dimanche 28 septembre 2008

Le clan des pourris


Il trucido e lo sbirro
1976
Umberto Lenzi

Avec : Tomas Milian, Claudio Cassinelli, Claudio Undari, Henry Silva


Ça commence vraiment exactement comme un western avec diligence sur fond de Monument Valley et bagarre de saloon, mais non, il n’y a pas erreur, on est bien reparti pour une petite tangente (après Brigade Spéciale) sur le polar italien, qui semble employer avec plaisir l’une des grandes stars du western italien : Tomas Milian. On se replonge donc avec délice dans cette atmosphère de violence exacerbée, où le quotidien du citoyen Romain de la fin des années 70 semble être de se faire agresser à coup de brique dans les supermarchés ou au cinéma, de se faire voler son sac ou d’assister à des braquages de bijouteries ou de trains, à des attentats en tout genre et à des courses poursuites en pleine ville. Dans le clan des pourris, les frontières entre le bien et le mal sont habilement mêlées. Un flic déterminé et peu respectueux des lois (Claudio Cassinelli, un peu fade), repêché de Sardaigne où il avait été muté parce qu’il gênait sa hiérarchie, est envoyé en sous-marin pour faire évader Monezza – « Le Fumier » en français, joué par Tomas Milian – une raclure de première mais non dénué d’humour et d’un certain sens de l’honneur, afin de retrouver Brescianelli, (Henry Silva, importé d’Amérique) une raclure de première totalement dénué d’humour puisqu’il a kidnappé une fillette de 12 ans qui a besoin d’une dialyse régulière pour survivre. Le flic et Monezza vont faire alliance avec le Calabrais (Biagio Pelligra (photo) et sa voix cassée très particulière) et son très violent et très typé pote Mario (Claudio Undari, que l’on a connu plus sympa dans Condenados a vivir) pour remonter la piste de Brescianelli qui pour tout simplifier a changé de visage par chirurgie esthétique. On voudrait nous faire croire que la star du film, c’est Tomas Milian, on voudrait nous faire croire qu’il porte le film sur ses épaules, mais c’est faux : avec son cabotinage habituel, sa perruque afro et son temps de présence à l’écran somme toute assez réduit, le charismatique cubain n’imprime pas une marque si inoubliable que ça au film, en tout cas, pas plus que dans Brigade Spéciale. Non, le vrai plaisir vient du traitement sans concession de l’action, des péripéties et fausses pistes qui s’assemblent peu à peu, des scènes « à faire » et faite avec l’aplomb d’un premier degré qui ne craint surtout pas le ridicule. Les italiens n’ont peur de rien, et ils donnent tout : ils donnent les poursuites et les fusillades, ils donnent les planques et les infiltrations, ils donnent les passages à tabac et les prises d’otage, ils donnent les flics sûrs de leur droit et les crapules flamboyantes, le tout dans un maelström incessant où nos « héros » reviennent souvent à leur point de départ mais ne baissent jamais les bras. Les surnoms d’opérette des malfrats, de Monezza au Calabrais en passant par Cravatte ou Le Lourdingue créent une poésie à part, une langue spécifique à la musicalité rehaussée par une bande sonore pop de Bruno Canfora assez réussie. On note en particulier cette jolie séquence sans parole mais avec musique, où les protagonistes interrogent la faune Romaine, jeunes en mobylettes, employés de casses, putes, restaurateurs en leur graissant la patte pour les faire parler. Umberto Lenzi, plus connu pour ses films d’horreur, signe ici une réalisation très solide sur un scénario assez convenu mais finalement assez dense : pas de temps mort, pas de prise de tête métaphysique : l’enquête, rien que l’enquête et l’engrenage des indices qui amènent d’autres violences qui amènent d’autres indices avec en toile de fond ce sentiment d’inéluctabilité et cette progression vers des solutions de plus en plus radicales pour le flic. Cela aurait pu faire un grand film. C’est juste un bon polar extrêmement plaisant. Le scénariste Dardano Sacchetti explique en bonus qu’il avait voulu créer un décalage comique entre le flic et le personnage de Tomas Milian, une sorte de Trinita du polar, mais qu’Umberto Lenzi manquant visiblement d’humour, cet aspect du film n’a pas du tout fonctionné. Il explique également que son film était le premier « Buddy Movie » dont la trame a été reprise plus tard dans le film 48 heures de Walter Hill. On peut tout de même en douter tant l’idée du duo est finalement peu exploitée dans le film au profit du concept de « bande ». Pas tout à fait un grand film donc (et si l’on en croit Francis Moury sur Dvdrama, c’est même un film mineur dans le genre), mais qu’est ce qu’on s’éclate !

