dimanche 10 juin 2007

Rocco et les sex mercenaires



J’ai moins de dix-huit ans : je sors.
J’ai plus de dix-huit ans : je rentre, je sors, je rentre, je sors, je rentre, je sors…

Rocco ei magnifici 7
1997
Joe D’Amato
Avec Rocco Siffredi + quelques hardeuses
Résumé :Rocco : « Mon Dieu, pourquoi ne puis-je vivre comme n’importe quel être humain ? Pourquoi mon destin est-il de ne devoir cesser de me battre ? »
Johnny (cameo en souvenir du Spécialiste) : « Ah queue, je t’aime ! »

30 figurantes, 9 hardeuses, 22 litres de lubrifiant, 14 kg de lingettes hypoallergéniques, 8 litres de sperme, 42 implants de silicone, 27 boites de Viagra, 788 litres de vodka, Rocco et les Sex Mercenaires est bien une de ces super productions que le petit monde du X se complait à tourner de temps en temps. Et cette débandade de moyens n’est engagée que dans un seul but : rendre hommage aux pionniers de l’ouest sauvage.
Ce qui frappe avant tout dans Rocco et les Sex Mercenaires, c’est la crédibilité et l’authenticité de l’entreprise. Joe D’Amato a déjà réalisé quelques vrais westerns italiens dans les années 70, et il se souvient que tous les petits détails ont leur importance. L’exemple le plus flagrant en est que, pour une fois, les actrices ne sont pas rasées de près dans Rocco et les Sex Mercenaires et elles ont même du poil sous les bras dans un souci incroyable d’exactitude historique. Intention courageuse de la part du réalisateur, puisque les poils sous les bras induisent immédiatement une interdiction aux moins de 78 ans aux Etats-Unis, amenant immanquablement l’échec financier du film outre-Atlantique et outre-Manche ainsi que la mise sur liste noire de toutes les actrices incriminées. Dont acte ! Même James Cameron n'a pas osé pour Titanic. Autre détail savoureux : les scènes de sexe qui durent trois quarts d’heure obéissent également à la plus stricte réalité historique. Dans l’Ouest américain du XIXe siècle il y avait environ une femme tous les vingt kilomètres et une femme pour vingt hommes. Aussi D’Amato s’est logiquement dit que quand un homme avait la chance de rencontrer une femme qui n’avait pas peur de la sueur poussiéreuse au point de coucher avec lui, il faisait durer le truc le plus longtemps possible, parce qu’il savait qu’il n’était peut-être pas près de remettre ça ! Vous me direz que cette révélation vous laisse dubitatifs, mais les statistiques de l’époque sur la question étant rare, nous devons au moins accorder le bénéfice du doute au réalisateur. Ça se tient !

Outre les petits détails d’ordre historique, D’Amato prend plaisir a rendre hommage au genre par lequel il a débuté son effarante carrière : le western spaghetti ; ainsi qu’au cinéma italien dans son ensemble. Filmé en Techniscope, le réalisateur a compris la leçon du maître Leone et use et abuse du gros plan en serrant de particulièrement près l’anatomie des divers protagonistes au point qu’on ne sache plus qui est qui et qui enfourne quoi ! Les ralentis à outrance pendant les scènes d’action ont pour effet de proprement dilater la durée effective du métrage, hommage délicat de nouveau au maestro du western transalpin. Rocco et les Sex Mercenaires n’oublie pas non plus l’ensemble du cinéma des années 60 et 70 par son usage intégral de la post-synchronisation. Les « ouuh » et les « haaa » et les « prends moi par derrière, y’a du monde devant » des personnages sont en effets doublés par les acteurs eux-mêmes, ou par d’autres acteurs dans la langue même d’origine du film, dont le caractère international achève de l’inscrire définitivement dans la lignée de tout un pan du cinéma bis italien, dont Joe D’Amato est par ailleurs une des figures de proue. Ultime audace nostalgique : l’apparition brève mais convaincante de Charles Bronson qui revient bander son arc comme il le faisait dans La Bataille de San Sebastian.

Mais, comme le titre l’indique assez clairement, Rocco et les Sex mercenaires n’oublie pas le western américain. Si la trame de l’histoire reprend, a postérieuri l’intrigue globale des Sept Mercenaires, tous les procédés narratifs et techniques intrinsèques cinématographiques sont hérités de John Ford lui-même ! Il suffit de lister tous les ingrédients, prenez un crayon et un papier ! La caméra entre les pattes des femmes : check ! L’opposition entre intérieur/extérieur, où l’intérieur représente la sécurité et la suavité et où l’extérieur représente le danger de l’éjaculation précoce : check ! La femme comme pivot central (mais ici au sens littéral) de l’intrigue : check ! Les paysages comme personnage à part (collines, vallées, dômes, pics) : check ! Et si cela ne suffit pas à vous convaincre, comparez la scène ou John Wayne tient son bras en hommage à Harry Carrey dans La Prisonnière du Désert à la façon dont Rocco Siffredi tient son membre avant le shoot up final, comparez le va et vient de Henry Fonda sur sa chaise dans La Poursuite infernale au va et vient de Rocco Siffredi sur sa partenaire, et vous verrez qu’il n’y a pas ambiguïté en la matière.

Bien plus qu’un simple film X, Roco et les Sex Mercenaires est donc un vibrant hommage au western et aux hommes et aux femmes du vieil Ouest. Si Rocco et les Sex Mercenaires vous a plu, ne manquez pas du même réalisateur Rocco et la Horde Sauvage qui voit la star affronter 150 prostituées qui brillent comme un miroir de bordel, et Il était une fois la Fornication qui oppose un Don Juan intellectuel à un paysan qui a 12 enfants en pleine révolution sexuelle !

NB: Bien sûr, tout ce qui est décrit dans les lignes précédentes est rigoureusement authentique ;-)

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