dimanche 3 juin 2007

Rivière sans retour


Magnifique western avec des stars et des montagnes.

River of no Return
Otto Preminger
1954
Avec Robert Mitchum, Marilyn Monroe

Robert Mitchum et Marylin sont dans un bateau. Marilyn tombe à l’eau…

Pour autant que je sache, il s’agit de l’unique western d’Otto Preminger. Ce réalisateur, en plus d’avoir un prénom en palindrome, a réussi quelques œuvres phares, comme Saint Joan, film sur Jeanne d’Arc avec Jean Seberg, ou l’excellent Homme au bras d’or, avec un Sinatra extraordinaire, en camé en plein sevrage. Dans Rivière sans retour, il est manifeste que le réalisateur se soit laissé allé à une trop grande contemplation de la nature canadienne, ainsi qu’à une observation particulièrement fine du déhanché de son interprète féminine. Le film en souffre un petit peu à mon goût. Car paysages il y a. Tournés dans les rocheuses canadiennes, on ne peut qu’être estomaqués par «the beautiful scenery», et c’est un crève cœur de regarder ce film sur une VHS (heureusement non recadrée). J’envie quelque peu tous les ancêtres qui ont eu la chance de découvrir tous ces westerns de l’âge d’or sur grand écran. Bien sûr, des paysages, ce n’est pas assez pour justifier la réputation du film. Alors il y a Marilyn. Marilyn chante, Marilyn met un jean moulant taillé sur mesure et Marilyn assure dans les rapides avec Mitchum, complètement inutile, accroché au gouvernail. Bien sûr Marilyn tombe à l’eau, de manière à assurer la scène délicieusement érotique que tout film avec Marilyn doit comporter. Nue sous une couverture, Mitchum est contraint de la frictionner énergiquement. La pneumonie ainsi évitée, il faut reconnaître que Marilyn joue ici un rôle plus mûr, plus adulte que la cruche de Sept ans de réflexion ou la femme-enfant des Désaxés. Avec sa répartie, son amour et son regard humain sur les hommes, Marilyn est la femme par laquelle la civilisation arrive. Cessez de vous battre pour l’or, cessez de toujours chercher la vengeance, et mettez votre testostérone en veilleuse. C’est ça que veut nous dire Marilyn quand elle roule des hanches en pleine nature.De son coté, Mitchum interprète l’homme, le vrai. Celui qui sait ce qu’il faut faire, celui qui dégomme les indiens à la winchester, celui qui choppe la bouffe au lasso. Mais, ce qui le rend attachant, c’est aussi sa faiblesse et son passé de prisonnier. Dans les rapides, je l’ai déjà dis, il ne sert à rien. Face au couguar, il doit son salut à un sous rebut de l’espèce humaine, du type que l’on rencontre dans Délivrance auquel on pense immanquablement devant la sauvagerie des hommes. Enfin, lors de l’affrontement final, Mitchum doit la vie à son fils, qui rejoue la scène qui a jadis conduit son père en prison. A ce moment, à la seconde où Mitchum voit qu’il va mourir, il est profondément humain. Quelle classe ce Mitchum !La petite tête blonde est attachante également, Marilyn le sent bien, elle qui courrait après l’argent, les robes, la civilisation et l’opéra, elle se rend compte que la vraie vie, c’est peut-être la vie simple avec une famille qu’on aime (bouhouhouu que c’est beau !). Au début, elle chante « Love is a one silver dollar », à la fin elle préfère « Love is a traveller on the river of no return ». Bouhouhouu, snif. Pour ma part, j’aurais aimé que le film s’arrête là, avec Marilyn revenue comme au point de départ, dans son saloon. Mais non, Mitchum la récupère un peu brutalement, et elle jette ses escarpins dans la boue. Yes ! Après tout, ne boudons pas les happy-ends, c’est devenu un peu notre tort, à nous les frenchies, de toujours croire qu’une fin noire et désespérée est gage de bon film et d’attitude auteurisante.
Un western à la réputation un poil surfaite, mais un très bon moment néanmoins. Notons qu’en ces temps reculés, les indiens n’étaient pas encore considérés comme des êtres humains politiquement corrects, mais comme une menace qu’il valait mieux éviter ou réduire à néant à la winchester. La winchester, ou la perte de la winchester, est un élément central du film et de la tension du voyage. Ainsi je pense qu’il y a deux types de bons westerns : ceux où les armes sont rares, et leur présence en est d’autant plus forte, et ceux où elles sont disponibles à profusion, et ça canarde partout !

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