Le DVD Neo Publishing : haaaa, une petite pause bienvenue entre mes westerns Studio Canal (prochainement si j’ai le temps : Le temps du Massacre et Poker d’As pour Django) : une VF et une VI, une jaquette ‘slim’ travaillée avec un joli fourreau, des bonus loin d’être complets (on ne pourrait pas avoir l’avis de Tomas Milian himself sur ces films, pendant qu’il est vivant ?) mais très instructifs tout de même : voilà ce qu’on est en droit d’attendre boudiou !!

PS : Merci au chat de m’avoir fait gagner ce DVD. Mais où est-il passé le chat, hein ?

PPS : Je m’interroge sur la scène western du début : a-t-elle été tournée pour le film, ou est-ce un western américain ? Je penche plutôt pour un western américain, car je ne vois pas comment ils auraient pu avoir le budget pour aller tourner aux USA pour ce film alors que même en plein âge d’or du western italien ,ils tournaient en Espagne. Mais dans ce cas, lequel?

lundi 15 septembre 2008

Deadlock


Deadlock
1970
Roland Klick

Avec : Mario Adorf, Anthony Dawson, Marquard Bohm

Sur le Télé-Z à 0,35€, il y avait juste marqué ‘western’, comme ça, à 1h du mat sur Arte. Rien de plus, pas la moindre petite info, nada, snikt. En fait si, ça disait qu’il y a Mario Adorf, dedans, je me suis donc dis, c’est spaghetti, mais comme le Giré n’en souffle mot, j’ai dit Simone, démarre le magnétoscope, on va jeter un œil.
Et puis, le lendemain, profitant d’un moment de faiblesse de ma compagne qui était au téléphone, j’ai lancé le truc pour me faire une idée, et patatras, la première image est celle d’un homme en costard dans le désert avec une mitraillette. Mitraillette, c’est nul comme mot, ça ressemble un peu à mobylette, ça ne rend pas service à la puissance du truc et cela échoue à traduire en mots l’effet lugubre et cool à la fois de voir un film commencer par un type blessé, qui marche dans le désert avec une mitraillette et une valise.
Et – en plus de ma curiosité naturelle qui me pousse sans cesse à explorer de nouvelles choses avec l’esprit ouvert, sans a priori, en allant de l’avant, vif comme l’éclair – cette belle introduction m’a poussé à regarder plus avant ce film bien que ce ne soit pas un western et qu’une pression extérieure me rappela qu’il y avait aussi des épisodes de Desperate Housewives à regarder.
L’intrigue du film est donc contemporaine de l’année 1970 où le film a été tourné, et parvient avec une pauvreté de moyens incroyable à créer une ambiance poisseuse et suante comme on aime. Le gars blessé qui trimballe une valise remplie de billets – évidemment, quoi d’autre ? – est récupéré par un Mario Adorf moins stupide que dans Ciel de Plomb sur un camion pourri qui semble venir directement de l’époque du Salaire de la peur. Il décide de laisser crever le type dans sa baraque craquelante sans toucher à l’argent, pour garder les mains propres mais toucher l’argent sale ensuite. Dans cette zone désertique, paumée et accablée de soleil et de poussière, vivotent également deux nanas frapadingues qui se comportent comme des frapadingues. Le type ne meurt pas, et Adorf finit par le soigner, alors qu’un troisième larron (Anthony Dawson) équipé d’un Mauser à lunette (faut m’expliquer mais bon…) ramène son cache poussière dans les parages pour toucher sa part de l’argent. Les stridations minérales du groupe krautrock Can associée à de longues périodes de silence non moins strident plombe un peu plus l’ambiance. Pour un peu, le film aurait pu s’appeler Ciel de Plomb, mais Deadlock, c’est pas mal aussi dans le genre mortifère.
Comme ça, ça à l’air pas mal, mais en fait on s’emmerde quand même un peu. Le film est allemand, et par certains cotés il m’a fait penser aux films de Wim Wenders, et on va me dire que le cinéma allemand ne se résume pas à Wim Wenders, et je vais répondre que je sais, mais que moi tout ce que je connais du cinéma allemand c’est Wim Wenders et la demi-finale du mondial ’82, alors je ne dis pas ça juste parce que le film est allemand et que j’ai eu envie de comparer ça à Wim Wenders vu que c’est le seul référent que j’ai en matière de cinéma allemand (avec la demi-finale du Mondial ’82), mais bien parce que, avec ma curiosité naturelle qui me pousse sans cesse à explorer de nouvelles choses avec l’esprit ouvert, sans a priori, en allant de l’avant, vif comme l’éclair, certaines choses m’ont fait penser à Wim Wenders dans ce film, indépendamment du fait que ledit film soit allemand.
Surtout qu’en plus j’ai aussi vu Cours Lola, cours
Donc, ce qui m’a fait penser à Wenders, c’est le fait que le film soit lent, que les motivations des personnages soient légèrement obscures, que certaines scènes loufoques ou décalées n’aient pas de fonction narrative et cette impression parfois que le réalisateur au fond s’en fout de son histoire, que ce qui lui importe c’est les rapports humains et tout ça. Moi j’ai toujours pensé qu’une bonne histoire bien solide était bien plus efficace pour rentrer dans les tréfonds de l’âme humaine que des divagations hasardeuses de caméra auteurisantes Wenderiennes ou Lynchéennes, surtout quand on a l'impression d'avoir déjà vu les mêmes procédés mille fois, mais ça c’est mon coté terre à terre qui s’exprime, et en tout cas dans Deadlock, il s’agit bien d’une impression, car à aucun moment le réalisateur ne perd complètement son intrigue de vue, et on a une vraie fin avec des morts. Ouf, j’ai failli regarder un film expérimental et chiant de plus, mais non, tout va bien, c’est juste un « vrai » film un peu curieux qu’on va classer dans ‘westerns atypiques’ pour que l’honneur demeure sauf. Allergiques au cinéma non formaté, vous pouvez donc regarder ce film sans problème, il y aura peu de dommage collatéral.


