dimanche 3 juin 2007

Aujourd’hui ma peau, demain la tienne



Loin de Keoma, Castellari (Enzo Girolami) prouve qu’il sait tout faire !
Enzo G.Castellari
1968
Avec Antonio Sabato (aux dents blanches), Frank Wolff (aux favoris impeccables), John Saxon (à la moustache bien peinte)

Un faux pasteur met une bombe dans une diligence pour récupérer 400000 dollars qui sont à l’intérieur, mais celle-ci se fait dévaliser avant que la bombe saute, du coup elle est à deux doigts de sauter dans les mains du voleur de poule qui a braqué la diligence (de façon rigolote). Le pasteur (Frank Wolff) le retrouve et passe sa hargne sur le malheureux voleur de poule (Antonio Sabato), mais finalement, ils s’associent pour voler les 400000 dollars dans la banque. Le coup réussit, mais bing, un tricheur professionnel (John Saxon) s’invite dans la partie. Le voleur de poule s’enfuit avec l’argent et les deux autres se mettent à sa poursuite. Ils le retrouvent, mais celui-ci a caché l’argent dans un coussin plaqué sur le ventre de sa fiancée, que tout le monde croît donc enceinte. Quelques quiproquos plus tard, l’argent est a nouveau transféré dans une valise, qui ressemble comme une goutte d’eau à celle d’un couple de petits bourgeois tranquilles. L’oncle du voleur de poules (Leo Anchoriz) et sa bande sont dorénavant également de la chasse et se payent une jolie petite bagarre dans une boulangerie. Le sac est récupéré par l’armée, mais le faux pasteur devient un faux général, et va tenter à nouveau de le récupérer.
Si le résumé ci-dessus vous a un peu perdu, c’est normal, l’action est riche dans ce film d’Enzo G Castellari, et il n’y a pas de temps mort. Comme le dit Aziza, Castellari n’a aucun génie, mais il a du talent, ce qui fait que l’ensemble du film se suit avec clarté et compréhension - contrairement à mon petit résumé. A la manière d’un Ferdinando Baldi qui réussit à être un honnête réalisateur dans plusieurs styles de westerns différents, Castellari montre ici que le western « sérieux » (Keoma, Django porte sa croix) n’est pas la seule corde à son arc. Aujourd’hui ma peau, demain la tienne n’est en effet pas le western noir et taciturne que le titre français voudrait vendre. Le film est plutôt une sorte de pré-Sabata, un western comique, mais pas parodique. Les armes farfelues abondent: une pistolet double, une montre lasso, une bible infernale, c’est presque du James Bond. Les protagonistes ne sautent pas d’un toit à l’autre, ils effectuent un triple loots à chaque fois. Au lieu de se balancer des gnons comme tout un chacun, ils virevoltent comme des danseurs de capoeira, et au lieu de s’entretuer bien salement, ils font sauter l’arme du poing de leur adversaire, puis ils se démolissent la face, mais sans trop se faire mal, les dents restent blanches! Enfin, la mort est bien au rendez vous malgré tout, mais elle n’a aucune importance, l’assassinat n’est qu’un jeu sans enjeu. A peine si le bandido s’inquiète de savoir combien il a perdu d’hommes, mais c’est pour se réjouir parce que ça fera de plus grosses parts pour chacun. Vous l’avez compris, Aujourd’hui ma peau, demain la tienne est un bon petit western sans prétention qui est là pour vous faire passer agréablement le temps, une sorte de chaînon manquant entre Le Grand Silence et On l’appelle Trinita. On retrouve Frank Wolff avec plaisir, pas le Frank Wolff sérieux et vite tué de Il était une fois dans l’Ouest, mais le Frank Wolff fantaisiste du Grand Silence. On s'identifie facilement au trio de fils de pute qui passent leur temps à se faire des sales coups, à se faire des grands sourires hypocrites à chaque fois qu’ils se retrouvent sans que ni l’un ni l’autre ne soit dupe. C’est sympa, c’est amoral, et c’est beaucoup moins long que Le plus grand cabaret du monde de Sébastien. La réalisation est correcte, car Castellari est un honnête faiseur, un artisan consciencieux qui fait bien son boulot, qu’on lui demande de faire un western marrant ou un film de requins
(La mort au large) . La musique est loin des habitudes Moriconiennes, on est plutôt dans le registre du cirque, et si ça surprend au début, on finit par s’y attacher tant elle correspond parfaitement à la bonne humeur du film. En un mot comme en cent, si vous avez aimé Sabata vous aimerez Aujourd’hui ma peau, demain la tienne. Et vive le western italien !

Ou le voir ? Surveillez la chaîne Action les poteaux, il y a parfois des pépites ! J’ai pas réussi à faire de capture de mon DVD-R, alors je vous ai mis une pauvre jaquette de VHS où les gueules sont même pas les bonnes...

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