furious : full contact, au moins ce serait marrant. Mais ne rêvons pas...

dimanche 2 novembre 2025

The Fast and the Furious


The fast and the furious
2001
Rob Cohen
Avec: Vin Diesel, Paul Walker, Michelle Rodriguez, Jordana Brewster

Ayant fait récemment un aller-retour transatlantique en avion, j'ai eu le temps de regarder 28 ans plus tard (pas si mal), West Side Story (pas vu l'intérêt par rapport à l'original), 5 minutes du dernier Bridget Jones (pas tenu plus longtemps), 40 minutes du Deadpool/Wolverine (dont l'humour ironique auto-centré lasse vite) et une petite heure de Fast and Furious 9. Et là je me suis rendu compte que j'avais un curieux attachement pour cette franchise boiteuse, mais que j'étais incapable de dire pourquoi, ni qui est quoi dedans, et que à part les 7 et 8 (à moins que ce ne soit les 6 et 7), je n'en avais vu aucun en entier. Je me suis donc décidé à corriger ce manque criant, et quitte à perdre son temps, autant en profiter pour réécrire un peu sur ce blog, même si on est très loin ici du western.

Alors bien sûr, mieux vaut commencer par le premier. Celui-ci je ne l'avais jamais vu jusqu'au bout, et je me suis bien vite rappelé pourquoi : caisses rutilantes et courses de rues, vroom vroom et pépettes bien gaulées qui sont toutes en extase devant les mécaniques et la testostérone des mâles alpha. "Ça sent la morue ici" dit Michelle Rodriguez à deux blondasses qui sont en train de tourner autour de son musculeux Vin Diesel. Mais elle a pourtant exactement le même look de pétasse qu'elles, encore très loin de la beauté de femme d'action qu'elle aura vingt ans plus tard. "Tu es mon trophée" lui dit Vin, comme une évidence quand il gagne la course. J'espère que ce n'est pas un documentaire. J'espère vraiment que dans la vraie vie des courses de rue à L.A., il n'y a pas autant de femmes à se trémousser pour admirer des mecs se jauger à coup de moteurs à injection à azote liquide.  Honnêtement j'ai hâte qu'on passe rapidement au mode Mission Impossible on Wheels qui caractérise les derniers films, parce que les gangs de rue, les CGI pour montrer la mécanique de l'intérieur du moteur qui s'emballe et les flammes qui sortent des quadruples pots d'échappement, la musique urbaine permanente et les pectoraux bodybuildés des caïds de rue, ça va cinq minutes. 

Les bagnoles sont absolument hideuses, mais chacun ses goûts, pour ma part je crois que je préfère encore conduire un Fiat Multipla. Cependant, l'intérêt de ce premier opus par rapport à la future tendance "Mission Impossible on Wheels" citée précédemment, c'est que le scénario à base de flic infiltré dans un gang reste très lisible (encore que très banal) et que les cascades en bagnole demeurent très crédibles, parce que plus simples et plus réelles. Paul Walker qui vient sauver Matt Schulze sur un camion en pleine course dans le premier film, ça a finalement plus d'impact que Vin Diesel qui sauve Michelle Rodriguez d'une chute de 100 mètres avec le capot de sa bagnole dans le neuvième chapitre de la "saga". On note quand même le ridicule de ce gimmick d'avoir toujours un petit bouton dans sa bagnole pour donner un coup de boost supplémentaire au moteur dans les 100 derniers mètres de la course. Ça me rappelle le bouton "turbo" sur le tout premier Amstrad de la famille, ça ne servait à rien, mais c'était cool. Autre gimmick déjà bien en place d'ailleurs, la notion de famille dans ce film est à comprendre dans le sens de tribu hétéroclite de potes qui boivent de la Corona autour d'un barbecue allumé dans un gros bidon rouillé. Mais on en reparlera, si j'arrive à supporter les deux ou trois films suivants.


mercredi 19 mars 2025

Critique Hombre - 1967


Voici une critique du western Hombre, parue en Juillet-Août 1967 dans le numéro 118 de la revue "Cinéma 67". La critique est signée Guy Braucourt. La revue montre El Dorado en couverture, malheureusement aucun article au sujet de ce film à l'intérieur.