PS: Pour ceux qui vont me dire qu'Anthony Dawson est plus connu sous son vrai nom Antonio Margheriti, j'ai trouvé ceci sur Imdb: "Not to be confused with the Italian B-movie director Antonio Margheriti".

mardi 2 septembre 2008

Ciel de plomb


1968
E per tetto un cielo di stelle
Giulio Petroni
Avec : Giuliano Gemma, Mario Adorf

Le titre français est superbe, plein de promesses de désenchantement lugubre et de violence frappée au coin de la destinée. Un titre pareil pour un western, bien-sûr, une fois qu’on l’a lu, on trouve ça évident. Mais bravo tout de même au gars qui a trouvé ça il y a quarante ans, il fallait y penser le premier ! L’intro aussi est pleine de promesse de mortalité désespérée dans un monde de lenteur extrême. Giuliano Gemma enterre en plein désert des innocents qui sont morts à sa place. La musique d’Ennio Morricone opère de son charme inimitable mais souvent imité tandis que Mario Adorf observe la scène de loin, sans rien dire. Giuliano Gemma sait que Mario Adorf l’observe et Mario Adorf sait que Giuliano Gemma le sait. Enfin, Mario Adorf se décide, prend une pelle sur sa mule, et va aider Giuliano Gemma à enterrer ses cadavres. Il pourrait lui dire un mot, il pourrait lui dire « bon sang, quel massacre, que Dieu ait pitié de leurs âmes », mais non il se tait, car il habite au pays du western spaghetti, où la violence va de soi, où les hommes communiquent par le regard, la pose et la nonchalance, où chacun sait ce qu’il a à faire sans se préoccuper d’un stupide vernis de civilisation. Quand on enterre des innocents dans le désert, on raconte pas sa vie.


