mercredi 6 juin 2007

Les 4 de l'ave maria


Un italien de bonne tenue, assez réjouissant pour les amateurs !

I Quattro dell’Ave Maria
1968
Giuseppe Colizzi
Avec Terence Hill, Bud Spencer, Eli Wallach, Brock Peters

Hutch Bessy (Bud Spencer) et Cat Stevens (Terence Hill) récupèrent une belle somme en or d’un banquier pas net (comme tous les banquiers). Mais c’est pour se la faire piquer immédiatement par le grec Cacopoulos (Eli Wallach) ce qui a pour effet d’énerver Bud Spencer et de laisser de marbre Terence Hill. Nos deux compères se mettent à la poursuite de Cacopoulos.

Bud Spencer est déjà gros, mais si vous lui mettez une épaisse peau de chèvre sur le dos, vous obtenez un mammouth sibérien qui semble tout sauf à l’aise sur un cheval menu. Terence Hill, bien qu’il semble avoir été ici doublé par Barry White, commence déjà à prendre certaines poses qui préfigurent son personnage de Trinita : endormi sur son cheval, le chapeau presque à la verticale, il dessine déjà une cool attitude de bon aloi encore parasitée par les vieux tics ténébreux à la Clint Eastwood. Eli Walach lui, continue à faire du Tuco, et c’est pour ça qu’on l’aime, les yeux pétillants et le sourire en coin avant son petit mouvement de tête en biais, le pistolet retenu par une simple corde, les doigts égrenant son komboloi avant de réciter les maximes de son grand père. Le quatrième de l’Ave Maria est un peu plus effacé, c’est Broke Peters, qui dilate ses narines quand on le traite de negro, et dont les dons de funambule permettent au quatuor de s’introduire dans un casino.
Voici donc Les 4 de l’Ave Maria, pour le deuxième western de Giuseppe Colizzi, après Dieu pardonne…moi pas et avant La Colline des Bottes. Les 4 de l’Ave Maria est un curieux mélange, entre parodie comique et film sérieux, parfois presque expérimental. La donne comique est assurée par Bud Spencer qui mord littéralement la poussière quand on lui vole son or, qui se plaint de la mauvaise qualité de son nouveau costume tout déchiré alors qu’il vient de se battre avec quatre ou cinq types et qui ponctue les échanges verbaux d’ordres impératifs indiscutables (« il veut de la musique ! »). Eli Wallach assure aussi de nombreux sourires avec sa roublardise et les maximes de son grand-père. Les 4 de l’Ave Maria est un film bon enfant où l’on ne craint jamais vraiment pour la survie de nos héros, il s’agit d’un film d’aventures destiné à enchanter petits et gros ! Bud Spencer et Eli Wallach savent aussi émouvoir, en particulier el senor Cacopoulos lorsqu’il raconte sa vie pour endormir ses géoliers, ou comme le fait remarquer Giré dans Il était une fois le western Européen quand il se fait rabaisser par celui qu’il croyait autrefois son ami. Bud Spencer lorsqu’il se bat contre un mastodonte de foire, parvient à créer une scène d’une belle intensité qui dépasse les bagarres habituelles de western : chacun des deux participants doit frapper son adversaire tour à tour, en encaissant les coups : on lit la peine et la douleur dans les yeux des deux combattants, puis, petit à petit, la défaite dans ceux du grand colosse noir. Une scène marquante lorsque j’ai vu ce film jadis, et que j’ai pris plaisir à redécouvrir aujourd’hui.
Si Terence Hill et Brock Peters offrent des compositions assez effacées en dehors de leurs capacités athlétiques (pour une fois, Bud Spencer est plus présent que Terence Hill, car celui-ci ne sait pas encore utiliser la grâce de son visage d’ange), le scénario riche en idées originales (pour un western spaghetti s’entend) donne un cachet « qualité supérieure » à cette production. Hutch et Cat suivent le grec à la trace, car celui-ci dilapide leur argent en dons faramineux aux pauvres gens. La dernière partie dans le casino, tend vers le film de « casse » où le but est de détourner une combine de l’établissement pour faire sauter la banque (au figuré pour une fois…). Les rebondissements apparaissent parfois montés sans grande cohérence, mais l’ensemble de l’intrigue reste toutefois limpide et agréable. Dans un domaine plus anecdotique, il faut noter aussi nombre de petites scènes «pittoresques» ou incongrues qui ne manquent pas de charme : une partie de billard à cheval, des cubes colorés en plein désert – des ruches ? – un certain attrait pour le monde du cirque, Eli Wallach en train de faire la plonge, des dizaines de bébés dans des berceaux suspendus; sans oublier l’attention portée aux détails vestimentaires, ornementaux et décoratifs. Pendant qu’on est dans les anecdotes, on remarque aussi, pendant la partie « zapatta » du film, une scène reprise plus tard dans Il était une fois la Révolution : les révolutionnaires vainqueurs utilisent les mêmes principes de justice expéditive que les anciens tyrans pour fusiller rapidement le plus grand nombre d’opposants. Terence Hill affiche par ailleurs la même moue désapprobatrice que Coburn au cours de cette scène.
La réalisation, bien qu’assez banale, s’étoffe dans la dernière partie pour aller vers un crescendo grandiose dans le duel final, où la symbiose entre musique, mouvements des acteurs et idées de mise en scène (la roulette qui tourne, les clients huppés allongés sur le sol) signe une séquence que tout amateur de western à l’italienne affectionne et voudrait voir plus souvent. Dommage là encore, que tout le reste du film ne soit pas de ce niveau. On se complait à nouveau, comme dans beaucoup de productions italiennes, à rêver à ce qu’aurait pu être ce film avec une vision encore plus flamboyante et précise. C’est en quelque sort le mauvais sort réservé à tous les bouffeurs de spaghetti, on aime beaucoup, mais on n'est jamais vraiment rassasié!

2 commentaires:

  1. Ah ! Là, ça marche mieux. je vais donc changer mes liens sur Inisfree. Dommage pour les échanges très intéressants que vous aviez eu en commentaire. C'est vraiment vrai cette histoire de ruches ?

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  2. Je n'en sais rien, pour moi, ce sont des ruches. par contre tout le délire de Breccio sur les ruches dans Il était une fois dans l'Ouest est bien sûr faux!

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