HOMBRE.


Film américain, de Martin Ritt. - Int. : Paul Newman, Frederich March, Diane Cilento.


À l’époque des grossières contrefaçons de westerns réalisées par les Italiens et les Espagnols, à l’époque où un public trop indulgent se laisse jeter en guise de poudre aux yeux la poussière des chemins des Pouilles ou de l’Andalousie, on espère encore que la lumière reviendra de l’Ouest (américain). Las ! Ce ne sont pas les médiocres RETOUR DES SEPT (que, comble d’ironie, les Américains sont venus tourner en Espagne), TEXAS, NOUS VOILÀ (désolante pochade qui démontre par l’absurde que, cessant de croire en lui-même, le western n’a plus pour seule ressource que de se parodier lourdement) et ce HOMBRE signé Martin Ritt, qui feront renaître un genre bien décadent.


Pour moitié remake (inavoué, celui-ci) de LA CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE de Ford, le film de Ritt est composé par ailleurs de thèmes, de décors, de personnages qui traînent dans tous les westerns traditionnels. Diligence avec une demi-douzaine de passagers dont un financier véreux (Frederic March) et un héros (Paul Newman) dont la tare aux yeux des méchants est d’avoir été élevé par les Apaches, attaque de la diligence par les bandits, fusillade dans les rochers de l’Arizona (beau décor naturel mais déjà vu), marche dans le désert, cabane abandonnée et assiégée, affrontements moraux et raciaux dans le champ clos de la baraque, duel au soleil enfin et sacrifice chevaleresque du dur-égoïste-aux-yeux-bleus-mais-à-l’âme-généreuse. Tout y est, rien ne passe l’écran. Pourquoi ? Justement parce que « tout » c’est trop, et que faute d’un sujet personnel auquel il aurait tenu, le réalisateur de cette bonne méditation sur le western et la fin de l’Ouest d’antan qu’était HUD, s’est contenté de faire un film d’anthologie et de tout laisser reposer sur son interprète principal. Le temps n’est plus où ce genre noble avait ses maîtres, Ford, Mann, Walsh, Daves... À l’Ouest, rien de nouveau...

Guy Braucourt.

samedi 15 mars 2025

Critique Rio Conchos - 1965




Voici une critique de Rio Conchos, parue en janvier 1965 dans le numéro 92 de Cinéma 65. Elle est signée M.M, probablement Marcel MARTIN.

RIO CONCHOS

U.S.A. Réal. : Gordon Douglas. Sc. : Joseph Landon, Clair Huffaker.
Ph. : Joe MacDonald. Mus. : Jerry Goldschmidt.
Int. : Richard Boone, Stuart Whitman, Tony Franciosa, Edmond O’Brien, Wende Wagner, Warner Anderson.

Peu après la fin de la Guerre de Sécession, un aventurier militaire sudiste veut armer les tribus apaches pour les lancer contre la population civile : un groupe d’hommes courageux fera échouer ce sinistre dessein. Auteur de quelques bons westerns, dont le remarquable YELLOW-STONE KELLY, Gordon Douglas déploie les fastes d’un métier consommé au service d’une histoire fertile en péripéties et rehaussée d’éclatantes couleurs. Pourtant on ne sort jamais des limites du répertoire westernien et l’œuvre n’apporte aucun élément exceptionnel sur aucun plan.

M. M.

dimanche 9 mars 2025

Critique Will Penny Le Solitaire - 1968


Voici une critique du western Will Penny Le Solitaire, parue en Mars 1968 dans le numéro 124 de la revue "Cinéma 68". La critique est signée Guy Braucourt.

WILL PENNY LE SOLITAIRE (Will Penny)

Film américain en technicolor de Tom Gries, avec Charlton Heston, Joan Hackett, Donald Pleasence.