Mais voilà, après cette bonne première séquence, le film part dans une toute autre direction. Le western spaghetti tragique et crépusculaire fait place à la comédie simple, non parodique et sans complexe. En soit ça n’est pas un problème, et dans la mesure où la violence reprend ses droits de façon fugace et régulière, cela aurait pu donner un film d’exception, où le rire est désamorcé quand on s’y attend le moins par le retour à la tragique réalité, rendant par là même cette violence encore plus choquante. Malheureusement ce n’est pas le cas car l’aspect comédie est raté, les gags sont lourdement appuyés et prévisibles, les dialogues sont longs, plats et répétitifs, le doublage est à peine correct et on s’ennuie poliment en attendant de sourire un peu. Le personnage de Mario Adorf est tellement stupide qu’il est impossible de l’apprécier. Giuliano Gemma lui, joue son rôle « sympa » avec son aisance habituelle mais ça ne suffit pas. La relation entre les deux ne fonctionne pas, et il n’y a pas seulement un semblant d’indice qui explique pourquoi Gemma s’attache à un type aussi idiot. Les quelques bonnes idées de scénario (le faux télégraphe, l’attraction de la sirène (décidément cette fascination du western italien pour le cirque…)) ne parviennent pas à rattraper les multiples scènes navrantes (la séduction de la veuve, l’arnaque de la banque, le ranch délabré, le truc sur les lapins, le cracheur de feu) ! Le tout n’est au demeurant pas si mauvais et reste tout à fait regardable, mais après une aussi prometteuse introduction, ça énerve grave le spectateur de bonne composition qui commençait à être bercé par la musique de Morricone et par la mortalité ambiante. La fin rattrape un peu le tout, enfin l’amitié entre Giuliano Gemma et Mario Adorf commence à être crédible, enfin Giuliano Gemma montre ses failles, enfin l’humanité des personnages transparaît. Mais c’est trop tard, on a le sentiment que le film est parti dans la mauvaise direction, malgré un réalisateur de talent (La mort était au rendez-vous, Tepepa), malgré Giuliano Gemma, malgré Ennio Morricone, et en dépit d’un titre français magnifique et d’une intro flamboyante. Tant pis, c’est toujours ça de pris !

Où le voir : DVD studio Canal. Chez Studio Canal, ils ont vraiment bien pris le pli de chez Evidis. Le résumé de la jaquette n’a en effet rien à voir avec l’intrigue ! Encore un petit effort les gars : mettez aussi des photos d’illustration qui proviennent d’un autre film et vous arriverez enfin au niveau de qualité Evidis. Par contre il faudra baisser un peu le prix aussi, sinon, on joue plus !

lundi 25 août 2008

[HW] - The Dark Knight

On peut lire un peu partout que The Dark Knight c'est super!
Ce n'est pas faux.


mercredi 6 août 2008

L’Arrière-Train sifflera trois fois


L’Arrière-Train sifflera trois fois
1974
Jean-Marie Pallardy
Avec : Jean-Marie Pallardy, Willeke Van Ammelrooy

Alors que ce blog en était à son commencement (à l’époque, sur dvdrama), le forumeur L. me reprocha d’une part un manque de rigueur et de recherches sur mes écrits, et d’autre part, de mettre indirectement sur le même piédestal des films mythiques qui furent des succès commerciaux colossaux à l’époque et des mauvais films sur lesquels je n’aurais même pas du prendre la peine de m’attarder. Deux ans plus tard, je fais encore moins de recherches sur l’historicité des films que je commente, et je vous présente ici un western porno à quelques jours d’intervalle avec des films cultes comme Saludos Hombre et El Mercenario. Et finalement, quelque part, ça m’amuse profondément. Mais ce n’est pas juste pour la juxtaposition drolatique des films au sein de ce blog que j’ai voulu voir ce film.
Alors pourquoi ce film ? Pas non plus pour réitérer la blague potache de la fausse critique de Rocco et les Sex Mercenaires. Pas non plus parce qu’il constitue dans le cadre de ce blog un prétexte habile pour se mater un porno avec « une bonne raison » – comme si il fallait forcément mater un porno avec mauvaise conscience, et pas non plus pour booster la fréquentation du blog avec des titres très recherchés : après deux ans de blog, la course à l’audience est vraiment quelque chose qui m’indiffère, et d’ailleurs, la course avec qui ? (A noter à ce propos que j’ai été étonné – une fois de plus – par le nombre de personne qui détiennent ce vieux porno (qui aurait dû être oublié de tous) sur leur disque dur, comparé au nombre de personnes qui détiennent par exemple Le Grand Duel, un western a priori aussi oublié de tous mais que je pensais naïvement être plus recherché que ça. Internet reste et restera le média du sexe, c’est triste, mais n’importe quel porno « oublié » est plus recherché que les bons westerns de Lee Van Cleef).


