The Alamo
2004
John Lee Hancock
Avec: Dennis Quaid,
Billy Bob Thornton,
Jason Patric,
Patrick Wilson
John Lee Hancock
Avec: Dennis Quaid,
Billy Bob Thornton,
Jason Patric,
Patrick Wilson
L’histoire vous la connaissez, tout le Texas est occupé, tout ? Non, une poignée d’hommes menés par un trio de grandes gueules, planqués dans Fort Alamo, résiste encore à l’ignoble Santa Anna.
Il est des mythes qui vivent mieux dans la naphtaline des placards de l’enfance (mythes/mites/placard, vous avez saisi le jeu de mots les poteaux ?), le souvenir des combats grandioses à cinquante contre mille joués et rejoués à la récré, la résistance acharnée jusqu’au dernier souffle de tromblon dans un fort qui possède quatre façades fragilisées sur quatre. Mais John Lee Hancock a décidé de péter le mythe, et quand il pète le mythe Hancock, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ainsi nous apprenons que Jim Bowie (Jason Patric) a certes un grand couteau, mais qu’il n’a pas ce fameux fusil à canon multiple qui fait fureur dans les rangs des Mexicains dans le Alamo du Duke. En outre, en plus d’être porté sur l’alcool, il ne rend aucunement sa liberté à son esclave, et il passe les deux tiers du film au plumard rongé par la fièvre comme le ferait n’importe quel Doc Holliday en phase terminale. Le fringant Travis (Patrick Wilson) est un jeune freluquet qui certes devient un homme mais qui va au bordel, joue et abandonne femme et enfants à leur sort. Le plus gratiné reste Crockett (Billy Bob Thornton). Celui-ci n’enjambe pas les fleuves, ça on s’en serait douté même si on avait eu peu d’éducation, mais il faut voir une certaine peur poindre dans son regard quand il découvre la taille colossale de l’armée de Santa Anna, il faut le voir se faire sauver par Travis alors qu’il aurait pu y passer, il faut le voir exprimer son envie de prendre ses jambes à son cou, alors qu’il est enchaîné par une renommée qui l’étouffe. D’autant plus qu’il ne porte pas le béret en peau de castor, et quand il dégomme l’épaulette de Santa Anna à 3 km de distance, en fait c’est qu’il a raté son coup, il visait la tête. Quand Hancock casse du mythe, on peut même dire qu’il a la main un peu lourde au point de gâcher le plaisir du spectacle.
The Alamo est il pour autant un film réaliste qui dépeindrait le siège comme si on y était vraiment, demande le jeune curieux féru d’authenticité ? La réponse est bien sûr non, Hancock ne se prive pas de nous asséner certains poncifs hollywoodiens usés jusqu’à la corde : Bowie et Travis qui finissent par s’apprécier, Travis qui réussit par son courage à se faire respecter par ses hommes, Travis qui fait son discours plein de gros mots (liberté, démocratie, courage…), les échanges d’aphorismes creux entre deux scènes d’action, et la scène fédératrice hollywoodienne par excellence : Crockett qui joue du violon sur les remparts, déclenchant enthousiasme populaire chez les assiégés et respect chez les assiégeants. Bref, l’amateur ne s’y trompe pas, il est entré en terrain bien calibré sans un poil qui dépasse. Même les petites répliques anti-esclavagistes (les noirs qui creusent un puit), voire anti-américaines (« Santa Anna veut conquérir le Mexique, mais ceux là veulent conquérir le monde » dit un assiégé mexicain des Texans) sentent l’exercice obligé et convenu.
La bataille finale du fort vaut son pesant de cacahuètes, mais que voulez vous, rien n’y fait, Jason Patrick qui se fait embrocher n’est pas Richard Widmark, et John Wayne qui fait sauter le dépôt de munitions avant de mourir est dans une autre catégorie que Billy Bob Thornton qui hurle avant de se faire exécuter. Denis Quaid la star la plus bankable du film joue Sam Houston, qui ne prend pas part aux combats du fort, son rôle est donc finalement annexe au regard du film, même s’il reste sans doute le plus important historiquement.
Reste un film agréable qui souffre malheureusement de la comparaison nostalgique que l’on fait avec le film de John Wayne. Les acteurs sont tous bons, la reconstitution fourmille de détails, les vêtements, les armes, les objets sont variés comme aux plus riches heures du spagh, les couleurs chaudes abondent. La réalisation est honnête avec des flash backs, des ellipses parfois surprenantes, une intro un peu longue et cette volonté toujours forte de confronter la réalité au mythe tout en renforçant la légende. C’est plaisant, mais pas vraiment nécessaire…
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