Encore un western de la période décadente. C’est-à-dire un western où, d’une part, le héros devenant un homme ordinaire, marqué par l’âge, la fatigue et le souci de gagner son pain, le réalisme quotidien de l’Ouest américain prend le pas sur la mythologie épico-hollywoodienne (et c’est là le côté positif de l’évolution du genre et du film de Tom Gries), mais d’autre part aussi un western où le refus de l’action héroïque et la volonté d’analyse psychologique amènent de longs bavardages, des conventionnelles et mélodramatisantes confrontations de personnages (vieux solitaire et jeune femme mal mariée, petit garçon qui trouve dans l’étranger le père affectueux qu’il n’a pas). D’où un film déchiré entre des intentions estimables et une réalisation plus que contestable, tout comme — pour les mêmes raisons d’ailleurs — LA ROUTE DE L’OUEST, de Andrew McLaglen. D’autant que, autour d’un Charlton Heston égal à lui-même et sur les larges épaules duquel repose tout le film, à part un Charlton Heston dont la sensibilité bourrue fait croire au personnage, l’interprétation est des plus médiocres avec une Joan Hackett (pourtant l’une des meilleures du « Groupe ») qui n’est pas à sa place, et un Donald Pleasence dont le cinéma est en train de faire depuis CUL-DE-SAC l’un des plus mauvais et ridiculement parodiques interprètes de méchants. Il faut tout de même signaler deux détails psychologiques intéressants dans le cadre traditionnel du western : l’argument très actuel du divorce servant à balayer le mari généreux que l’héroïne doit rejoindre, l’âge avoué du héros motivant le refus du happy end attendu. Mais cela même n’était-il pas dit déjà, et avec bien plus de finesse et bien moins de mots, dans le SHANE de Stevens et le GUNS IN THE AFTERNOON de Peckinpah ? Il est décidément bien difficile de n’avoir pas de souvenirs en matière de westerns…

G.B.

dimanche 2 mars 2025

Critique Le Grand McLintok - 1964

 Voici une critique du western Le Grand McLintock parue en Mars1964 dans le numéro 84 de la revue "Cinéma 64". La critique n'est pas signée.

LE GRAND McLINTOCK (McLINTOCK)

Film américain d’Andrew McLaglen avec John Wayne, Maureen O’Hara, Yvonne de Carlo, Patrick Wayne, Chill Wills.

Réalisé par le fils du défunt Victor McLaglen, ce western est une sorte de remake de L’HOMME TRANQUILLE dont l’action rassemble le couple fameux Wayne-O’Hara dans les situations qui ont fait le succès du classique de Ford. Film de famille où Patrick Wayne donne la réplique à son père et où tout est fait pour plaire au public : action et sentiment se partagent la vedette dans cette œuvrette à l’eau de rose très platement mise en scène.

dimanche 9 février 2025

Critique "le bon la brute et le truand" - 1968

 


Voici une critique du western italien Le bon la brute et le truand parue en Mai 1968 dans le numéro 126 de la revue "Cinéma 68". La critique est signée Guy Braucourt.


LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND

AVANTI LEONE !

Nous avons dit suffisamment de mal dans ces pages des pseudo-westerns à l’italienne (le plus souvent en les ignorant : au rythme d’une demi-douzaine sortant chaque mois sur les écrans parisiens, c’eût été de la place gâchée !), nous avons suffisamment rejeté le principe même du genre (faux, paresseux, nuisible au cinéma transalpin sauf bien sûr sur le plan commercial), pour reconnaître, puisque l’occasion s’en présente avec le dernier film de Sergio Leone, que le western made in Italia peut aboutir à une oeuvre accomplie, digne d’estime, constituant assurément le chef-d’œuvre du western non américain, valant mieux en tout cas que 90 % de la production hollywoodienne des dernières années (les réussites se comptant sur les doigts d’une seule main : Les Professionnels, El Dorado, Violence à Jéricho, The Shooting, présenté à la semaine de "Positif").