La raison est que je suis tombé sur le blog de Clifford Brown et que j’ai lu l’interview du réalisateur Jean-Marie Pallardy. Celui-ci parle de ses films comme de vrais films, avec sérieux comme il était hypocritement courant à l’époque. Il prétend également être un fan de westerns et indique que son premier court métrage était un western. Sur ses deux westerns pornos, L’arrière train sifflera trois fois et Règlements de femmes à O.Q. Corral, il dit que le premier est une grivoiserie rabelaisienne et que le deuxième est beaucoup plus sérieux, beaucoup plus dur. Oubliant le premier, j’ai eu envie de voir le second, j’ai eu envie de vérifier si le réalisateur y avait mis du sien pour créer une véritable ambiance western un peu dramatique, avec peut-être de vraies idées de mise en scène et de scénario liées au contexte sexuel du film. J’ai donc émulé le film (le premier accent est de trop) et je suis tombé sur une version italienne intitulée Porno West de ce qui semble plutôt être L’arrière train sifflera trois fois. Notons que j’ai mis du temps à m’en rendre compte, et qu’en plus je n’en suis même pas sûr, le titre Porno West étant pourtant répertorié comme un titre alternatif de Règlements de femmes à OK Corral. Mais le thème général semble bien être celui du premier western de Pallardy. Tant pis, au fond, ça n’a pas grande importance.


Alors quand le film commence, on craint le pire : les cowboys en jeans avec ourlets retournés vers le haut qui jouent de la guitare au pied d’une vieille mine manquent totalement de crédibilité. Toute la suite est du même tonneau, certains décors sonnent faux, les chutes de cheval (mais oui, il y a de vraies scènes western !) manquent de professionnalisme, pourtant on sent bien que l’équipe a fait le maximum pour recréer une ville western du mieux qu’ils pouvaient : on a tout de même un saloon assez imposant, des rues qui ne sentent pas trop le village de Provence, une diligence et une utilisation assez correcte des décors du Sud de la France et de l’Italie (dixit Giré) et des références plus où moins nombreuses à l’ouest vu par la lorgnette de Lucky Luke.


Au rayon scènes de sexe, c’est du soft basique à peine plus osé que feu les téléfilms de M6. On ne voit pas grand-chose d’autre que les fesses du monsieur entre les jambes de la dame, et au moins à l’époque les femmes ressemblaient-elles encore à de vraies femmes (pas rasées, pas huilées etc) et les scènes de sexe pouvaient encore prétendre s’appeler scènes d’amour et non pas scène de domination macho-crado-sodo-humilio-piétino-pécho-violento-fisto-dégueulasse (ça veut dire quoi dégueulasse, ça veut dire ça). Au rayon un peu craspec quand même, on a le viol d’une femme de race blanche par trois indiens de race blanche aussi et totalement ridicules. Le fait que l’acte soit (mal) simulé achève l’ensemble !


Le coté rabelaisien du bidule se limite à tourner en ridicule des cowboys en mal de sexe et voyeurs qui deviennent dingues à chaque fois qu’ils voient une nana et se chamaillent en masse pour mieux mater les ébats en cours. Bref, ce n’est pas vraiment drôle, et invoquer Rabelais là-dessus n’achèvera pas Rabelais qui est déjà mort le pauvre mais couvrira le réalisateur de ridicule à coup sûr. Voilà donc, comme le dit Giré, une incontestable curiosité, sans autre intérêt qu’un regard historique (un porno des débuts par un gars qui clairement aurait préféré faire du western) et qui reste par son budget et sa modeste ambition nettement supérieur aux Ravageurs de l’Ouest, comme quoi, il ne faut douter de rien. Ah oui, et l’arrière-train siffle bien à la fin, signe que j’ai bien vu le mauvais film. Je pourrais me mettre en chasse pour trouver finalement le vrai Règlements de femmes à O.Q. Corral qui selon les dires de son auteur est plus proche d’un vrai western (avec des morts), mais ça attendra bien quelques années encore. D’ailleurs, ils sont censés sortir en DVD prochainement, mais pour ma part, j’attendrais au moins un coffret Blu-Ray Collector Ultimate. Il faut ce qu’il faut, si nous sommes exigeants pour ce film là, on aura peut-être un début d’effort des éditeurs pour nous sortir des westerns restaurés :-)

