dimanche 17 juin 2007

La charge héroïque


Planquez vous, critique courte !


She wore a yellow ribbon
John Ford
1949
Avec : John Wayne, Joanne Dru, John Agar, Ben Johnson, Harry Carrey Jr.


John Wayne parle à sa femme morte avec Monument Valley, flamboyante, en arrière plan. John Wayne est le valeureux Capitaine Nathan Brittles, à l’aube de la retraite. Il aime évoquer avec émotions des soldats courageux tombés sous les ordres de Custer à Little Big Horn. Ses hommes l’aiment et il aime ses hommes. Ses hommes lui offrent une belle montre pour son départ en retraite, et le Duke pleure. Pour sa dernière mission, le Capitaine évite la bagarre avec les indiens, car il a deux femmes à protéger, dont une qu’il apprécie beaucoup, mais il laisse les gamineries de l’amour aux plus jeunes. Le clairon sonne le rappel, John Wayne s’en va seul, au soleil couchant. Il est devenu un simple civil, et tout le monde pleure. Mais à la dernière minute, un jeune trooper revient le chercher, on a encore besoin des services du vieux briscard. Il rentre au fort, tout le monde pleure, de joie cette fois, mais le Capitaine est déjà sur la tombe de sa femme, pour un dernier hommage.



J’ai beau être un anti-militariste convaincu, j’ai toujours aimé ce film, malgré sa dégoulinante vénération du corps militaire triomphant. Et pourquoi pas ? Une armée propre et sans tâche. Un Capitaine juste, simple, prudent. Une guerre contre les indiens où l’on préfère éviter la confrontation. De l’humour dans la personne du sergent irlandais, bourru et alcoolique comme si ces trois termes étaient forcément des synonymes. Une chanson de mecs qui en veulent, mais qui au fond ne pensent qu’aux nanas. Un John Wayne vieilli exprès, qui a besoin de lunettes pour lire, et qui porte le film entier sur ses épaules. Comme souvent chez Ford, l’action est quasiment aux abonnées absentes (pas plus de trois morts, et encore ce sont des trafiquants d’armes), mais c’est pour mieux décrire avec humour la vie d’un Fort perdu au milieu de nulle part où les processus administratifs tatillons sont malgré tout omniprésents (on y voit le Duke porter réclamation par écrit). Les uniformes sont beaux et bleus, tout au long de la mission ils restent beaux et bleus, ce n’est pas du Peckinpah morbleu. Les Indiens loin d’être folkloriques semblent avoir été représentés avec une minutie documentaire et une ambiguïté qui fait la part belle à leurs conflits internes (jeunes belliqueux contre vieux sages). Nous sommes donc dans une vision des guerres indiennes assez simplistes où les responsables du conflit sont les trafiquants d’armes du coté visages pâles, et les jeunes cons bravaches du coté peau rouge. Ce film valorise l’esprit de corps, l’amitié virile, la bonne humeur du groupe avec une telle sincérité dans le propos qu’on voudrait y croire. Les phrases viriles, répétées avec humour tout au long de l’intrigue, du type « Ne vous excusez pas, c’est un signe de faiblesse » contribuent à l’ambiance simple, mais droite dans ses bottes, honnête, courageuse, brave et solide. Un film à ne pas vraiment prendre comme un authentique témoignage de la vie militaire dans les postes reculés de l’Ouest, mais plutôt comme une idéalisation de ces Tuniques Bleues qui contribuèrent à la construction des Etats-Unis. On n’y croit pas une seconde, mais on se laisse porter par la chaleur humaine de l’œuvre. Un western à voir à la suite de Major Dundee pour brosser un tableau bipartite ambivalent de l’armée américaine du XIXe siècle.


Pour lire une critique dithyrambique sur ce film: http://www.dvdclassik.com/Critiques/dvd_chargeheroique_collector.htm, c'est là que j'ai piqué les photos.


Bonus: les paroles de la chanson.
Around her neck she wore a yellow ribbon
She wore it in the springtime
And in the month of May
And if you ask me why the heck she wore it
She wore it for her soldier who was far far away
Far away, far away
She wore it for her soldier
Who was far, far away
Around the block she pushed a baby carriage
She pushed it in the springtime
And in the month of May
And if you ask me why the heck she pushed it
She pushed it for her soldier who was far far away
Far away, far away
She pushed it for her soldier
Who was far, far away
Behind the door her daddy kept a shotgun
He kept it in the springtime
And in the month of May
And if you ask me why the heck he kept it
He kept it for her soldier who was far far away
Far away, far away
He kept it for her soldier
Who was far, far away

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