dimanche 24 juin 2007

5 hommes armés


Un Esercito di Cinque Uomini
Italo Zingarelli
1968
Avec : Peter Graves, James Daly, Bud Spencer, Nino Castelnuovo, Tetsuro Tamba

Un mercenaire qui se fait appeler « Le Hollandais » (Peter Graves) sort quatre de ses anciens complices des trous pourris où ils officient afin de dévaliser un train rempli d’or. Il y a là un expert en explosif, un acrobate, un homme très costaud qui mange les burritos par douze (Bud Spencer) et un samouraï qui manie très bien le couteau. Et il faut au moins ça pour piller en toute délicatesse un train protégé par un canon et des mitrailleuses.

Les westerns nous enchantent souvent par le truchement de scènes insolites où d’éléments à priori « anachroniques » qui ne collent pas avec l’imagerie « western » inscrite dans l’imaginaire de tout un chacun. Cela va du vélo dans Butch Cassidy et le Kid à la voiture dans La Horde Sauvage en passant par les ornières d’engins de chantier dans les carrières à ciel ouvert des films de Demofilo Fidani. Cinq hommes armés ne fait pas exception à la règle, comme dans tout western Zapatta qui se respecte, des voitures apparaissent de ci de là, ainsi qu’un camion utilisé pour transporter l’or volé. Mais le western italien aime aussi souvent surprendre en inscrivant ses personnages dans des décors ou des situations inattendues dans le cadre du western. Cinq hommes armés débute sur Bud Spencer en train de nourrir des poules avant qu’il se fasse recruter pour le casse à venir. Le complice suivant est embauché alors qu’il est en train de jouer au poker avec des mineurs, la gueule pleine de suie, au pied des mines. Encore une fois c’est du détail, mais la même scène tournée dans un bête saloon aurait manqué de charme.
Le recrutement des quatre protagonistes ne traîne pas, on a là une bonne brochette de types à qui on ne la fait pas, le genre de mecs qui règlent leurs montres sur le détonateur d’une charge de dynamite, qui se faufilent doucement derrière un soldat assoupi, et font leur boulot sans état d’âmes sans oublier d’utiliser de façon optimale les capacités propres de chacun des membres de l’équipe. Vous l’aurez saisi, surtout si vous avez déjà lu le Giré ou autre, on est davantage dans le cadre de Mission : Impossible la série que Mission : Impossible le film. Ici, malgré un bon nombre de confrontations brutales et sanglantes, l’essentiel du boulot se fait à pas feutré, en douceur, pour escamoter un wagon d’un train tout en subtilité, sans éclat et sans bruit. La production ne manquant pas de moyens, le résultat est spectaculaire à souhait ! Même avec la plus mauvaise foi initiale, le spectateur finira bien lui aussi, avec les acteurs, par sauter d’un wagon à l’autre, escamoter un garde, le remettre d’aplomb pour faire croire qu’il est encore vivant et trouver une solution aux problèmes qui se posent en cours de route.

Car bien sûr, chacun des protagonistes merde à un moment où à un autre. L’artificier échappe l’un de ses petits bricolages destinés à étouffer le bruit des détonations. Qu’à cela ne tienne, Le Hollandais lui trouve une solution de rechange. Bud Spencer est malheureusement retardé dans sa besogne par un groupe de soldats, et se retrouve à monter un aiguillage de chemin de fers, en entier, from scratch en quelques minutes et à la force seule de ses bras. On pourrait nous suggérer la scène et nous épargner les détails, mais non, chaque élément est monté l’un après l’autre et c’est juste à temps que Spencer visse le dernier écrou. Mais le plus spectaculaire est la course effrénée du samouraï (Tetsuro Tamba) pour rattraper le train duquel il vient de tomber. Filmé de manière banale, la scène aurait juste montré l’homme courir comme un dératé, un peu comme Tom Cruise qui galope comme un lapin dans Minority Report, avec une tension qui monte de plus en plus au fur et à mesure qu’il s’approche du train. Pas de ça ici ! Notre samouraï commence d’abord par perdre deux secondes pour réfléchir, puis il s’élance, mais pas du tout en direction du train, il part en galopant sur sa gauche– un peu comme Tom Cruise dans La Firme - de sorte que l’on se dise « l’intelligent sabreur prend un raccourci ». C’est un peu ça mais en beaucoup plus compliqué, car il doit prendre en compte la topographie du terrain, de sorte qu’on n’est même plus sûr que c’est après le train qu’il courre, quand, au détour d’un plan on voit Peter Graves dans sa loco en train d’observer son samouraï cavaler comme un malade quelques kilomètres plus loin, en amont. Peine perdue, le samouraï se retrouve quand même derrière le train, et là on a finalement droit à la course effrénée avec son pote qui lui tend le bras pour le faire monter, et tout le suspense qui va avec.

Coté action, nous voilà donc servi, d’autant que ces petits morceaux de bravoures ne nous dispensent pas de scènes plus classiques à base d’évasion, de gradé mexicain sadique et de trucidage en règle de plusieurs dizaines de soldats mexicains qui ne sont d’ailleurs là que pour ça.
Rayon « sous-texte », caractérisation psychologique des personnages et critique de gauche de la politique extérieure américaine, c’est par contre un peu le désert. Il y a bien le petit discours de l’artificier sur la fin du romantisme et des « vrais » hommes, mais ça sent un peu le remplissage en comparaison avec La Horde Sauvage dont c’est le thème principal. La confrontation finale entre « Le Hollandais » et ses idéaux révolutionnaires - sa vengeance qui tombe comme un cheveu dans la soupe - et l’appât du gain de ses coéquipiers ne convainc pas vraiment. Mais tout cela est racheté par la magnifique musique d’Ennio Morricone, parfaitement mise en valeur lors d’une scène d’exécution publique où la foule nombreuse chante à l’unisson pour soutenir le condamné. On assiste aussi à un bel exode de toute la population d’un village. C’est très beau, et c’est pour cela aussi que Cinq hommes armés est un très bon film.
Le film est passé en 1987 environ sur une chaîne Hertzienne (mais oui…). Il a été rediffusé il y a quelque temps sur le satellite, merci au chasseur de prime du forum Western Movies qui m’a permis de le revoir…

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