Au départ, un schéma très simple : trois hommes, tous un peu truands quoiqu'en dise un titre ironique, lancés sur la piste d’un fabuleux trésor. Trois tout aussi simples questions permettant de tenir le spectateur sous tension deux heures quarante durant : où, comment, qui. Et en ce qui concerne le décor, l’ambiance, les interprètes, pas de problèmes : on prend les mêmes et on recommence. Il y a donc les paysages familiers des Pouilles, les variations musicales guillerettes de Ennio Morricone sur le thème du premier volet de la trilogie léonienne (1), l’impassibilité « distanciatrice » (ou distanciée ?) de Clint Eastwood à qui l’on adjoint de nouveau l’étonnant faciès de Lee Van Cleef tout en faisant prendre du service à un troisième larron, l’Américain Eli Wallach chargé d’animer un peu l’action que le lymphatisme eastwoodien risquait fort de paralyser. Le ton, les effets, les tics sont les mêmes, eux aussi selon le principe d’une recette qui a fait ses preuves : violence exacerbée et sadisme triomphant, gros plans agressifs, gueules grimaçantes, lenteur étudiée jusqu’à l’exaspération pour appuyer quelques secondes explosives.

Pourtant, ce qui était dans les précédents (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus), contrefaçon grossière et trucage pénible (démarquage d’un genre importé plus inspiration inavouée de films de Kurosawa), éléments purement extérieurs et facilités spectaculaires, devient ici style d’auteur – ou quasiment – mode d’expression d’un univers personnel. Point de héros, point de causes nobles, point de « bons » dans cet univers impitoyable : seulement des débrouillards, des crapules sans scrupules qui se livrent une guerre privée dans le cadre d’une guerre nationale (Sécession) qu’ils ignorent, qui ne les concerne que dans la mesure où elle facilite ou gêne leurs petites affaires.

Dès lors, le parti pris de réalisme sordide, de vulgarité photographique, les tics, les trucs et les trognes sont pleinement justifiés : comme disait à peu près Godard, le gros plan est aussi affaire de morale. Et ces masques qui suent l’avidité, la violence, le sadisme, la peur, ces faces trop humaines, ce sont celles d’hommes vidés de tout héroïsme "de cinéma", de tout romantisme pseudo-historique ("ils étaient bons, ils étaient forts, ils étaient grands : ils ont fait l’Ouest" dit la légende). Le latin et méditerranéen Leone retrouve d’ailleurs dans son film le ton et la "morale" d’une genre littéraire spécifiquement latin (espagnol plus précisément) : le roman picaresque. Le Bon, la Brute et le Truand apparaît comme une épopée comique picaresque avec son étourdissante succession d'épreuves qui n’ont pour but que de mettre en valeur l’ingéniosité de ses "picaros" (des coquins), avec son naturalisme pittoresque, ses gags-combines qui sont autant de manifestations de la débrouillardise du "héros" (le prisonnier attaché par une chaîne au poignet de son gardien assommé, la brise en le plaçant sur un rail au passage d’un train), l’aptitude de personnages ni tout à fait bons ni tout à fait méchants, à s’en sortir par tous les moyens, au-delà de toute morale, mais en forçant toujours notre sympathie...

L’originalité profonde de Leone (tout au moins, répétons-le, dans son dernier film) tient non seulement à sa manière de pousser les outrances jusqu’au pur délire, vidant ainsi les situations dramatiques de leur potentiel tragique (le face à face de quatre individus à mine patibulaire dans la première séquence, filmé comme les traditionnels règlements de comptes mais qui débouche sur l’agression grotesquement ratée d’un cinquième homme en train de manger ; le périlleux équilibre du truand sur la croix d’une tombe et au bout d’une corde), mais surtout et inversement à réussir par un humour macabre à peine soutenable à re-dramatiser la farce (la combine du chasseur de primes et du candidat à la pendaison : drôle et sans danger car le tireur vise bien, mais que survienne un importun et le complice confiant reste accroché à sa corde ; dans le camp nordiste, l’orchestre de prisonniers qui crée l’ambiance et couvre les cris pendant qu’on torture – référence évidente aux camps de concentration nazis avec leurs orchestres juifs ; le capitaine alcoolique de l’armée nordiste qui ne rêve que de détruire le pont qu’il est chargé de défendre).

Ajoutons à cela pour faire bonne mesure des gags de "cartoons" : le pistolet gardé dans le bain, les nordistes pris de loin pour des sudistes tant leur uniforme bleu est couvert de poussière...

