dimanche 10 juin 2007

Le shérif



The proud ones
Robert D. Webb
1956Avec: Robert Ryan, Virginia Mayo, Jeffrey Hunter, Walter Brennan

Le sheriff est seul face à l’adversité! Seul ? Non, il y a bien sûr le petit vieux (= la sagesse) et le jeune excité (= le dynamisme) pour l’épauler. Et comme toujours, la belle nana (= l'amour) pour le distraire.

Le Shérif est un film qui représente tout simplement la perfection du western hollywoodien, et il n'y a pas grand chose de plus à en dire. Le titre français, déjà, simple, direct, sans circonvolution poétique, le titre anglais, puissant, direct, mâle dans l’âme! Robert Ryan, que les moins western-maniaques d’entre vous auront peut-être vu, en plus vieux, dans La Horde Sauvage, incarne un shérif qui devient peu à peu aveugle. Tel Benoît Brisefer qui choppe toujours un rhume au mauvais moment, notre Shérif a évidemment la vue qui se brouille au moment exact où un gars d’en face essaye de le descendre. Il fait face à la corruption d’un tenancier de saloon - genre version des années 50 de Al Swearengen de la série Deadwood - son ancien ennemi, qui engage quelques trognes patibulaires pour éliminer ces génants représentants de la loi qui mettent trop d'ardeur à faire respecter l'ordre (comment ça le croupier n'a pas le droit de tricher?).
Inutile de préciser que Robert Ryan n’est pas un foie jaune comme le shérif que vous verrez déguerpir au début de L’homme aux colts d’or, c’est là un homme, un vrai qui sent la sueur! Comme d’habitude, la nana dont il est amoureux (Virginia Mayo) essaie de lui éviter les emmerdes alors que lui ne demande qu’à s’y jeter tête la première. Comme on peut s’y attendre, un de ses adjoints préfère démissionner plutôt que de devenir un père de famille mort ! Mais Walter Brennan est là, le cul sur sa chaise pendant tout le film, les yeux sur son journal mais les mains jamais loin du flingue, pour assurer la bonne tenue de la prison. Et puis Jeffrey Hunter en petit mâle bouillonnant aimerait bien abattre le shérif pour une sombre histoire de vengeance, mais on devine bien que c’est un bon petit gars honnête. Les dialogues sont savoureux, les gentils ne sont pas ambigus, les méchants non plus, le manichéisme est imprimé dans la poussière de la ville dont les habitants sont bien sûr des pleutres.
C’est simple, c’est sans embûche, la violence éclate à intervalles réguliers, et on regrette juste que Walter Brennan ne vive pas assez longtemps pour participer un peu plus à l’action. Vous pourriez crier au plagiat de Rio Bravo ou El Dorado du grand Hawks que vous auriez faux : Le Shérif a été tourné trois ans avant Rio Bravo et n’est qu’un brouillon du chef d’œuvre de Hawks. Mais ce n’est pas le chef d’œuvre que l’on recherche en regardant Le shérif, c’est le bon petit western du dimanche soir, la musique simple et reconnaissable du film oublié de tous, les gueules des acteurs que l’on apprécie, l’intrigue limpide comme un album de Tintin et Milou, et le petit plus marrant, comme lorsque Ryan se met en colère contre la hausse des prix en traitant les commerçants de voleurs. Un film toujours d’actualité ? Je viens encore de le vérifier chez mon boucher ce matin!
Oubliez vos soucis, oubliez le monde moderne, oubliez Sarkozy, oubliez la mondialisation, oubliez le formaldéhyde qui détruit votre santé à l'intérieur même de vos maisons cossues, regardez Le Shérif, vous ne le regretterez pas!

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