mardi 5 août 2008

La VF des Cruels

Il est sorti, il est tout neuf, le DVD Studio Canal des Cruels de Sergio Corbucci. Le film a toujours été inédit en France, de sorte que la VF de ce film est très récente. Et c’est curieux, parce que ça ne colle pas. Tout comme la VF récente des scènes coupées du Bon la brute et le truand ne colle pas. La façon de parler des années 2000 s’entend et détonne comme un coup de feu dans la sierra Nevada. Dans le cas du Bon la brute et le truand, ça peut se comprendre, on passe brutalement de la façon de parler des années 60 à la façon de parler des années 2000. La rupture de ton est criante et gênante. Mais dans le cas des Cruels, c’est plus problématique. Pourquoi cela nous choque-t-il alors que cela ne nous choque pas quand on entend la VF d’un western récent comme l’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou Open Range ? De même, les VF des westerns des années 90 (Tombstone, Wild Bill) ont leur timbre propre qui se reconnaît instantanément. Et ce n’est sûrement pas une histoire de doublage : évidemment même en VO, un western des années 60 ne « sonne » pas comme un western des années 90, et il est clair que la sonorité des années 50 ou 60 n’est pas plus proche historiquement de la façon de parler de la fin du XIXe siècle. Alors pourquoi bougre diable fichtre crotte sommes nous gênés d’entendre une VF récente sur ce film ? Avons-nous vu tant de films des années 60 que nous établissons inconsciemment un lien direct entre l'aspect de l’image et la sonorité des dialogues ? Notre cerveau est-il à ce point formaté ? Sans doute que non, car après quelques minutes d’accoutumance, les neurones ne font plus attention à la chose, d’autant que cette VF reste malgré tout de qualité, les acteurs de doublage ne parlent quand même pas comme ils parleraient dans la rue, et la traduction respecte assez bien le style des westerns de l’époque. Pas d’hésitation, donc, jetez vous sur ce bon petit Corbucci méconnu qui vaut le détour !

Adios Gringo



Adios Gringo
Giorgio Stegani
1965
Avec : Giuliano Gemma

Giuliano Gemma est dans les ennuis jusqu’au cou, comme dans Wanted, et comme dans Le Dollar Troué. Heureusement il est bon et rapide, comme dans Wanted, et comme dans Le Dollar Troué.

Giuliano Gemma n’est pas à proprement parler un très grand acteur. Il a une belle gueule d’ange et un sourire éclatant mais son jeu d’acteur n’a rien d’époustouflant malgré son immense notoriété et ses fans à travers le monde. Mais Gemma est également un athlète capable entre autre de sauter sur un cheval sans utiliser les étriers et de se remettre debout d’un coup de reins sans utiliser ses bras. Vous me direz que ça ne fait pas de lui un bon acteur, mais pour avoir essayé de faire le même truc sur ma pelouse cette après-midi, je peux vous assurer que ça demande un entraînement ad-hoc. Essayez un peu pour voir, faites des étirements préalables, échauffez vos muscles, allongez-vous sur une surface plutôt molle, lancez vos jambes en arrière et essayez de vous relever d’un coup sec. Après deux ou trois échecs, vous serez forcés de l’admettre : Giuliano Gemma est un grand acteur ! Dans Adios Gringo, il nous fait ça en plus les mains liées. Ça force l’admiration.
Vous êtes en train de vous dire que je n’ai pas grand-chose à raconter sur ce petit western pour enfants, et vous avez raison. Il est très similaire à Wanted et au Dollar Troué, mêmes intrigues à base de quiproquos, de héros pris au piège d’une machination, même suspense sans réel enjeu tant il est clair que le héros en ressortira vainqueur et blanchi. L’intrigue est bien menée, la mise en scène fluide, l’interprétation sans faille. On retombe en enfance et on se prend au jeu de la candeur de l’ensemble. C’est tout simple, si vous avez adoré Wanted et le Dollar troué, vous aimerez aussi Adios Gringo. Et en plus il y a comme toujours Nello Pazzafini, et une belle fusillade finale dans les rochers, alors…

Où le voir : acheter le DVD Studio Canal. VF only, pas de bonus, image non restaurée mais correcte et au format. Tout comme Seven 7 qui ne présente plus de version italienne, Studio Canal fait beaucoup moins bien que sur Le Grand Silence. Evidis avec sa politique de DVD à bas prix a malheureusement tiré la qualité vers le bas. Les éditeurs se contentent désormais de graver les masters sur un disque, de nous prévenir qu’on risque 300 000 euros d’amende si on télécharge, et basta, circulez, y’a rien d’autre à voir !