Non, vraiment, aucune raison de bouder ce western (qui aurait sans doute gagné à être moins étiré, et aurait vu son efficacité encore accrue sur deux heures de durée) ! La voie du Nouveau Monde est à présent ouverte à Leone qui va tourner aux Etats-Unis son prochain film. On attend avec intérêt et curiosité le résultat de ce mouvement d’import-export culturel avec retour à l’envoyeur...

Guy Braucourt

(1) Mais qu’on ne s’y trompe pas : Morricone n’est pas seulement le compositeur des Dollars, des Ringo et autres Ecossais au Texas. Quelques films italiens de marque lui doivent leur exceptionnelle réussite musicale : Prima Della Rivoluzione, Pugni in Tasca, Uccellacci e Uccellini. Excusez du peu !

IL BUONO, IL BRUTTO E IL CATTIVO
Italie : 1967.
Réalisation : Sergio Leone.
Scénario et dialogues : Age, Scarpelli, Luciano Vincenzoni et Sergio Leone.
Prises de vues : Tonino delli Colli.
Musique : Ennio Morricone.
Interprétation : Clint Eastwood, Eli Wallach, Lee Van Cleef, Mario Brega, Aldo Giuffre, Livio Lorenzon, Luigi Pistilli, Enzo Petito, John Bartha.
Techniscope - Technicolor.

Critique "Et pour quelques dollars de plus" - 1966

Voici une critique du western italien Et pour quelques dollars de plus parue en Novembre 1966 dans le numéro 110 de la revue "Cinéma 66". La critique est signée G.B, probablement Guy Braucourt.


ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS

Italie. Réal. : Sergio Leone. - Sc. : Vincenzoni, Morzella et Leone. - Ph. : M. Dallamano. - Mus. : Ennio Morricone. - Int. : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, G.M. Volonté.

Ayant ramassé plus d’un milliard de lires sur le seul marché italien avec « une poignée de dollars », le malin Leone a dû se dire « que sera-ce donc avec quelques dollars de plus »! Il a crânement signé de son nom cette fois, a même tenté d’écrire un scénario original au lieu de l’emprunter à Kurosawa (notons toutefois qu’il conserve le personnage japonais du ronin vagabond, le Sanjuro du « Yojinbo » — le Mercenaire — de Kurosawa, et adapte très vaguement la seconde aventure du héros dans « Tsubaki Sanjuro » — « Sanjuro des Camélias »), enfin à Jack Palance comme protagoniste de son film (pour se rabattre finalement sur Lee Van Cleef qui n’est d’ailleurs pas mal)...

Hélas ! pour lui comme pour nous, ce calcul si évidemment, si mathématiquement logique et qui ne nécessitait qu’une simple cote des changes, s’est avéré d’autant plus faux que la monnaie utilisée était grossièrement contrefaite. Cette histoire de deux « bounty killers », de deux chasseurs de primes s’associant pour détruire une bande de quinze pilleurs de banque est aussi répugnante par sa « morale » que par son traitement scénique deux longues heures durant, à coups de gros plans de visages ricanant et suant, et avec beaucoup moins de vigueur, de sadisme, et surtout d’humour que le précédent.

Alors, S.V.P., n’en jetez plus et la prochaine fois gardez la monnaie !

G.B.

Critique "Le dollar troué" - 1966


Voici une critique du western italien Le dollar troué parue en Novembre 1966 dans le numéro 110 de la revue "Cinéma 66". La critique n'est pas signée.


LE DOLLAR TROUÉ (Un dollaro bucato)

Italie. Réal. : Kelvin Jackson Paget. - Sc. : J. Finley et K.J.P. - Ph. : Tony Dry. - Mus. : Gianni Ferrio. - Int. : Montgomery Wood, Evelyn Stewart, Peter Cross, John Mac Douglas, Frank Farrel.


Après la Guerre de Sécession, deux frères sudistes partent vers l’Ouest pour faire fortune : ils sont mis face à face dans un duel à mort par un gentleman-gangster et le cadet est tué. Les aventures commencent... Encore un western italien réalisé sous un pseudonyme par un cinéaste dont nous n’avons pas réussi jusqu’ici à percer l’identité. Cela vaut peut-être mieux pour lui, car ce dollar, très correctement réalisé et interprété, n’est cependant que de la fausse monnaie.